Le parquet du tribunal antiterroriste près la cour d'appel de Salé a intrigué jeudi dernier à la reprise du procès des neuf prévenus dans l'attentat d'Argana. Après un réquisitoire habilement conduit et aussi précis qu'un travail d'horloger, le procureur a simplement demandé l'application du maximum des peines prévues par la loi. Du coup, ce flou artistique a plongé dans la perplexité l'assistance qui n'avait trouvé place dans la salle qu'à g rand peine. Il a donc fallu faire acte d'exégète pour comprendre ce que le procureur voulait entendre par peine maximale. Des avocats des parties civiles ont dû expliquer à leurs clients que dans l'esprit du parquet qui avait pris auparavant soin de rappeler que la loi marocaine prévoit la peine capitale pour les actes de terrorisme ou leur financement, les réquisitions de Khalid Kerdoudi équivalent en fait à une demande de peine capitale pour l'un des prévenus au moins : Adil Athmani , l'artificier qui a fait exploser la bombe du café de Jamaa El Fna. Les choses sont moins nettes en ce qui concerne son complice Bittar, le complice de ces randonnées dans les confins sahéliens et, dit-on, son gourou en Salafiya Jihadya. Pour les 7 autres dont certains ont cru n'être convaincus que de non- dénonciation d'actes terroristes, l'affaire est tout aussi compliquée , car selon le réquisitoire du procureur leur appartenance à la Salafiya Jihadya ayant été prouvé, le crime de constitution de bande criminelle est avéré. Il se peut donc que l'appel du parquet en ce qui les concerne ait été entendu par les juges comme une invite à condamner lourdement. La thèse la plus communément admise est la réclusion pour les familiers d'Athmani et des peines d'emprisonnement pour ses complices de rencontre. Mais tout cela dépend évidemment des délibérations de la cour. Encore que pour certains avocats de la défense- celle des accusés comme celle des parties civiles-, il est difficilement concevable qu'elle suive le parquet. Mais, s'est empressé d'ajouter, un de ces hommes de loi : «on ne sait jamais à quoi s'en tenir à ce sujet». Alors tout le monde attend le jugement pour être fixé sur le sort du poseur de bombes. Il devrait intervenir jeudi prochain. Au sortir de l'audience de ce jeudi, les parents des victimes étrangères ont été échaudés par la menace de mort qu'a fait planer le parquet sur deux des accusés. Ils ont dit à leurs avocats qui leur expliquaient les subtilités de la procédure ce qu'ils n'avaient jamais cessé de réclamer : la justice et non pas la vengeance. «Nous sommes profondément hostiles à la peine de mort, ont–ils de nouveau affirmé. Elle n'arrange rien. Au contraire».