Les futures élections du 8 Septembre 2021 s'avèrent exceptionnelles à plus d'un égard. Elles se déroulent, d'une part, dans un contexte de pandémie mettant l'accent sur l'importance de relever le défit de leur réussite. Et se caractérisent, d'autre part, par un fait peu commode, puisqu'elles concernent la constitution de la Chambre des représentants, des Conseils régionaux et des Conseils communaux et d'arrondissements. Des facteurs qui en font donc une date cruciale pour la construction démocratique nationale. Il est admis que la réussite d'une échéance électorale tient à une multitude d'éléments dont l'attractivité des mandats électifs constitue unaspect central. Cette dernière permet de rendre compte des rôles que doivent jouer les partis politiques pour assurer l'encadrement des citoyens comme elle renseigne de l'importance de la participation citoyenne, notamment dans sa variante candidature. Les statistiques rendues publiques par le ministère de l'intérieur à propos des candidatures déposées pour les élections de la Chambre des représentants, Conseils des communes et arrondissements ainsi que Conseils régionaux permettent d'évaluer l'offre politique proposée, l'objectif de renouvellement des élites politiques, l'importance des dynamiques régionales déjà en cours ou encore l'engagement pour la parité politique. Une offre politique très large pour une compétition démocratique affirmée Ici la question de l'offre politique n'est mesurée qu'en tenant en compte l'effectif des candidatures présentées pour les élections du 8 Septembre. Elle constitue pourtant un élément indispensable pour une compétition démocratique effective et transparente. Il suffit d'analyser les candidatures pour les élections de la Chambre des représentants pour se rendre de la nature large de l'offre politique proposée aux citoyens.17 candidats par siège à pourvoir fait état d'une offre politique très étendue. Le nombre des candidats à la Chambre des représentants a pu ainsi atteindre 6.815, partagés entre 1.704 listes candidates dans le cadre des circonscriptions locales et circonscriptions régionales. L'appréciation du cas des circonscriptions locales est intéressante puisque l'évolution par rapport aux élections législatives de 2016 est nette (5.046 candidats en 2021 dans le cadre de 1.472 listes candidates contre 4.742 pour les élections de 2016). Pour les circonscriptions régionales, l'offre politique semble plus ample tant que le chiffre de 1.769 candidats laisse observer un rapport de 20 candidatures par siège à pourvoir. Sous une telle dynamique, 4 formations politiques ont assuré la couverture de l'ensemble des circonscriptions (92 listes avec 305 candidats par parti pour les circonscriptions locales et 12 listes avec 90 candidats par partis pour les circonscriptions régionales). L'élargissement du champ de l'offre politique est un gage pour une plus grande participation comme il constitue la manifestation d'une dynamique politique et un intérêt grandissant pour l'engagement politique et citoyen. La tendance est dominante, par ailleurs, pour les élections locales et régionales. C'est ainsi que le nombre des candidatures pour les élections des Conseils des communes et arrondissements a pu atteindre 157.569 candidats (faisant état de 5 candidats par siège à pourvoir) et le nombre des listes en compétition pour les élections régionales a pu atteindre 1.123 qui s'engagent en compétition pour les 678 sièges à pourvoir. Ces listes englobent 9.892 candidats (15 candidatures pour chaque siège à pourvoir). Le renouvellement des élites politiques a tendance à s'instaurer Ne constituant certainement pas une condition de la réussite d'une échéance électorale, la question du renouvellement des élites politiques prend, pourtant, une place particulière pour le cas du Maroc. La consolidation de la jeune démocratie marocaine en est l'objectif ultime. C'est ainsi que le degré de renouvellement des élites tend à donner un véritable sens à l'idée de l'alternance au pouvoir. L'objectif prend aujourd'hui une dimension particulière dans le contexte de limitation des cumuls des mandats électifs quis'avère emprunté progressivement par notre régime électoral. Le renouvellement des élites politiques semble un objectif plus accessible au niveau des Conseils régionaux. Un large renouvellement des Conseil régionaux se profile tant que plus de la 1⁄2 des Conseillers en exercice ne sont plus en compétition.En effet, les conseillers en exercice qui se sont présentés à nouveau est de 300 ne constituant ainsi que 44,24% du nombre total des conseillers régionaux en exercice. Pour les élections des Conseils des communes et arrondissement, le taux est de 69% (pour un total de 21.744 de conseillers en exercice aujourd'hui candidats). Pour le cas de la Chambre des représentants, le nombre des parlementaires en exercice qui sont candidats est de 225 dont 206 députés et 19 conseillers.Situation qui favorise une tendance pour un renouvellement des institutions élues ainsi qu'un élargissement du champ effectif de l'engagement pour la démocratie au moyen de l'élection. Les dynamiques régionales favorisées dans un cadre de démocratie locale Les élections régionales du 8 Septembre constituent une étape déterminante pour la réussite de la régionalisation avancée. Elle est question de la seconde échéance électorale régionale sous la constitution de 2011 qui a fait de la région l'échelon central de l'action territoriale de l'Etat. Les défis qu'imposent les nouvelles politiques territoriales ajoutés aux exigences du développement régional intégré et participatif tant souhaité mettront à la charge des futurs Conseils régionaux la lourde tâche d'y contribuer effectivement. Le trait dominant des élections régionales tient à l'intérêt que suscite désormais le mandat électif régional auprès de l'acteur politique. Il suffit de prendre en compte le nombre des listes en compétition pour les élections régionales pour s'en rendre compte. C'est ainsi que ce nombre a pu atteindre 1.123 listes qui s'engagent en compétition pour les 678 sièges à pourvoir. La représentation régionale est devenue attractive pour le politique. Les enjeux en question, les défis à relever et l'intérêt grandissant pour une représentation nationale au niveau de la Chambre des conseillers justifient un tel choix. L'effectivité de la parité politique mise à l'épreuve La parité politique est inscrite dans la constitution marocaine comme l'un des objectifs fondamentaux pour les pouvoirs publics. Les régimes électoraux empruntés depuis 2011, favorisés plus particulièrement à l'occasion des élections de 2021, en font une priorité pour laquelle différents mécanismes techniques sont dédiés. Si le taux des candidatures féminines ne constitue que 30% pour le cas des élections des Conseils des communes et arrondissements soit un total de 47.060 (se réduisant ainsi à l'objectif du 1/3 qu'impose la loi),ce chiffre atteint 40% pour l'élection des Conseil des régionsavec un total de candidature féminine de 3.936. L'évolution est nette par rapport aux élections locales et régionales de 2015. L'évolution la plus marquante sur la voie de la parité est à noter du côté des élections de la Chambre des représentants. C'est ainsi le nombre des candidatures féminine est de 2.329 soit 34,17% du nombre total des candidatures (1.567 candidates dans les circonscriptions régionales et 762 candidates dans les circonscriptions locales). Au sein des listes candidates, il faut observer que 97 listes candidates dans les circonscriptions locales disposent d'une tête de liste femme. L'étape politique de 2021 marque certainement un grand pas vers l'objectif de parité politique. Les espoirs que les résultats des élections confirment la tendance sont assez grands.
Tarik ZAIR Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de Kénitra