Voila une mesure qui devrait combler le déficit en matière d'offre de formation publique en architecture. Le dernier Conseil de gouvernement a examiné un projet de décret qui prévoit la création de 6 écoles nationales d'architecture. Les villes concernées par le nouveau dispositif sont Fès, Marrakech, Agadir, Oujda, Tétouan et Casablanca. L'objectif de ce texte, préparé par le ministère de l'Habitat, est de réduire l'écart entre les places disponibles et la demande d'accès à l'ENA de Rabat. Car, chaque année, pas moins de 12.000 élèves soumettent leurs dossiers pour intégrer cette école, alors que la capacité d'encadrement du concours ne dépasse pas 180 places. Ce qui avait conduit, d'ailleurs, les responsables de cet établissement à exiger une moyenne générale du baccalauréat très élevée, à savoir 17,28 lors de la rentrée scolaire 2012-2013. L'idée est également de combler le déficit de 3.000 architectes et répondre notamment aux besoins des agences urbaines. La construction de ces écoles se fera en deux étapes. La première consiste à en créer une dans les villes où se situent les annexes relevant de l'ENA de Rabat. C'est le cas de Fès, Tétouan et Marrakech. La seconde étape concerne Oujda, Agadir et Casablanca. Mais l'ouverture d'une ENA dans ces trois villes n'est pas gagnée d'avance. Elle dépend, en effet, des moyens financiers dont disposera le département de l'Habitat. Reste que la démarche de ce département a été bien accueillie par le Conseil national de l'Ordre des architectes. Son secrétaire général, Jamal Lokhnati, a estimé que ce projet de décret permettra de renforcer l'accès à la formation publique. Mais il reproche à Nabil Benabdellah d'avoir marginalisé le Conseil du processus d'élaboration du texte. De même, à peine le projet de décret préparé, Lokhnati s'inquiète déjà de l'absence de mesures qui garantiraient la meilleure formation possible. «Je me demande si l'Etat dispose des moyens financiers et humains nécessaires pour faire fonctionner tous ces établissements sachant que sa gestion de l'ENA de Rabat est défaillante», s'interroge-t-il. Selon lui, les dysfonctionnements relevés s'expliquent par le turnover du personnel de l'école et par l'insuffisance d'enseignants architectes permanents. D'ailleurs, «difficile de dispenser une bonne formation quand le Maroc ne compte que 11 docteurs en architecture». Lokhnati a également formulé des observations sur le contenu du texte. Pour lui, les objectifs pour justifier la création de nouvelles écoles d'architecture ne sont pas solides. «Le chiffre sur le déficit en architectes n'a aucun fondement scientifique. Aucune étude n'a été réalisée pour avancer que le Maroc a besoin de 3.000 professionnels», dit-il.