Le volume des échanges entre le Maroc et la Libye a enregistré une régression de l'ordre de 40% durant les cinq dernières années, passant de 148 millions de dollars en 1999 à 88 millions de dollars en 2005. Cette variation a été citée vendredi à Casablanca dans une allocution lue au nom de Mustapha Mechahouri, ministre du Commerce extérieur, à l'ouverture d'un séminaire organisé par le Centre marocain de promotion des exportations (CMPE) sous le thème ''La Libye : un marché en mutation''. M. Mechahouri a précisé que la balance commerciale entre les deux pays est passée par deux étapes. La première entre 1998 et 2000, durant laquelle les échanges commerciaux ont connu une progression remarquable pour atteindre leur niveau record de 148 millions de dollars en 1999, avec un excédent commercial permanent au profit du Maroc de l'ordre de 81 millions de dollars. La deuxième étape entre 2001 et 2005 au cours de laquelle les exportations marocaines sur le marché libyen ont connu une nette régression, passant de 115 millions de dollars en 2001 (-50 %) avant de chuter à 19 millions de dollars en 2005 (-80 %). Cette régression est imputable, a-t-il expliqué, au recul des exportations marocaines du textile (2 millions de dollars en 2005 contre 38 millions en 1999), des chaussures (moins d'un million de dollars en 2005 contre 18 millions en 1999), des fromages (2 millions de dollars en 2005 contre 10 millions en 1999). L'état des échanges commerciaux entre les deux pays ne traduit pas les possibilités de complémentarité industrielle existantes et demeure, par conséquent, nettement en deçà des potentialités offertes par les économies des deux pays, a-t-il relevé, appelant par la même occasion les hommes d'affaires marocains à "redoubler d'efforts pour dynamiser et diversifier leurs échanges avec leurs homologues libyens à la lumière des réformes introduites et des mutations générées par le nouveau contexte régional et international qui incite à adopter une nouvelle vision pour la coopération économique et commerciale avec l'ensemble des pays arabes, et particulièrement avec la Libye". Le ministre a souligné que l'économie libyenne est en passe de transformation grâce à un ensemble de réformes retenu dans le cadre du Plan quinquennal 2004-2008, qui se sont concrétisées principalement, a-t-il dit, par l'ouverture sur l'économie internationale et la libéralisation commerciale, la programmation de privatisation de 360 entreprises publiques et l'encouragement de l'investissement étranger. Michèle Feki, conseillère commerciale à l'ambassade de France à Tripoli a, pour sa part, fait un exposé sur l'environnement du marché libyen, soulignant qu il est "en pleine mutation au point de vue macroéconomique et commercial. Elle a également fait part des circuits de distribution, du nouvel environnement des affaires et des secteurs porteurs (énergie, habitat et infrastructures, tourisme, environnement, secteur agricole et textile et cuir). La diplomate française a également mis en exergue l'énorme potentialité du marché libyen composé de 5,7 millions de consommateurs, avec un PIB de 38 milliards de dollars en 2005, soit 6.800 dollars/habitant. Mme Feki a aussi évoqué l'évolution de l'environnement des affaires en Libye dans le domaine de l'investissement, la fiscalité, la privatisation et les douanes, relevant par la même occasion les difficultés qui entravent encore l'accès du marché libyen (opacité du régime spécifique d'investissement qui résulte d'une forte instabilité normative, privatisation réservée aux capitaux libyens). Passant en revue les opportunités offertes dans un certain nombre de secteurs porteurs en Libye, l'intervenante a cité les besoins en matériel agricole, vétérinaire et d'irrigation d'un marché agricole en pleine expansion, la livraison d'usines clé en main, d'études de faisabilité et de savoir- faire. Elle a également parlé des opportunités qu'offrent le marché de textile, le tourisme avec sa vision de 10 millions de touristes d'ici 2015, l'habitat et les infrastructures avec le programme de 150.000 logements sur 3 ans, etc. Ce séminaire a été également marqué par la présentation des témoignages de sociétés ayant l'expérience du marché libyen qui ont mis l'accent sur l'importance des potentialités de ce grand marché, qualifié par un opérateur marocain de très ''généreux mais qui demande de la patience pour le pénétrer''.