Ahmed Benjelloun et Mohamed MoujahidL'alliance PADS-CNI-PSU, qui a présenté son programme électoral, mardi à Rabat, promet de taxer les richesses et en finir avec les privilèges. Les partis de la gauche disent également vouloir instaurer un SMIG à 3.000 DH. Les partis de la gauche non gouvernementale, réunis au sein de l'alliance PADS-CNI-PSU (Parti de l'Avant-garde démocratique et socialiste, le Congrès national Ittihadi et le Parti socialiste unifié), promettent de taxer les richesses pour dégager les ressources suffisantes pour financer les réformes qu'ils mettent au-devant de la scène. Lors de la présentation de son programme électoral commun, mardi à Rabat, cette alliance a préféré faire un diagnostic de la situation au Maroc, chiffres à l'appui, pour appuyer les axes des réformes qu'elle préconise et qui sont à vocation sociale en premier lieu. Les chefs des trois composantes de cette alliance, Ahmed Benjelloun, Mohamed Moujahid et Abdeslam Laâziz, n'ont toutefois pas révélé de chiffres quant aux ressources que cette taxation des richesses pourrait mobiliser. Ils ont en outre appelé à en finir avec les exonérations fiscales qui bénéficient à plusieurs secteurs d'activité, mais qui, à les en croire, profitent indûment de ces dernières au détriment des couches défavorisées qui, elles, croulent sous la pression des impôts et des taxes. Cette alliance affirme également que les réformes dans le domaine social pourraient trouver assez de financements si le Maroc romprait avec "le système des privilèges" et notamment en ce qui concerne les agréments d'exploitation dans les secteurs des transports, de la pêche, des carrières et des mines qu'elle appelle à délaisser. A la place, argumentent les chefs des partis de cette alliance, l'exploitation et la gestion des secteurs comme les carrières et les mines pourraient être confiées à un organisme étatique pour en finir avec l'"économie de la rente". Parmi les mesures proposées par cette alliance, on retrouve une exonération de la patente pour petits commerçants, l'instauration d'un SMIG à 3.000 DH, l'augmentation des allocations de retraite, la création d'un fonds de garantie pour la création des entreprises par les femmes et l'activation de l'échelle mobile des salaires. Toujours dans le même volet, l'alliance PADS-CNI-PSU propose l'élaboration d'une carte nationale de la santé et l'affectation, à ce domaine de 4 % du PIB au lieu de 2 %. L'alliance de la gauche préconise aussi de réunir tous les fonds à vocation sociale sous la tutelle d'un seul département ministériel pour permettre une meilleure intervention auprès des couches sociales concernées. Ces dernières, selon l'alliance de la gauche, devraient d'ailleurs bénéficier d'un revenu social annuel qui bénéficierait à un million de familles, soit encore 5,5 millions de personnes. Au volet politique, l'alliance PADS-CNI-PSU se prononce pour plus de prérogatives pour le Premier ministre qui devrait, selon cette alliance, être désigné parmi les partis de la majorité et avoir la latitude de désigner les membres de son équipe et en soumettre la liste au Roi. Pour cette alliance, le chef du gouvernement devrait appliquer le programme électoral de son parti qui est retenu en guise de contrat avec les électeurs. Il devrait pouvoir aussi désigner, et révoquer, les grands commis de l'Etat dont les walis, les gouverneurs, les patrons des établissements publics ainsi que les responsables de l'administration territoriale et les responsables sécuritaires. Le 27 mai dernier, les trois partis avaient officialisé, à Rabat, leur alliance qu'ils avaient dénommé "Alliance de l'Avant-garde, du Congrès et du PSU" avec la lettre comme symbole électoral accompagné du slogan "Une lettre pour l'avenir". Les difficultés avaient toutefois surgi dès le début avec une polémique entre le PSU et le PADS autour de qui se présenterait face à Mohamed Elyazghi à la Rabat-Océan et qui a fini par se retirer. Gauche : Qui est qui ? Le PADS est une formation constituée après une scission au sein de l'USFP début des années 1980. Il participe à ces élections après une longue période de boycott. Cette décision a été validée par ses bases qui avaient considéré que les choses ont évolué de manière générale. Le CNI, fruit d'une autre scission au sein de l'USFP en 2001, est présent au Parlement avec un seul député alors que le PSU dispose de plus de sièges avec quatre députés. Les trois partis ont formé le noyau dur d'une coalition de formations politiques qui avait mené la fronde contre les lois électorales de la majorité défendues essentiellement par l'USFP. Le Conseil constitutionnel a fini par leur donner raison en ramenant de 7 à 6 % le seuil des voix permettant la participation au partage des sièges. Annahj Addimocrati (La Voie démocratique) de Abdellah El Hourrif campe toujours sur ses positions et refuse toute participation aux élections.