En prévision des élections législatives de septembre prochain, les partis commencent à lever le voile sur leurs programmes. Leurs propositions sont faites de quelques chiffres et de beaucoup de promesses. Les programmes électoraux sont de longs documents, ennuyeux et compliqués qui contiennent les orientations, justifications et promesses de politiciens. C'est pourquoi, à l'occasion de chaque échéance électorale, l'on se demande à quoi servent exactement ces programmes. L'on se demande aussi, qui, parmi les 15 millions d'électeurs, va effectivement lire en entier ces programmes avant de choisir parmi les différents candidats aux élections. Parce qu'en général, seuls quelques passionnés de la politique et les professionnels des média et commentateurs prêtent attention à leur contenu. Dans ces programmes, les partis promettent monts et merveilles. Et il est souvent difficile de juger de la faisabilité de leurs propositions. De nombreux électeurs estiment que les promesses mises en avant par les différents partis politiques sont des hameçons tendus pour accrocher l'électeur. Les engagements qu'ils énoncent en période électorale ne sont réalisés qu'en infime partie ou ne sont pas du tout réalisés. Des questions se posent surtout aux partis qui étaient aux commandes des précédents gouvernements : pourquoi n'ont-ils pas leurs belles idées en étant membres du gouvernement ? Pourquoi les problèmes auxquels ils promettaient des solutions magiques aux dernières élections ne sont-ils toujours pas réglés ?... Diarrhée programmatique A quelques semaines des élections, les partis dévoilent, successivement, leurs plates-formes électorales. Ceux qui se sont adonnés à cet exercice de communication, ont présenté des documents étoffés contenant entre 60 et 300 mesures touchant plusieurs domaines. On aborde tout ou presque : des réductions d'impôt aux changements des méthodes d'enseignement en passant par la suppression de la caisse de compensation... Ils précisent tous qu'ils ont veillé à être « réalistes » et à proposer des « programmes réalisables » qui cadrent, pour chacun, avec les objectifs de son parti... « La vérité c'est que les élections approchant, les partis ne peuvent pas ne pas proposer de programmes », lance, aigri, un jeune électeur. Même quand les partis présentent des programmes valables, le taux élevé d'analphabétisme fait que la plupart des électeurs ne lisent pas ces programmes. Leur argument défensif de toujours, c'est qu'ils ne voient pas beaucoup de différence entre les partis et s'intéressent peu à la politique. Egalement, nombreux sont ceux parmi les électeurs alphabétisés qui disent ne pas avoir de temps à perdre pour aller chercher des nuances entre les différents programmes électoraux. D'ailleurs, avancent-ils, même les débats sur la question se passent en vase clos. A qui s'adressent les partis ? Il parait que les partis politiques tiennent désormais à produire des programmes électoraux étoffés pour courtiser et convaincre d'abord les décideurs économiques, les présidents des associations, les directeurs d'offices... « C'est de l'élitisme exclusif », constate un étudiant qui se dit intéressé par la politique. En effet, de nombreux partis ont pris le soin de présenter leurs programmes, d'abord devant un parterre très sélect. C'est le cas du parti de l'Istiqlal, de l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), du Parti de la Justice et du Développement (PJD)... A tel point que le président de la CGEM (confédération générale des entrepreneurs du Maroc) a déclaré qu'il est sollicité par tous les partis politiques. Tous veulent lui présenter leurs programmes économiques. Lequel il préfère. Sa réserve l'empêche encore de le dire. La plupart des présentations se sont déroulées dans des hôtels cinq étoiles où dans des amphis. Les mêmes lieux de prédilections des grandes sociétés lors de la présentation de leurs rapports annuels. Mais comparaison n'est pas raison ! Des chiffres, encore des chiffres ! La nouveauté de cette campagne préélectorale c'est que les partis ont introduit des chiffres dans les programmes qu'ils proposent. On parle beaucoup désormais de « chiffrage des programmes ». Cette mode aura au moins le mérite de permettre aux électeurs, avertis, de demander des comptes aux partis en 2012 sur la base de leurs promesses...chiffrées. Par ailleurs, même chiffrés, la plupart des programmes électoraux ne sont pas exempts de classicisme. Ils restent équivoques, pullulent de promesses qui ont chacune la particularité de caresser une frange de l'électorat dans le sens du poil. Les uns s'adressent aux agriculteurs, certains aux amazighes, d'autres aux femmes ou mêmes aux entrepreneurs... Les arguments avancés sont plus des sollicitations de voix que des appels à de vraies actions. Il y a une promesse pour les enseignants par ici, une autre pour les professions libérales par-là, une troisième pour les artisans... Il y en a pour toutes les voix ! Promesses d'embauche Les chiffres inclus dans leurs programmes électoraux concernent surtout l'emploi. Dressons le topo ! L'USFP promet la création de 400.000 nouveaux postes d'emploi chaque année (2 millions à l'horizon 2012). L'Istiqlal en promet 260.000 par an (1,3 millions en cinq ans). Le PJD, 300.000 annuellement (1,5 millions en cinq ans). C'est là la même proposition formulée (plagiée ?) par le Mouvement Populaire. Qui vivra verra ! Programme de l'USFP L'USFP a choisi comme titre-slogan pour son programme électoral : « Choisissez votre Maroc ! ». Il compte 505 mesures. Les usfpéistes en en évaluent le coût entre 15 et 25 milliards de dirhams. Programme de l'Istiqlal Le parti de l'Istiqlal a décliné son programme électoral par volets. Il a d'abord commencé par promettre de réduire le taux de chômage à 7% à l'horizon 2012, la baisse des impôts, l'encouragement des entreprises privées... Ensuite, il a décliné sa stratégie dans les grands chantiers d'infrastructures, barrages, autoroutes... L'ensemble de ces engagements en grands chantiers nécessitent un investissement global de 232 milliards de DH sur 5 ans. D'où viendra l'argent ? Programme du PJD Le PJD axe sa plate-forme électorale sur trois grandes orientations : la justice sociale, la réforme de l'administration et de la justice ainsi que la réforme de l'enseignement. Le PJD propose de hausser le niveau et la qualité de l'enseignement. Le parti propose une batterie de mesures qui sont contenues dans huit grands chapitres touchants plusieurs domaines. Programme du Mouvement Populaire Le Mouvement Populaire propose « 66 mesures phares » dans son programme. Ces mesures touchent l'emploi, la santé, l'éducation, l'économie, l'entreprise, le monde rural, la lutte contre la corruption... Le tout pour construire « un seul Maroc pour tous ». Amen !