Le président du Timor oriental, Xanana Gusmao, a pris le contrôle de la sécurité, du renseignement et de la communication dans son pays, où des bandes de jeunes continuent de défier les forces étrangères de maintien de la paix Gusmao a précisé qu'il serait le seul responsable de la coordination avec les 2.500 hommes du corps expéditionnaire australien auquel le Timor oriental a fait appel la semaine dernière pour mettre fin aux émeutes. Le président Gusmao a dit avoir pris les choses en main en liaison avec le Premier ministre, Mari Alkatiri, qu'on dit en désaccord avec lui sur la façon de gérer la crise. Au moment où le président annonçait cette décision, des colonnes de fumée continuaient de s'élever de plusieurs quartiers de la capitale, Dili, où des bandes de jeunes tentaient d'échapper aux forces étrangères. Une vingtaine de personnes ont péri, des milliers d'autres ont été déplacées et des dizaines de maisons et de commerces ont été brûlés lors de ces violences provoquées par le renvoi de 600 militaires qui protestaient contre les discriminations dont sont victimes, selon eux, les soldats originaires de l'est du pays. "Les mesures d'urgence annoncées n'empêcheront pas le président de la république de décréter (à l'avenir) l'état d'urgence, conformément aux pouvoirs qui lui sont conférés par la constitution", a déclaré Gusmao lors de son intervention. Cette explosion de violence et le recours aux forces étrangères ont été sources d'embarras pour le gouvernement, qui ne gère le Timor oriental que depuis 2002. Le pays avait été placé sous administration des Nations unies à la suite des violences consécutives au vote pour l'indépendance en 1999. "SAGESSE ET REPONSE RAPIDE" Le ministre des Affaires étrangères, Jose Ramos Horta, a reconnu mardi que le gouvernement avait déçu la population. "Il est inévitable qu'il y ait des démissions", a-t-il dit. "Tout le pays attend (des autorités) de la sagesse et une réponse rapide". Mais il a laissé entendre qu'Alkatiri pourrait ne pas démissionner. Au cours de la même conférence de presse, le général Mick Slater, chef de la force de paix étrangère, a déclaré que plus de la moitié de l'armée timoraise avait déposé les armes. Mais il a reconnu que la police, dont certains éléments sont alliés aux factions armées, s'était montrée moins coopérative. Les violences ont débuté après la mort de neuf policiers tués par des militaires qu'ils devaient désarmer. Slater et Horta ont pronostiqué qu'il n'y aurait probablement plus d'affrontements entre policiers et militaires. Mais ils se sont montrés plus réservés quant aux chances de discipliner les gangs de jeunes de Dili. Le lieutenant-colonel Mick Mumford, un responsable de la force étrangère, a reconnu qu'il était difficile de contenir les violences, mais il a affirmé que ses hommes y parvenaient et que les habitants pouvaient sans danger regagner leur domicile. Les intéressés n'en sont pas convaincus. "Dès que les soldats vont ailleurs, ils reviennent", déplore Eduardo Villes, qui s'est organisé avec des voisins pour protéger les propriétés du quartier. La Croix-Rouge a rapporté que plus de 40.000 personnes avaient quitté leur domicile en raison des violences et que la capitale souffrait de pénuries alimentaires.