L'Australie juge que le déploiement militaire international au Timor oriental doit contribuer à un règlement politique de la crise en cours dans ce pays, où la capitale, Dili, a retrouvé le calme après plus d'une semaine de violences. L'Australie commande un contingent international de maintien de la paix de 2.500 hommes déployé à la demande des autorités du Timor oriental, confrontées à une rébellion au sein de l'armée, qui a dégénéré en émeutes à Dili. Le ministre australien de la Défense, Brendan Nelson, a cependant prévenu que la résolution de la crise ne dépendait pas des forces étrangères mais de la volonté politique des dirigeants timorais. "L'évolution de la situation au Timor oriental va dépendre très fortement d'une résolution de ce qui semble être une impasse politique entre les dirigeants du Timor oriental", a déclaré Nelson à Canberra. Le président timorais Xanana Gusmao a annoncé mardi qu'il assumait seul la responsabilité de la sécurité du pays, mais le Premier ministre Mari Alkatiri a ajouté à la confusion politique en déclarant ensuite qu'il continuait à assumer ses propres responsabilités. La proclamation faite mardi soir par Gusmao a apparemment mis fin aux exactions des bandes de jeunes qui, prenant prétexte d'une rébellion de militaires renvoyés de l'armée, multipliaient pillages et incendies. Cette initiative, par laquelle le président assume des pouvoirs d'urgence sans pour autant proclamer officiellement l'état d'urgence, semble isoler encore un peu plus le Premier ministre, dont la gestion de la situation a été vivement critiquée tant au Timor qu'à l'étranger. L'AUSTRALIE S'ATTEND À SIX MOIS DE PRÉSENCE Alkatiri a néanmoins assuré mercredi qu'il continuait s'assumer les responsabilités. "Vous avez tort, totalement tort, il (Gusmao) n'a pas pris le contrôle", a dit Alkatiri à la radio australienne ABC. "La défense et la sécurité incombent toujours au gouvernement et je suis le chef du gouvernement", a-t-il dit, en imputant la confusion à une mauvaise traduction de la déclaration de Gusmao du portugais en anglais. Dans la rue, ceux qui avaient entendu la proclamation ne nourrissaient cependant aucun doute. "Gusmao ne laissera jamais tomber la nation. Alkatiri doit tirer les conséquences de ceci et il doit démissionner", affirmait Jose Aurajo qui, avec des centaines d'autres habitants, a passé les cinq dernières nuits sur le parking d'une église voisine. Le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer, a pour sa part abondé dans le sens de son homologue de la Défense. Il a déclaré devant le parlement à Canberra que le déploiement des forces étrangères devait créer un environnement propice à un règlement politique de la crise. "A l'évidence, la réconciliation politique va être la clé de la résolution de la crise actuelle et la garantie d'un avenir stable pour le Timor oriental", a déclaré Downer. "Je pense que personne ne devrait sous-estimer la complexité de la situation sur le terrain, les différentes fissures au sein de la société timoraise et la nécessité d'une tentative de réconciliation", a-t-il ajouté. Auparavant, Angus Houston, commandant des forces australiennes, avait dit au parlement que l'arrivée des soldats de la paix avait brisé le cycle initial de violences mais que des émeutes se poursuivaient à Dili du fait de bandes organisées et d'éléments criminels. Il avait en outre prévenu que le troupes australiennes pourraient rester six mois au Timor oriental.