L'Estonie a accusé samedi la Russie d'attiser les tensions dans ce pays balte par la diffusion d'une déclaration "sans fondement" à propos de la mort d'un jeune citoyen russe, survenue alors que des affrontements opposaient des manifestants à la police à Tallinn. "Le ministère estonien des Affaires étrangères considère comme regrettable que des accusations sans fondement soient formulées par le ministère russe des Affaires étrangères, dans le but d'exacerber la situation en Estonie", a affirmé le ministère dans une déclaration diffusée à Tallinn. Le ministère russe a diffusé samedi une déclaration affirmant qu'un citoyen russe nommé Dmitri avait été tué dans les affrontements provoqués à Tallinn par le déplacement du centre de la capitale estonienne d'un monument aux soldats soviétiques de la Seconde guerre mondiale. Moscou a accusé la police estonienne d'avoir eu recours à "une force excessive contre les manifestants qui défendaient un monument dédié à ceux qui ont combattu le fascisme". Le ministère estonien a affirmé de son côté que, selon le parquet, cette mort "n'avait pas de rapport avec les activités des forces de l'ordre". "Les preuves recueillies jusqu'ici indiquent que Dmitri est mort à la suite d'une dispute entre personnes participant aux échauffourées", a-t-il déclaré. Les affrontements nocturnes de vendredi et samedi ont fait plus de 130 blessés. Quelque 900 personnes au total ont été arrêtées, dont beaucoup de jeunes sous emprise d'alcool, selon les autorités estoniennes. Le monument du soldat soviétique - une imposante statue en bronze d'un soldat de l'Armée rouge qui se dressait au coeur de Tallinn - a été démonté et transféré dans la nuit de jeudi à vendredi vers un lieu tenu secret. Moscou considère ce monument comme un hommage à ceux qui ont vaincu le nazisme durant la guerre, alors que beaucoup d'Estoniens y voient un symbole de presque 50 années d'occupation soviétique. Ancienne république soviétique, l'Estonie est redevenue indépendante de Moscou en 1991. Ce pays balte de 1,34 million d'habitants compte une importante minorité russophone qui s'y est installée pendant la période communiste.