Téhéran fait un "cadeau" au peuple britannique: le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé contre toute attente mercredi qu'il avait accordé sa grâce aux 15 marins et fusiliers marins britanniques arraisonnés dans les eaux du Golfe le 23 mars. Ces derniers devaient être immédiatement libérés. Devant la presse, le président Ahmadinejad a présenté cette grâce, qualifiée de "geste humanitaire", comme un "cadeau" adressé aux Britanniques à l'occasion de la naissance du prophète Mahomet et des fêtes de Pâques. Selon l'agence de presse officielle IRNA, les 15 devraient quitter l'Iran jeudi, après près de deux semaines de crise. Peu après l'annonce de leur libération, la télévision publique iranienne diffusait des images d'Ahmadinejad, tout sourire, saluant les militaires britanniques vêtus en civil et bavardant avec eux. Le Premier ministre britannique Tony Blair a affirmé que la Grande-Bretagne se réjouissait de l'heureuse issue de cette affaire n'en tenait pas rigueur aux Iraniens. "Je suis heureux de la libération de nos 15 hommes", a-t-il déclaré, disant souhaiter que le règlement de tout différend avec Téhéran se fasse par le dialogue. "Nous avons eu une approche mesurée, ferme mais calme, sans négociation mais sans confrontation non plus", s'est-il félicité. A Washington, le président George W. Bush a également accueilli favorablement cette nouvelle, selon le porte-parole à la Sécurité nationale, Gordon Johndroe. Si l'on en croit la chaîne de télévision britannique Sky News, la Syrie et le Qatar ont mené une médiation qui a contribué à la résolution du conflit. Les ministres syriens de l'Information et des Affaires étrangères ont affirmé quant à eux que Damas avait joué un rôle essentiel dans la libération des 15 marins. Selon un diplomate iranien à Londres, les militaires britanniques devaient être remis à leur ambassade à Téhéran après "quelques brèves formalités". Il devait ensuite revenir au Foreign Office, en coordination avec la mission diplomatique, de décider des modalités de leur retour au pays, soit par un vol direct jusqu'à Londres, soit via les Emirats arabes unis, a-t-il ajouté. "A l'occasion de la naissance du grand prophète (Mahomet) (...) et à l'occasion de la mort du Christ, je dis que le gouvernement de la République islamique et le peuple iranien ont pardonné à ces quinze", a déclaré Mahmoud Ahmadinejad. Les musulmans ont fêté samedi dernier l'anniversaire du prophète, et Pâques tombe dimanche prochain pour la grande majorité des chrétiens. "Cette grâce est un cadeau au peuple britannique", a ajouté le président iranien. M. Ahmadinejad a fait cette annonce-surprise quelques minutes après avoir indiqué que les gardes-côtes iraniens ayant intercepté les marins britanniques seraient décorés. Il s'est du reste brièvement interrompu pour décorer leur commandant, devant deux autres membres de ce corps d'élite dépendant des pasdaran, au garde-à-vous. Le président a également affirmé que le gouvernement britannique avait adressé une lettre au ministère iranien des Affaires étrangères pour l'assurer que ce type d'incident "ne se produirait plus". Il a enfin demandé à Tony Blair de ne pas "punir" les membres de l'équipage pour leur confession sur leur présence dans les eaux iraniennes. En réponse à des questions de la presse, Mahmoud Ahmadinejad a déclaré qu'il n'y avait aucun lien entre cette libération et celle intervenue à Bagdad lundi d'un diplomate iranien, qui avait été arrêté par des hommes en uniforme irakien. "Nous les avons graciés", a souligné le président iranien, ajoutant que la décision s'appuyait "sur des considérations humanitaires". En revanche, Stéphane Dudoignon, chercheur français du CNRS, reste retenu contre son gré depuis plus de deux mois en Iran, où son passeport lui a été confisqué par les autorités. Le Quai d'Orsay a appelé mercredi Téhéran à "trouver rapidement une solution" qui permettrait au scientifique de quitter le territoire iranien.