Après cinq jours d'affrontements, les mouvements rivaux palestiniens semblent observer le cessez-le-feu entré en vigueur mardi. Après cinq jours d'affrontements meurtriers, les mouvements rivaux palestiniens du Hamas et du Fatah semblaient observer le cessez-le-feu entré en vigueur mardi 30 janvier à 3h du matin heure locale (01h GMT, 2h à Paris). Les précédentes trêves, rapidement rompues, avaient été mises à profit par les militants du Fatah et du Mouvement de la résistance islamique pour préparer de nouveaux affrontements. Le ministre palestinien des Affaires étrangères Mahmoud Zahar, membre du Hamas, a annoncé cette trêve à l'issue d'une rencontre tard lundi soir entre le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, du Hamas, et un représentant du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, du Fatah, ainsi que des médiateurs égyptiens. L'accord doit mettre fin aux affrontements entre factions qui ont fait plus de 60 morts dans les rangs palestiniens ces deux derniers mois. Les deux parties sont convenues d'un arrêt des affrontements, accompagné d'un retour des forces de sécurité dans leurs bases et d'une levée des barrages mis en place par les factions. Les suspects de meurtres et enlèvements doivent en outre être livrés aux autorités. Mardi soir, les deux camps ont commencé à relâcher leurs otages, des combattants enlevés au cours de la semaine écoulée, conformément aux termes de l'accord. Négociations sur la formation d'un gouvernement d'union A Gaza, des tirs et explosions ont été entendus au cours de la nuit mais le calme est revenu vers 5h du matin (3H GMT). Un militant du Hamas a été tué dans le sud de la Bande de Gaza, à Khan Younès, décès que les responsables du Mouvement de la résistance islamique imputent au Fatah. Des partisans du Hamas ont lancé à la radio un appel à la vengeance mais des responsables du mouvement ont déclaré qu'il n'y aurait pas de représailles. Maher Mekdad, porte-parole du Fatah, a de son côté déclaré que le mouvement de Mahmoud Abbas observerait le cessez-le-feu. "Malgré toute l'amertume et la tristesse que nous ressentons, nous oeuvrerons à sa réussite", a-t-il dit. Ismaïl Haniyeh a quant à lui appelé à une cessation totale des hostilités. "Les quelques derniers jours ont été difficiles. Tout le monde a payé de son sang. Tout le monde est confronté à une épreuve difficile: soit nous maintenons ce calme (...), soit tout s'effondre encore et tout le monde en sera tenu pour responsable", a-t-il lancé. Les causes de l'affrontement, un conflit de pouvoirs entre le Hamas et le Fatah, n'ont cependant pas été résolues. Les négociations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale entre le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas, qui domine l'exécutif et le Parlement (Conseil législatif) depuis sa victoire aux élections de janvier 2006, sont gelées. Mahmoud Abbas menace d'organiser des législatives anticipées si aucun accord n'est trouvé d'ici trois semaines, le Hamas dénonçant de son côté un "coup d'Etat". Bombardements de l'armée israélienne L'accord entre factions palestiniennes intervient alors que la trêve israélo-palestinienne en vigueur depuis deux mois dans la Bande de Gaza est menacée par l'attentat-suicide, le premier depuis avril 2006, qui a tué trois personnes et le kamikaze lundi matin à Eilat, station balnéaire du sud d'Israël. L'aviation israélienne a bombardé tôt mardi un tunnel souterrain reliant la Bande de Gaza à Israël, un raid apparemment mené en représailles à l'attentat d'Eilat. Des hauts responsables de l'armée se sont entretenus avec le Premier ministre Ehoud Olmert, qui a décidé selon la presse israélienne de ne pas lancer d'offensive à Gaza. Mahmoud Abbas, au Caire mardi pour des entretiens avec le président égyptien Hosni Moubarak, a condamné l'attentat, qui "ne nous profite en rien". Il ne pense pas cependant que "cette opération en elle-même affectera la trêve entre nous et les Israéliens dans la Bande de Gaza". Evoquant le conflit interpalestinien, M. Abbas a réclamé la dissolution de la Force exécutive, la milice mise en place par le Hamas l'an dernier. "C'est illégitime et illégal. La création d'une force de sécurité requiert une loi, et une telle loi n'a pas été adoptée", a-t-il fait valoir. (AP)