La trêve israélo-palestinienne est rompue. Les militants du Hamas dans la Bande de Gaza ont tiré mardi un barrage de roquettes et obus de mortier en direction d'Israël, considérant caduc le cessez-le-feu en vigueur depuis cinq mois, après la mort au cours du week-end de neuf Palestiniens lors d'affrontements avec l'armée. Le Hamas a revendiqué avoir tiré 41 roquettes et 54 obus de mortier, Tsahal ne pouvant en confirmer que six et huit respectivement. Deux de ces roquettes sont tombées en territoire israélien, sans faire ni victime ni dégât, et les hélicoptères de Tsahal ont riposté en tirant des missiles sur des sites de lancement dans la Bande de Gaza. C'est la première fois depuis novembre et l'accord de cessez-le-feu sur la frontière Gaza-Israël que le Hamas reconnaît être l'auteur de tels tirs. Cette attaque, la plus importante depuis des mois et la première depuis la formation du gouvernement palestinien d'union nationale, intervient alors que l'Etat hébreu, en état d'alerte maximale, fête le 59e anniversaire de sa naissance en 1948. Il semble difficile qu'elle ait pu avoir lieu sans le feu vert, au moins tacite, des responsables politiques du Mouvement de la résistance islamique. Le Premier ministre Ismaïl Haniyeh en a renvoyé la responsabilité sur Israël, après la mort de sept militants et deux civils palestiniens au cours du week-end. "Nous avons fait d'énormes efforts pour protéger la trêve et il y avait une position palestinienne positive mais malheureusement (...) Israël a répondu par l'escalade de l'agression contre le peuple palestinien. Ce n'est pas un problème palestinien, c'est un problème israélien", a-t-il lancé. Avant de réaffirmer cependant, selon son porte-parole Ghazi Hamad, "l'importance de maintenir et protéger la trêve". L'attaque fait suite à des mois de profil bas du Hamas sur le front israélien, notamment pendant les tractations en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale Hamas-Fatah. Elle intervient alors que les négociations pour la libération du soldat Gilad Shalit, enlevé en juin par le Hamas, piétinent. Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert et le ministre de la Défense Amir Péretz devaient tenir mercredi de nouvelles consultations sur une éventuelle riposte. Si Tsahal a des plans pour une nouvelle invasion du Territoire, où le Hamas se réarme, Olmert affirmait début avril que le temps n'était pas venu d'une offensive majeure. Abou Obeïda, porte-parole de l'aile militaire du Hamas, a affirmé pour sa part que "la trêve est rompue depuis longtemps, et Israël en est responsable". "Nos frappes vont continuer", a-t-il menacé mardi sur les ondes de la radio la Voix de la Palestine. "Nous sommes prêts à kidnapper de plus en plus, et à tuer de plus en plus de vos soldats." Les militants du Hamas à Gaza exigent la libération de centaines de détenus palestiniens pour prix de celle de Gilad Shalit et en ont transmis la liste au gouvernement israélien. Lundi, M. Olmert avait affirmé que son gouvernement ne referait pas "les mêmes erreurs que par le passé", en libérant des prisonniers qui se sont ensuite illustrés dans de nouvelles attaques sanglantes. Mais il avait reconnu qu'il n'échapperait pas à la "décision difficile" de procéder à des libérations.