POURSUITE DES VIOLENCES DANS LA BANDE DE GAZA Le Hamas et le Fatah, factions rivales palestiniennes, s'affrontent pour la cinquième journée consécutive alors même que leurs dirigeants ont accepté une offre saoudienne de discussions à La Mecque pour mettre fin aux violences fratricides dans la bande de Gaza. Trois activistes au moins ont péri dans ces violences, les pires depuis la victoire du mouvement islamiste aux élections de janvier 2006. Des fusillades ont eu lieu en divers points de la bande de Gaza, région densément peuplée, poussant certaines familles à partir se mettre à l'abri. "Comment peut-on qualifier cela, si ce n'est de guerre civile ?", a déclaré Abou Omar, gérant d'un magasin à Gaza, où la plupart des commerces ont gardé porte close. Un activiste du Hamas et un policier fidèle au Fatah ont été tués par balles dans deux fusillades, selon des sources proches des services de sécurité et dans les hôpitaux. Un Palestinien de 20 ans a quant à lui été tué par balles à proximité de violents affrontements. Un autre policier proche du Fatah, grièvement blessé dans des combats survenus pendant le week-end, a succombé lundi. Un vigile du ministère de l'Intérieur, contrôlé par le Hamas, a reçu une balle dans la tête alors qu'il circulait dans Gaza. Ces décès portent à 30 le nombre de personnes ayant péri dans des affrontements interpalestiniens depuis jeudi. La montée des violences a fait dérailler les discussions entre le Hamas, aux affaires depuis mars, et le Fatah du président Mahmoud Abbas. "UNE GUERRE QUI NE PROFITE QU'À ISRAËL" Dimanche, l'Arabie saoudite a invité les factions rivales à tenir des pourparlers à La Mecque. Les deux parties ont accepté, mais aucune date n'a été fixée. Malgré cette proposition de médiation, des explosions et des tirs retentissent encore dans la bande de Gaza, où des hommes armés ont fait sauter des locaux du Fatah ainsi que la résidence d'un de ses responsables. Des tirs de mortier ont visé par ailleurs le siège de la Sécurité préventive, dominée par le Fatah, dans la ville de Gaza. Ces attaques ont provoqué des dégâts mais n'ont fait aucune victime. En outre, des hommes du Hamas ont enlevé deux membres du Fatah, dont un commandant local, ont assuré des responsables du mouvement d'Abbas. Une soixantaine de Palestiniens ont péri dans des violences depuis qu'Abbas, un modéré, s'est prononcé le mois dernier pour la tenue d'élections présidentielle et législatives anticipées après l'échec de négociations avec le Hamas sur la formation d'un gouvernement d'union nationale. Le mouvement islamiste a estimé que des élections anticipées constitueraient un coup d'Etat. Un Palestinien s'est fait exploser lundi dans une boulangerie d'Eilat, station balnéaire israélienne de la mer Rouge, faisant trois autres morts. Cet attentat, le premier du genre en Israël depuis neuf mois, a été revendiqué par trois organisations palestiniennes dont le Djihad islamique qui l'a présenté comme un appel à l'unité, face à l'Etat juif, à l'intention du Hamas et du Fatah. "Si le Hamas et le Fatah ne se réveillent pas, ils vont perdre tous les deux. Ils doivent comprendre que l'un ne peut éradiquer l'autre et qu'ils devraient trouver un accord qui leur permette de coexister", a déclaré Saleh Mohammed, un enseignant gazaouite de 40 ans. "Ce qui se passe actuellement est une véritable guerre qui ne profite à personne si ce n'est à Israël."