Proche-Orient. L'opération militaire baptisée « Nuages d'automne » a déjà causé près d'une cinquantaine de morts palestiniens depuis mercredi. « Mort, destruction et désespoir. » C'est dans ces termes sans équivoque que John Ging, - directeur opérationnel de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens à Gaza (UNRWA), a décrit la situation qui prévaut dans le territoire, cible de raids israéliens meurtriers depuis mercredi. Particulièrement visée, la localité de Beit-Hanoun, assiégée par les chars de l'armée israélienne, où « 40 000 personnes souffrent énormément » et où « la nourriture et l'eau manquent, il y a des destructions partout, les gens vivent dans la peur, les routes sont éventrées, les bâtiments endommagés et les gens se - terrent chez eux », selon les - déclarations de l'envoyé de l'organisation internationale après une visite sur place, où il a demandé l'arrêt des - violences. Beit-Hanoun est sous couvre-feu Chaque jour connaît son lot de tragédie dans cette localité, où vendredi, une cinquantaine de femmes se sont rassemblées devant la mosquée Al-Nassir pour servir de bouclier à la soixante d'activistes qui s'y étaient réfugiés. Les forces israéliennes ont ouvert le feu et deux d'entre elles ont été tuées. La scène a été filmée par un cameraman de Reuters. Les combattants ont réussi à s'enfuir. La ville, sans électricité et sous couvre-feu, est en état de siège. L'armée israélienne a cependant laissé quelques heures à la population pour se ravitailler auprès de UNRWA. « C'est la seule solution pour éloigner la ligne de tirs de roquettes visant le territoire israélien », a déclaré hier la défense israélienne qui, dans un lyrisme sordide, a baptisé l'opération militaire qu'elle mène sur la bande de Gaza « Nuages d'automne ». Des « nuages » qui avaient déjà tué hier 47 Palestiniens, civils pour près de la moitié d'entre eux, dont plusieurs femmes et une enfant de douze ans atteinte en pleine tête par la balle d'un sniper israélien. Mahmoud Abbas a donné de son côté une tout autre lecture de l'opération qui viserait selon lui à « l'escalade pour nuire aux efforts que les Palestiniens déploient pour résoudre leur crise politique ». Le président de l'Autorité palestinienne a adressé une lettre au président du Conseil de sécurité de l'ONU lui demandant de réunir le Conseil « pour discuter de la situation tragique provoquée par l'agression israélienne contre la bande de Gaza ». rendre coup pour coup Dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a imputé l'escalade de la violence à l'opération militaire, appelé Israël à une retenue maximale et « les militants palestiniens à cesser les tirs de roquettes contre les cibles civiles israéliennes ». Sur un tout autre ton, les États-Unis ont rappelé le droit d'Israël à se défendre. De part et d'autre, rien ne laisse présager une rapide désescalade. Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Mahmoud Zahar, a évoqué samedi l'éventualité que le soldat israélien Gilad Shalit, capturé le 25 juin dernier, soit tué par l'offensive israélienne. « Les bombardements israéliens pourraient viser le lieu de détention du soldat », a-t-il prévenu, ajoutant que les Palestiniens ne céderaient pas aux conditions d'Israël. En réponse, le nouveau et très controversé vice-premier ministre israélien, Avigdor Lieberman, a menacé le chef du Hamas lors de la réunion des ministres dimanche : « Tout a un prix, si quoi que ce soit arrive à Gilad Shalit, nous ajouterons Ismaïl Haniyeh et Saïd Siam (ministre palestinien de - l'Intérieur) à la liste des martyrs. » Quelques voix pourtant se font entendre en Israël pour demander à ce que cesse l'opération militaire. Ainsi Yossi Beilin, chef du parti israélien d'opposition Meretz, pour qui ces hostilités ne font que « renforcer la position d'Ismaïl Haniyeh (...) qui est redevenu un héros et concurrence désormais Hassan Nasrallah, avec toutes sortes de légendes qui courent sur lui grâce à nous ». « bombe contre bombe » Vendredi, un communiqué du Hamas appelait à répondre « bombe contre bombe et sang contre sang » aux attaques israéliennes. Et les tirs de roquettes artisanales contre le sud d'Israël n'ont pas cessé : sept roquettes ont ainsi été tirées samedi soir près de la frontière avec Gaza sans faire de blessés mais endommageant une maison. « Nous n'avons pas l'intention d'annoncer quand l'opération prendra fin », a de son côté déclaré Ehud Olmert hier, qui a entretenu le flou en précisant ne pas vouloir « conquérir Gaza » mais attendre de se rapprocher « des objectifs fixés ».