Trois semaines après avoir effectué son premier essai nucléaire, la Corée du Nord confirme qu'elle reprend les pourparlers à six sur l'arrêt de son programme atomique. Mais des spécialistes de la crise nord-coréenne mettent en garde contre tout excès d'optimisme. "La RPDC (République populaire démocratique de Corée) a décidé de reprendre les discussions à six en partant du principe que la question de la levée des sanctions financières serait discutée et réglée entre la RPDC et les Etats-Unis dans le cadre des pourparlers à six", a déclaré le ministre nord-coréen des Affaires étrangères cité par l'agence de presse officielle KCNA. Les pourparlers à six, auxquels participent les deux Corées, la Chine, le Japon, les Etats-Unis et la Russie, étaient suspendus depuis un an, Pyongyang ayant décidé de les boycotter pour protester contre les sanctions financières que lui a imposées Washington. Le ministère chinois des Affaires étrangères avait annoncé mardi que Pyongyang avait accepté de revenir à la table des discussions à l'issue de sept heures de discussions informelles avec Américains et Chinois à Pékin. Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Ivanov, cité par des médias, la prochaine séance devrait avoir lieu cette année, probablement en Chine. Mais l'émissaire américain Christopher Hill a fait savoir que les Etats-Unis attendaient de ces pourparlers qu'ils aboutissent à de véritables progrès. "Cette prochaine session devra être très soigneusement préparée parce que nous devrons enregistrer des progrès", a-t-il déclaré avant de quitter Pékin. Lors d'une conférence de presse dans la capitale chinoise, Hill avait énuméré la veille une série de points litigieux encore susceptibles de faire échouer les pourparlers. Il citait les restrictions financières américaines, les garanties sur des engagements nord-coréens en matière de désarmement et les dégâts diplomatiques causés par l'essai nucléaire nord-coréen du 9 octobre. George Bush s'est déclaré très satisfait de voir la Corée du Nord reprendre le chemin de la négociation mais, a-t-il ajouté, il va envoyer des missions dans la région pour garantir que la résolution 1718 sur des sanctions est bien mise en oeuvre. "Manifestement, il nous reste encore beaucoup à faire", a-t-il dit aux journalistes mardi à Washington. L'IMPACT DES SANCTIONS Pour certains analystes, le régime de Pyongyang a accepté de retourner à la table des négociations par crainte de l'impact des sanctions de la communauté internationale. Mais ils estiment que la décision du "royaume ermite" relève de la tactique, et non d'un changement en profondeur. "Cela ne leur coûte véritablement rien de revenir à la table des discussions", souligne Peter Beck, spécialiste des affaires coréennes de l'International Crisis Group. "Compte tenu de la méfiance fondamentale qui existe, je pense que nous ne devons pas en attendre grand-chose." La Corée du Sud a annoncé mercredi qu'elle envisageait de reprendre son aide alimentaire à destination de la population nord-coréenne - "Une question purement humanitaire", a précisé le ministre de l'Unification, Lee Jong-seok, sur la radio KBS. Séoul achemine chaque année 500.000 tonnes de riz vers le Nord. Le Japon a pour sa part annoncé qu'il maintiendrait ses sanctions contre Pyongyang. "Le plus important c'est que la Corée du Nord abandonne totalement son programme nucléaire conformément à la déclaration commune" adoptée à l'issue d'une séance de pourparlers à six en septembre 2005, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yasuhisa Shiozaki. "Jusqu'à ce que nous ayons la preuve qu'ils tiennent cette promesse, nous poursuivrons ce que nous avons décidé de faire", a-t-il ajouté.