Les Marocains bloqués à Ceuta et Melilla sont, désormais, une carte politique entre les mains du Parti Populaire (PP) et de Vox. Chaque formation essaie de surfer sur ce dossier pour grignoter quelques places dans les sondages d'opinion. Si la semaine dernière, le PP a accusé le gouvernement Sanchez de «ne pas défendre les intérêts des Espagnols» lors des négociations ayant conduit au lancement, le vendredi 15 mai, de l'opération de rapatriement d'environ 150 Marocains bloqués à Melilla, Vox a choisi, dans une logique de surenchère, de hausser davantage le ton contre l'exécutif espagnol. Le parti de Santiago Abascal, qui ne fait pas dans la dentelle lorsqu'il a dans le viseur le Maroc ou les socialistes au pouvoir, a estimé par la voix de sa députée de Ceuta Teresa López, que le gouvernement «a réussi de faire de l'Espagne une marionnette entre les mains du Maroc», rapporte El Faro de Ceuta. A l'origine de cette colère, le rejet de Madrid de transférer les Marocains bloqués à Ceuta vers le centre de rétention de la ville. En réponse à une question de la parlementaire sur ce sujet, l'exécutif central a justifié cette décision par le fait que les Marocains installés au pavillon La Libertad ne sont pas considérés des immigrés illégaux. Et d'affirmer sa volonté de ne pas transformer ce lieu en «un centre de rétention parallèle» pour les Marocains bloqués. Une réponse immédiatement rejetée par Vox. Outre les calculs politiques de cette affaire, il y a également des enjeux financiers pour la formation d'extrême droite, sachant que la sécurité au centre qui accueille les Marocains est assurée par le gouvernement de Ceuta, l'allié de Vox dans la ville, alors qu'elle est du ressort de Madrid au centre de rétention des immigrés. La polémique sur ce sujet est appelée à monter d'un cran, aidée en cela par les nouvelles de fuite d'une dizaine de Marocains du pavillon La Libertad qui ne souhaitent pas regagner le Maroc. La semaine dernière, une députée du PP a exigé du Maroc «une compensation financière» pour les frais encourus pour s'occuper de ses citoyens bloqués à Melilla.