C'est une histoire assez insensée qui est arrivée à Rachid Alamin. Ce français d'origine marocaine de 29 ans, habitant dans la région lilloise est actuellement en prison à Tétouan depuis le mois de novembre 2011. Il est accusé par les autorités marocaines d'être un trafiquant de drogue. Sauf que depuis le début de son arrestation, Rachid Alamin clame son innocence. Il affirme que la police marocaine a commis une grossière erreur et s'est trompée de personne. Elle l'aurait confondu avec un autre Marocain portant le même nom que lui et s'écrivant de la même manière. Tout commence en juillet 2009. «Un Français passe la douane dans le nord du Maroc avec de la drogue dissimulée dans sa voiture. Il est arrêté et interrogé par les policiers. Il finit par lâcher le numéro de téléphone d'un trafiquant du Maroc portant le prénom de Rachid», explique Rémy ami d'enfance de Rachid Alamin qui a crée un comité de soutien pour le jeune lillois. La police marocaine décide donc de mener une enquête et finit par arrêter un Marocain sur le sol marocain du nom de Rachid Alamin, (qui n'a rien à voir avec le franco-marocain de Lille). Il est ensuite arrêté et est jugé coupable. Il passera 10 mois en prison. Lui aussi clame son innocence affirmant que la police s'est tout simplement trompée de personne. Au lieu de clore le dossier et malgré la condamnation de ce dernier, la police continuera de rechercher l'autre Rachid Alamin. «La police marocaine a montré au Français arrêté au Maroc, la photo de Rachid de Lille qui a déclaré que ce n'était pas ce Rachid dont il était question», lance Rémy. «ça ne peut pas être lui, il travaillait ce mois de juillet 2009, sa femme avait accouché le 10 juillet de cette année. Il n'a pas pu s'absenter. De plus, il n'y avait aucun tampon de douanes sur ces deux passeports marocain et français !», ajoute Rémy. Par ailleurs, le franco-marocain possède un casier vierge. Prouver sa bonne foi A des milliers de kilomètres de Tanger, Rachid Alami mène tranquillement sa vie de père de famille dans la commune d'Halluin et continue de travailler dans un centre de loisirs. Les semaines passent mais un jour Rachid Alamin de Lille apprend par sa belle sœur, qui travaille dans chez un notaire à Tanger, que son nom est cité dans une affaire de drogue, précise Nord Eclair. Rongé par cette affaire durant de longs mois, le franco-marocain décide de partir pour Tanger afin de se rendre aux autorités marocaines et leur prouver sa bonne foi et son innocence. Sa famille restée au Maroc l'encourage à venir au royaume pour mettre un terme à cette affaire. Rachid Alamin part pour le Maroc, sans néanmoins prendre d'avocat, faute de moyens, insiste Nord Eclair. «Avec les preuves qu'il avait [absence de tampons sur ses passeports], il pensait que ce voyage allait être une simple formalité pour au final être innocenté. Il était conscient que les affaires de drogue sont des sujets extrêmement sensibles au Maroc, mais il n'a pas voulu se cacher. Prouver son innocence lui tenait à cœur», affirme Rémy avant d'évoquer que le grand frère de Rachid lui a vivement conseillé de ne pas prendre le risque de se rendre au Maroc et qu'il devait mieux prendre rendez-vous avec le Consulat marocain de Lille pour l'aider à résoudre cette affaire. Malgré cet avertissement de son grand frère, Rachid part pour le Maroc. Cependant, en mettant le pied à l'aéroport de Tanger, il est arrêté par des policiers. Pendant quatre jours, sa famille au Maroc restera sans nouvelles de lui. Rachid était en fait en garde à vue. Il est ensuite transféré à la prison de Tétouan où il préviendra sa famille de son arrestation. Bientôt libéré ? Aujourd'hui, la famille de Rachid, ses parents, sa femme et ses enfants sont au Maroc pour le soutenir et être à ses côtés. La famille a le droit à une visite ce mardi 13 mars après-midi. «ça ne va pas pour Rachid. Il a une baisse de moral. Surtout avec les audiences au tribunal qui sont toujours reportées avec des motifs non justifiés. Son avocat lui dit à chaque fois que son dossier est en béton, qu'à la fin de l'audience, il sera libre mais le soir-même il retourne en prison», précise Rémy. Ces derniers jours, l'affaire a été très médiatisée par la presse française. Le maire d'Halluin, des députés de la région et le consulat de France à Tanger suivent de près cette affaire. Un courrier a été envoyé à Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères pour qu'il intervienne dans le dossier. Selon Rémy, cette médiatisation a permis de faire bouger les choses. Il évoque une éventuelle libération d'ici une dizaine de jours, mais rien n'est encore sûr, insiste-t-il à dire. Affaire à suivre...