Âgé de 24 ans et accusé de détournement et viol d'une mineure de 14 ans à Marrakech, un Koweïtien a pu regagner son pays sans être inquiété du procès qui se poursuit devant une chambre de la Cour d'appel de Marrakech. Aujourd'hui, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) dénonce l'implication de l'ambassade de son pays et appelle à une enquête élargie pour «traite d'êtres humains». A Marrakech, l'heure est à l'indignation après qu'un Koweitien, accusé de détournement et de viol de mineure et ayant bénéficié le 28 janvier de la liberté provisoire, a réussi à quitter le territoire marocain. Ce mardi, Omar Arbib, membre du bureau central de l'AMDH, contacté par Yabiladi, confirme l'information. «Nous avons été reçus par le premier président de la Cour d'appel de Marrakech qui nous a montré le dossier et nous a informé que le Koweitien a quitté le territoire marocain le 28 ou le 29 janvier, soit au lendemain de sa libération», dénonce le militant. Pour ce dernier, les mandats pour la fermeture des frontières, et l'appel de la décision de liberté provisoire, pour lesquels le juge chargé de cette affaire n'a pas encore tranché, «ne servent donc plus à rien». Pour le membre de l'AMDH-Marrakech, «l'ambassade du Koweït à Rabat lui a fourni la couverture nécessaire pour s'échapper». «Nous avons consulté un écrit de l'ambassade qui s'engage, en cas de liberté provisoire, à ce que l'accusé se présente aux audiences», détaille-t-il. Ce mardi, l'AMDH a tenu un sit-in devant la Cour d'appel de Marrakech, parallèlement à l'audience prévue ce mardi. «L'avocat de l'accusé a déposé un certificat médical pour justifier l'absence de son client», informe-t-il en ajoutant que «la famille de la victime présumée a retiré sa plainte tout comme certaines associations qui la soutenaient». L'ambassade et un «réseau de traite d'êtres humains» pointés du doigt Mais derrière ce retrait de plainte, Omar Arbib y voit une histoire d'argent. «L'ambassade koweitienne au Maroc a justifié son intervention par le chantage de la part de la famille ainsi que d'autres personnes, l'affaire ayant débuté en juillet 2019 alors que le Koweitien n'a été interpelé qu'en décembre», indique le militant. «Il y a des tentatives pour clore ce dossier sans révéler la vérité. Nous appelons à interroger toute personne en rapport avec ce dossier ainsi que les intermédiaires, car selon nos sources, c'est une proxénète qui a arrangé la rencontre entre le Koweitien et la mineure marocaine ; d'où nos soupçons de traite d'êtres humains.» Omar Arbib «Que la famille retire sa plainte ou pas, il s'agit d'un crime de détournement et viol de mineure», ajoute le militant associatif pour expliquer le fait que l'ONG s'est constituée partie civile. Encore faut-il que le juge chargé du dossier réponde favorablement à la demande de l'association. Fin janvier, l'AMDH Marrakech avait tiré la sonnette d'alarme sur le fait qu'aucune mesure préventive n'a été prise par les autorités pour empêcher que le Koweitien, libéré provisoirement, ne puisse regagner son pays avant la fin du procès. «Son passeport ne lui a pas été confisqué et aucun dispositif de surveillance policière spécifique n'a été pris dans le cadre des procédures légalement admises dans ces cas-là», avait-elle dénoncé. Un communiqué de l'ONG avait expliqué que le prévenu, âgé de 24 ans, aurait conduit une fille de 14 ans dans un appartement, où il aurait abusé d'elle avant de lui donner la somme de 3 600 dirhams. La victime présumée avait affirmé avoir été mise dans le coffre de la voiture, ramenée puis violée à la maison, malgré ses supplications pour être libéré. Article modifié le 2020/02/14 à 15h31