Le dossier de la délimitation des frontières maritimes atlantiques entre le Maroc et l'Espagne serait désormais géré au niveau du palais de la Zarzuela. Une intervention qui pourrait expliquer le silence du gouvernement Sanchez et des grands partis politiques. Le 16 décembre dernier, la Commission des Affaires étrangères, de Défense, des Affaires islamiques et des MRE à la Chambre des représentants approuvait à l'unanimité deux projets de loi établissant la souveraineté du royaume sur les eaux du Sahara. Les deux textes ont été au préalable validés par le gouvernement El Othmani le 17 juillet 2017. D'habitude le feu vert des commissions aux initiatives législatives portées par l'exécutif balisent le terrain pour un passage rapide en plénière. Mais ici, bizarrement, aucune inscription sur les agendas des plénières du 23 décembre et du 14 janvier. La semaine prochaine une nouvelle séance est prévue à la Chambre basse pour le vote de quelques projets de loi. Mais, il est probable que les lois 37-17 et 38-17 ne figurent pas sur le programme alors même que la nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères, Mme Arancha Gonzalez Laya, est attendue le 23 janvier à Rabat. L'atout Felipe VI Si la diplomatie marocaine a ralenti le processus d'adoption des deux textes par les députés, l'Espagne a répondu par des signaux d'apaisement. A l'exception de la colère passagère des formations aux Iles Canaries, l'ensemble des forces politiques influentes en Espagne ont choisi de rester sur la réserve. Même Vox et Podemos, réputés hostiles au Maroc sur de nombreux sujets, se sont tus. Pourtant en 2018, les camarades de Pablo Iglesias n'avaient pas hésité à dénoncer les prospections pétrolières de la compagnie italienne ENI, autorisées par le Maroc dans ses eaux territoriales, faisant face aux Iles Canaries. Ce retrait inhabituel des extrêmes de l'échiquier politique continue de soulever des interrogations. On apprend que ce silence serait la conséquence d'une intervention du roi Felipe VI dans le dossier de la délimitation des frontières maritimes atlantiques entre les deux Etats. En effet aucun parti ne s'est aventuré à souffler sur les braises. Même le président du gouvernement autonome des Iles Canaries, Angel Víctor Torres, a fini par faire voeux de silence, au point d'oublier sa mise en garde du Maroc émise le 18 décembre. S'il s'est réuni le 8 janvier avec le ministre de l'Intérieur Fernando Grande Marlaska, c'est uniquement pour aborder la montée de l'immigration clandestine. Contrairement au reste de l'Espagne, l'archipel connait en effet une forte hausse du nombre des arrivées de pateras, craignant de revivre la crise de 2005. Ce silence est appelé à s'installer dans la durée en attendant que les deux parties se mettent d'accord sur une solution politique à cette question. Le 16 décembre dernier, le Maroc par la voix de son ministre des Affaires étrangères avait tendu la main à l'Espagne en vue d'un règlement du dossier par le dialogue. Le monarque espagnol ne se contente pas de jouer le rôle d'observateur passif de la scène politique dans son pays et à l'international. Le 14 février 2019 à Rabat, il avait demandé au roi Mohammed VI de renforcer la collaboration contre les arrivées de migrants irréguliers en Espagne, révélait El Pais. Vers la fin de l'année 2019, leur nombre a ainsi chuté de 50% par rapport à 2018. C'est dire son influence.