Diffusé le 4 janvier dernier sur la chaîne Al Aoula, le prime de la quatrième saison de l'émission de télé-crochet StandUp n'a pas laissé le Syndicat national de l'enseignement (SNE) indifférent. En effet, celui-ci a saisi la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), en pointant du doigt un sketch «dénigrants» le corps pédagogique. Le 9 janvier dernier, le Syndicat national de l'enseignement (SNE) au sein de la Confédération démocratique du travail (CDT) a interpellé la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), appelant à la prise de mesures à l'encontre de la première chaîne nationale Al Aoula. Dans une correspondance, parvenue à Yabiladi, la structure remet en cause les passages d'un sketch, diffusé en direct le 4 janvier dernier lors d'un prime de l'émission StandUp dans sa quatrième saison. D'une durée de près de cinq minutes, le sketch du candidat Amine El Iraqui a en effet été pointé du doigt, notamment dans certains passages jugés comme «dénigrants» par le syndicat. L'humoriste y assimile les attitudes de certains enseignants à celles de demandeurs d'aumône, «tellement leur salaire ne leur suffit jamais et qu'on leur a même interdit de faire des heures supplémentaires». Transmise d'abord en direct, la version de l'émission uploadée sur YouTube montre quelques coupures (de 00:47:00 à 00:52:20). Toujours est-il que ce passage a été repris par le SNE et son actuel secrétaire général, Abdelghani Raki, qui rappelle à Yabiladi que le sketch «présente la figure de l'enseignant comme quelqu'un qui punit ses élèves en les sommant de lui apporter des repas pour calmer sa faim». «Le passage se termine en décrivant un professeur qui pénalise tout autant les apprenants, lorsque ces derniers ne lui viennent pas en classe avec des cadeaux», nous décrit-il encore en évoquant des «représentations calomnieuses et dangereuses qui portent atteinte à la dignité» du corps pédagogique. Ces déclarations rejoignent le contenu de la lettre adressée par le SNE à la HACA, où le syndicat fait part de ses «regrets et de vive protestation contre les chaînes du pôle télévisuel publics, qui véhiculent et mettent en avant une perception dégradante des enseignants, dont le dernier fait en date est celui de l'émission StandUp». Un précédent lors de la troisième saison de l'émission Pour le SNE, «cette image est incompatible avec les objectifs généraux et les règles qui encadrent ladite chaîne conformément à son cahier des charges, ce qui promeut des idées négatives sur la place des enseignants dans la société et n'aide pas améliorer le système éducatif». De ce fait, le syndicat s'adresse à la présidente de la HACA en appelant à «mener une enquête sur la question et à prendre les mesures juridiques nécessaires». «Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le corps enseignant est dénigré dans la télévision publique, à travers des sketch, des contenus voulus comiques et décalés, mais qui consacrent depuis longtemps cette image de pauvre nécessiteux et avide que l'on veut associer aux professeurs», dénonce encore Abdelghani Raki auprès de Yabiladi. Dans sa précédente édition, StandUp a d'ailleurs créé le malaise en dénigrant un autre groupe de personnes. En mars 2019, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) a d'ailleurs adressé un avertissement à la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT), après un passage, le 2 février, de l'humoriste Kahlouch. Diffusé en direct, le sketch a en effet été considéré comme offensant et dégradant vis-à-vis de la population subsaharienne installée au Maroc. Dans un communiqué, le CSCA avait indiqué que «l'utilisation du qualificatif ''kahlouch'' de manière répétitive, constitue un sobriquet, à connotation péjorative, renvoyant à la couleur de peau et dépassant le caractère humoristique et confinant à la moquerie et au mépris ; ce qui constitue une injure péjorative et raciste, à l'égard d'une catégorie du public, et met ce contenu en non-conformité avec les dispositions relatives à la dignité humaine ainsi qu'aux valeurs du vivre ensemble».