A chaque nouvelle saison de vente d'huile d'olive, le marché des huiles frelatées et de la distribution informelle prolifère, mettant en danger la santé des consommateurs. C'est pourquoi, des associations alertent sur le choix des produits, tout en appelant à un renforcement des contrôles. Depuis 2016, l'arrêté n°293-16 conjoint du ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime et celui de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique fixe les caractéristiques physico-chimiques et organoleptiques requises pour la commercialisation des huiles d'olives et des huiles de grignons d'olive. Cependant, ces exigences ne sont pas toujours respectées, surtout si les producteurs ne sont pas agréés, ne bénéficient pas d'un agrément de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). C'est ce sur quoi alertent nombre d'associations professionnelles ou de protection des consommateurs, qui interpellent le ministère de tutelle ainsi que l'ONSSA sur l'importance de veiller au respect de ces exigences sanitaires. Celles-ci incluent notamment la composition en acides gras de ces huiles, leur teneur en acides gras trans, leur composition en stérols et en dialcools triterpéniques, en plus de critères qualitatifs (acidité libre, absorbance dans l'ultraviolet, teneur en eau et en matières volatiles, en impuretés insolubles dans l'éther de pétrole, traces métalliques et Esters méthyliques (FAME) et éthyliques (FAEE) des acides gras). Un contrôle des filières informelles s'impose Si la fraude la plus connue consiste à mélanger de l'huile d'olive avec celle de table, de nouveaux usages s'y sont ajoutés, face à quoi la Fédération nationale des droits des consommateurs alerte les consommateurs, mais aussi les autorités de contrôle et d'encadrement. Président de l'association, Bouazza Kharrati, nous explique en effet qu'«après le lait, l'huile est la deuxième denrée alimentaire frelatée et certaines huiles ont un taux d'acidité élevé, ce qui expose la santé des consommateurs à des maladies comme la cirrhose non-alcoolique». «Les instances de contrôle doivent prendre en charge la situation dès maintenant car elle commence à prendre de grandes propositions. Certains producteurs incorporent des produits chimiques à l'huile de table pour lui donner de l'arôme à l'huile d'olive», prévient Bouazza Kharrati. «Nous demandons à l'ONSSA de renforcer ses contrôles et que le ministère de l'Agriculture encadre les petits producteurs pour qu'ils s'organisent en associations ou en coopérative et obéissent aux exigences sanitaires et qualitatives requises pour la vente légale de leur produit», plaide-t-il, face à la situation. Faisant référence à l'arrêté ministériel conjoint n°293-16, le président de la Fédération rappelle que «la première condition pour une consommation sûre de l'huile d'olive est que les lois en la matière soient appliquées». «Toutes les denrées alimentaires conditionnées ou transformées doivent être soumises aux exigences de l'ONSSA et à son contrôle, qui permet d'avoir un agrément ou une autorisation de production, avec un système de traçabilité et des étiquettes sur les indications de la société productrice et la méthode d'utilisation, notamment les précautions de consommation», nous explique encore Bouazza Kharrati. «Ces éléments sont pris en compte par les sociétés agréées, mais la majorité des huiles d'olive au Maroc sont vendues en vrac ou par des marchands ambulants», note l'associatif, selon qui «certains mettent un cachet religieux dessus, comme gage de qualité, en installant leurs estafettes de vente devant les mosquées». Et de préciser que «la seule garantie de santé est d'acheter une huile empaquetée». «L'huile d'olive est un bon moyen de prévention de certaines maladies, qui renforce notamment les traitements anticancéreux», rappelle par ailleurs le président de la Fédération.