◆ Le système de contrôle actuel est défaillant, avec peu de moyens humains et matériels. ◆ Le lancement d'un nouveau cadre législatif et règlementaire est préconisé.
Par C. Jaidani
La qualité des produits consommés revient sur les devants de la scène. La Fédération nationale des associations de protection des consommateurs au Maroc (FNAC Maroc) a diffusé dernièrement un communiqué faisant état de produits dangereux pour la santé (cancer du colon, obésité, dépression ou eczéma) entrant dans la composition du pain écoulé au niveau du marché local. La Fédération a appelé également à revoir tout le système de contrôle des produits fortement consommés. «Le pain vendu dans le marché est modifié génétiquement et présente des risques sanitaires pour les consommateurs. Au niveau de la production, l'utilisation des pesticides présente des risques majeurs. Chez les minotiers, l'utilisation des additifs alimentaires pour améliorer le rendement de la farine présente eux aussi un risque pour le consommateur. Dans le stade final lors de la fabrication du pain, d'autres éléments sont ajoutés et sont nocifs à la santé, comme le sucre ou la levure. Depuis 2012, nous avons attiré l'attention à ce sujet et avons interpellé le gouvernement et des parlementaires. Mais, depuis, rien n'a été fait. Un lobby se dresse pour bloquer l'instauration d'un nouveau cadre législatif et réglementaire pour superviser tout le système, qui est multisectoriel et fait intervenir plusieurs acteurs», dénonce Bouaâzza Kharrati, président de FNAC Maroc. Selon lui, il faut contrôler toute la chaîne de valeur de la filière céréalière, de la production ou l'importation jusqu'à la consommation finale. Et Kharrati de souligner que «le Maroc importe une bonne partie de ses besoins en blé de l'étranger. Il fait savoir que les pays exportateurs de céréales disposent d'au moins deux ans de stock, et parfois six ans. Ils rajoutent des produits conservateurs pour que ces céréales soient bien entretenues. Pour s'en prémunir, il faut que les produits importés disposent d'un certificat de salubrité». Outre le contrôle documentaire et les exigences de traçabilité, le contrôle analytique est primordial pour les produits alimentaires. Le président de la Fédération déplore ainsi «le manque de moyens déployés pour contrôler les produits alimentaires. Il n'existe qu'un seul laboratoire de contrôle, celui de Casablanca, et il est incapable de répondre à tous les besoins. Il y a plus de 1.000 molécules à rechercher, sans compter une centaine de pesticides». Il faut rappeler que le pain n'est qu'un produit parmi d'autres qui peuvent être impactés par les pesticides non conformes. La Fédération a choisi le pain pour son enquête car il est l'aliment le plus consommé au Maroc, avec une moyenne de 120 kilogrammes par habitant et par an. Kharrati, dans ce cadre, prône une refonte totale du système de contrôle et d'encadrement de la consommation au Maroc. A l'instar de plusieurs pays dans le monde, il propose la création d'un organisme indépendant doté d'un budget conséquent, comme le ministère dédié en France ou l'agence au Canada. «Bien avant le Conseil économique, social et environnemental (CESE), nous avons demandé que l'ONSSA ne soit plus sous la tutelle du ministère de l'Agriculture, mais plutôt supervisé par la primature ou avoir le statut d'autorité de contrôle comme la HACA ou l'ACAPS. Un département ministériel est politisé et les décisions peuvent défendre l'intérêt des producteurs au détriment des consommateurs», souligne Kharrati.