Le 13 décembre 2018, le roi Mohammed VI désignait Mohamed Bachir Rachdi à la tête de l'Instance nationale de la probité de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC). Après une année de diagnostic du phénomène, le président a livré vendredi 3 janvier son constat. «L'étude des dernières politiques et des mesures de lutte contre la corruption a permis de constater un décalage entre les efforts fournis et les résultats ressentis et de conclure que l'approche segmentée ne répondait pas aux attentes espérées», a-t-il reconnu sur un ton diplomatique auprès de l'agence MAP. Rachdi a plaidé l'adoption urgente d' «une approche participative, et ce, par l'implication du secteur privé, la société civile avec l'ensemble des secteurs gouvernementaux et des institutions nationales concernés». Les trois composantes citées par le président figurent, pourtant, dans le tour de table de la Commission nationale anti-corruption. Sans se prononcer pour un changement radical de la politique suivie jusque là dans ce secteur, il a appelé à «une restructuration de la Stratégie de lutte contre la corruption sans pour autant remettre en cause ses fondements», vu qu'elle «dispose de tous les ingrédients d'une stratégie bien fondée et construite autour de principes universels». La stratégie en question a été lancée an mai 2016, à seulement cinq mois avant les législatives du 7 octobre, par le gouvernement Benkirane pour un coût de 1,8 milliard de dirhams. Un ambitieux programme qui s'était fixé comme objectif principal d'améliorer la place du Maroc dans le classement établi chaque année par l'ONG Transparency International pour atteindre la 60e place à l'horizon de 2025. En juin 2017, le cabinet El Othmani a lancé la Commission nationale anti-corruption (CNAC), placée sous la tutelle directe du chef du gouvernement ayant les mêmes attributs que l'INPPLC. La CNAC, est un cocktail réunissant public-privé-société civile, qui a pour mission de «définir les orientations stratégiques, valider la cohérence globale, assurer le suivi stratégique, la coordination et l'arbitrage. Elle se réunit à fréquence semestrielle». Les deux instances, CNAC et INPPLC, ont d'ailleurs tenu une réunion de coordination le 15 février 2019.