«Un verdict scandaleux». C'est ce que pense Amnesty international de la décision du tribunal de première instance de Salé, rendue lundi soir à l'encontre de Gnawi, reconnu coupable d'«insulte à un corps constitué». Dans une note d'information publiée le soir même, la directrice de l'ONG pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Heba Morayef a estimé en effet que «rien ne peut justifier d'emprisonner [le chanteur] pendant un an simplement parce qu'il a exercé son droit à la liberté d'expression». Elle a appelé les autorités marocaines à «annuler cette condamnation» et libérer le concerné «immédiatement et sans condition». Dans le cadre de ce procès, le tribunal s'est basé sur une vidéo datée d'octobre dernier, où Gnawi apparaît dans un état hystérique et explique avoir été molesté par deux agents de police, qui l'auraient dépouillé d'une somme d'argent. Hier, lors de la dernière séance avant les délibérations, le parquet a proposé de joindre au dossier un CD et la retranscription de l'une des chansons de Gnawi, sortie en 2014. La défense a considéré cette initiative comme une preuve que le rappeur était visé pour ses chansons et non pas pour la vidéo qui a enclenché la procédure. Pour Amnesty international, «exprimer des critiques pacifiques à l'encontre de la police ou des autorités n'est pas un crime». L'ONG ajoute que «le droit international protège le droit à la liberté d'expression, même lorsque les opinions partagées sont choquantes ou offensantes». «Ce verdict envoie un message clair que les autorités marocaines n'hésiteront pas à réprimer les personnes qui s'expriment librement et indique que ceux qui osent critiquer ouvertement les autorités s'exposeront à des sanctions», a fustigé Heba Morayef. Gnawi a été arrêté le 1e novembre, quelques jours après la mise en ligne de la chanson «3acha cha3b». Interprété avec les deux autres rappeurs Lz3er et Weld L'Griya, le morceau a porté des critiques aux autorités marocaines.