Tempète dans un verre d'eau ? Après notre article sur l'initiative des défenseurs de la langue arabe, Sion Assidon a apporté un démenti quant à son adhésion. Pourtant, Fouad Abou Ali et Abdessamad Belkebir assurent avoir obtenu son engagement avant de dévoiler son nom à Yabiladi. Suite à notre article paru le 15 août sur l'initiative lancée par des opposants contre le projet dit de «francisation de l'enseignement», notre site a reçu une mise au point de Sion Assidon. Le militant associatif assure que notre information sur son adhésion au groupe est «inexacte» et «erronée». Or l'information nous a été révélée par Fouad Abou Ali, président du «Collectif national pour la langue arabe» et confirmée par le militant de gauche Abdessamad Belkebir. Ce dernier, étonné par cette réfutation, affirme avoir négocié en personne avec Sion Assidon. «Sion Assidon était très enthousiaste à notre projet et a affirmé qu'il partage entièrement la teneur du communiqué que nous avons publié le 7 août.» Abdessamad Belkebir Abou Ali et Belkebir profondément déçus Pour sa part, Fouad Abou Ali a tenu à préciser que l'initiative lancée le 7 août «n'est pas une pétition», le processus d'adhésion suit certaines règles. «Une commission composée de trois personnalités a été constituée ayant pour mission de prendre des contacts avec certaines figures politiques et de la société civile. Une fois qu'elles se sont montrées enthousiastes et acceptées de nous rejoindre, leurs adhésions sont entérinées par les membres fondateurs à l'occasion de notre deuxième réunion». Fouad Abou Ali et Abdessamad Belkebir / Photomontage Yabiladi Dans le cas de Sion Assidon, l'adhésion au groupe avait dépassé le stade des négociations, ne restait que son officialisation, comme cela nous a été confirmé à la fois par Fouad Abou Ali et Abdessamad Belkebir. Mais l'une des figures du mouvement anti-normalisation avec Israël aurait finalement fait volte-face. Ce revirement soudain d'Assidon a profondément déçu le président du Collectif national de la langue arabe. «Il y a quelques chose qui ne tourne pas rond dans cette affaire», a-t-il déploré hier soir. Abdessamad Belkebir comprend d'autant moins le non respect de la parole donnée alors que Sion Assidon «est allé encore plus loin que Abdelilah Benkirane sur la préservation de l'enseignement en langue arabe», a ajouté. L'épouvantail Benkirane ? Il semblerait que la personnalité de l'ancien chef de gouvernement soit au coeur de la colère du coordinateur de BDS Maroc. En effet, après la publication de notre article, le principal objet de son appel téléphonique était le fait que son nom soit accolé à celui de Benkirane. «Vous n'avez pas mon autorisation de faire ça et je vais vous attaquez pour diffamation», a menacé le militant des droits de l'Homme. Bizaremment, les menaces ont été uniquement dirigées contre le média ayant publié les propos du président du Collectif national pour la langue arabe, et non l'auteur des propos dont le nom n'a jamais été mentionné par Sion Assidon. Les coulisses du collectif d'opposants contre «la francisation de l'enseignement au Maroc» semblent traversées par des vents contraires. Fouad Abou Ali s'était montré prudent hier en ne divulgant que les deux noms les plus enthousiastes à l'adhésion afin de ne pas braquer les personnalités étant dans des positions plus délicates. «L'initiative compte dans ses rangs des personnalités appartenant à différentes familles politiques. Il y a des islamistes du PJD et d'Al Adl Wal Ihsane, de l'extrême gauche et de l'Istiqlal, ainsi que des personnalités de la société civile. Il faut trouver le dénominateur commun entre toutes ces sensibilités pour pouvoir avancer, tout en veillant à ne pas heurter les égos de chacun», avait prévenu Fouad Abou Ali. Finalement, la seule présence d'Abdelilah Benkirane aura suffit à jouer le rôle d'épouvantail pour les militants partageant pourtant le même point de vue sur l'article 2 de la loi-cadre 51-17.