Dans leur combat contre des milieux francophones, les partisans de l'arabe demandent une intervention du roi Mohamed VI en vue de mettre un terme «aux putschs qui menacent l'identité des Marocains» et la « stabilité de l'Etat». Au Maroc, la mobilisation des partisans de l'arabe ne faiblit pas. Réunis au sein du Collectif pour la défense de cette langue, ils avaient lancé un manifeste appelant à sa protection des «agressions» du français. Une initiative qui a connu l'adhésion de plus de 400 intellectuels, de religieux et députés. Aujourd'hui, ils franchissent un nouveau cap dans leur combat. «La semaine prochaine nous soumettrons un mémorandum au cabinet royal car le roi a un rôle d'arbitrage et il est le véritable président du pouvoir exécutif. La coordination du Collectif a pris cette décision lors de sa réunion du 23 mai», nous confie Fouad Abou Ali le porte-parole de l'ONG. «Le dialogue avec le gouvernement est au point mort» Frapper à la porte du Palais s'est imposé au mouvement après «l'échec constaté de toutes les propositions que nous avions présentées au gouvernement pour l'opérationnalisation de l'officialisation de la langue amazighe et la création de l'Académie Mohammed VI pour la langue arabe», souligne-t-il. Par le passé, l'ONG avait déjà rencontré à maintes reprises les anciens ministres El Habib Choubani et Soumia Benkhaldoun ainsi que Mohamed Amine Sbihi, le ministre de la Culture. Bouali révèle que les négociations avec le cabinet Benkirane «sont au point mort». Et de noter que «l'actuel gouvernement a failli dans la gestion du dossier linguistique. Ils disent attendre le feu vert d'une autre partie pour passer à l'acte. Sauf que l'heure n'est guère à l'attentisme, la langue arabe est sérieusement menacée». Porter plainte contre le Conseil présidé par Azziman ? Les recommandations du rapport du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, présidé par Omar Azziman, inquiètent les membres du Collectif. Notre interlocuteur estime que l'instance a violé l'article 5 de la constitution du 1er juillet 2011. Celui-ci affirme que «l'arabe et l'amazighe sont les deux langues officielles du royaume et non le français». Bouali brandi la menace de recourir à la justice contre le Conseil. «La coordination du Collectif n'écarte aucune option dans son combat pour la préservation du symbole de notre identité nationale des agressions». Le 15 novembre 2013, au siège de la présidence du gouvernement, Abdelilah Benkirane, accompagné par feu Abdellah Baha, recevait des membres du Collectif. Une réunion qui avait suscité de l'enthousiasme auprès des partisans de l'arabe. Vingt-sept mois plus tard, l'heure est plutôt au pessimisme.