Dans quatre mois seulement, se dérouleront les élections présidentielles. Le Parti Socialiste est prêt à tout pour gagner plus de voix en promettant plus de minorités visibles au sein de l'Assemblée Nationale pour juin 2012. Sa solution : réserver certains sièges à des blacks et des beurs. Une décision qui ne plait pas à tous les socialistes. En 2008, les Américains ont élu pour la première fois de leur histoire un Président noir, Barack Obama se présentant en 2012 pour un second mandat. A fin 2011, en France, on en est encore à chercher la diversité en politique. A quatre mois des élections présidentielles, le Parti Socialiste met les bouchées doubles pour séduire l'électorat issu des minorités ethniques. De l'autre côté, chez l'UMP tout est fait, par contre, pour taper sur les immigrés afin de grappiller des voix du Front National. Réserver voire imposer Dans un article paru aujourd'hui, Le Monde explique que les socialistes sont déterminés à mettre plus de couleur dans leur rang et notamment dans l'Assemblée Nationale, en réservant des sièges aux candidats français d'origine étrangère, en 2012, voire même souligne le journal, à les imposer. On parle actuellement de 25 circonscriptions dédiées à la diversité dont dix qui peuvent être gagnées. La première à avoir tenté de donner plus de poids aux élus socialistes issus de la diversité était Ségolène Royale en 2007. Mais cela a été un échec. Une personne uniquement avait pu être élue députée : George Pau-Langevin, candidate à Paris, native de Guadeloupe, la première noire à l'Assemblée Nationale dans l'histoire de l'hexagone. Vient ensuite la victoire de Nicolas Sarkozy aux Elections Présidentielles. Le nouveau président français nomme symboliquement Rachida Dati au poste de Ministre de la justice, Rama Yade, secrétaire d'état chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme et Fadéla Amara secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la Ville, «ringardisant d'un coup la gauche et ses hésitations universalistes» ironise le Monde. Perplexité Mais cette décision de réserver des sièges de l'Assemblée Nationale, à des personnes issues de la diversité laisse perplexe certains membres même du Parti Socialiste. «Ce n'est pas parce que le Parti Socialiste va investir 25 personnes issues de la nouvelle France, que les mentalités en politique vont changer !», lance d'un ton ferme Kamel Chibli, Mairie adjoint à Lavelanet. Il vient d'ailleurs d'être nommé conseiller à la présidence du Sénat. Un problème de mentalité souligné également par d'autres membres du parti socialiste qui dénoncent que le problème vient de l'intérieur de certaines sections socialistes. "On entend de tout", racontent certains secrétaires nationaux : "on a moins de chances de gagner", "nos électeurs n'éliront jamais un Arabe", "on a eu la parité, maintenant la diversité, la prochaine fois ce sera les handicapés". "La résistance vient des caciques locaux qui ont peur de perdre leur place, pas des électeurs", raconte Sabrina Ghallal, conseillère générale de la Marne. "Pour le PS, les minorités doivent rester invisibles. Et pourtant, la direction sent bien qu'il y a un problème", confie de son côté Malik Boutih au Monde. «Rachida Dati élue par Dieu !» Par ailleurs, pour Kamel Chibli, parler de diversité est un couteau à double tranchant et ne rend pas nécessairement service aux élus issus de la diversité. Il dénonce là non seulement, un risque de les enfermer dans des cases mais aussi de propager l'idée, auprès des électeurs, que ces Français ont été élus pour représenter les gens de couleur. «Pour moi, la meilleure manière de réussir en politique est d'avoir un parcours et une légitimité locales, de faire du terrain pour être proche des gens et de faire en sorte d'être présents sur les listes municipales», poursuit-il. Deux questions se posent donc : Pourquoi la diversité n'a-t-elle pas été une priorité plus tôt pour les socialistes ? Et pourquoi revient-elle au devant de la scène seulement à quelques mois des élections présidentielles ? «Pourquoi le PS devrait-il être proche de cette population [celle issue de la diversité] ? Ca veut dire quoi ?» lâche-t-il furieux. «Ce problème n'est pas un problème socialiste, c'est un problème lié à la classe politique française toute entière. C'est un problème de mentalité présent sur tout le territoire. On est encore dans un système de quota. Citez-moi quelqu'un qui a eu un poste à responsabilité et qui a eu derrière lui un parcours local ? Rachida Dati a été élue par la volonté de Dieu !» déclare-t-il en insinuant que les ministres nommées par Nicolas Sarkozy n'ont jamais fait leur preuve sur le terrain. «Je crois en l'avenir, la France n'est plus celle que l'on connaissait, l'évolution se fera», conclut Kamel Chibli.