Kamel Chibli, fraîchement réélu en qualité d'adjoint au maire à la ville Lavelanet (Ariège) et proche...soutien de Ségolène Royal, s'exprime sur le rôle joué par les citoyens français issus de l'immigration d'Afrique du nord lors des élections communales 2008, le traitement médiatique éphémère accordée à la diversité, et la «stratégie» de Nicolas Sarkozy avec l'immigration comme thème phare. - Yabiladi : Il semblerait que la diversité a été la grande absente de ce scrutin national. Qu'en est-il ? Le PS a-t-il joué sur ce volet ? - Kamel Chibli : Concernant la place de la diversité au sein des élections municipales, c'est un véritable sujet, mais qu'il ne faut aborder au travers d'une démarche communautaire. Je ne peux pas répondre au nom du parti socialiste, mais déjà dans ma région, nous avons travaillé pour que les têtes de liste investies par les partis de gauche prennent dans leur listes des jeunes et des moins jeunes issus de cette nouvelle France. Je préfère ce nom à celui de minorité, issu de, d'origine,... Ce combat a été mené avec de nombreux nouveaux élus issus de cette nouvelle France et je me suis battu pour que les listes soient représentatives de la population française. Si on veut éviter une crise profonde entre la population et la politique, agissons pour qu'il y ait une meilleure représentativité. Maintenant, il y a beaucoup de travail à faire, mais je peux assurer que sur cette question, je me bats au quotidien pour faire avancer mes idées et celles de ceux qui m'accompagnent. Il est clair que sur ce sujet le PS doit encore travailler pour être exemplaire. Je suis persuadé que la meilleure formation pour les leaders issus de cette nouvelle France, c'est l'échelon local car c'est là où l'on fait l'apprentissage de la politique. On se forme et on devient légitime. - Alors que ces élections revêtaient un enjeu local, l'électorat populaire a déserté les urnes. Est-ce la conséquence du désintérêt des politiques envers ces populations ? - Je pense que de toute évidence, il n'y a pas eu un grand engouement pour ces élections municipales notamment dans certaines grandes villes. Il faut se rendre à l'évidence que de tous temps les élections municipales ont eu un fort taux d'abstention, même si sur cette élection la participation a été un peu plus importante. Cela pose beaucoup de questions, notamment sur le rôle des politiques municipales ? Mais aussi la crise de représentativité des couches populaires au sein des classes politiques. En disant cela, je parle aussi des ouvriers, des étudiants,.... Si ces populations avaient été mieux représentées, les électeurs se seraient mobilisés certainement plus car pour la première fois, ces citoyens auraient identifié un interlocuteur disponible, à leur écoute. De toute évidence, les quartiers se politisent beaucoup plus et cela est très important pour le devenir de notre territoire. - Les médias ont délaissé le terrain de la diversité. Quel est votre avis sur le sujet? - Les médias ne parlent que de ce qui les intéressent. Je pense que ce n'est pas un mal car si c'est pour jouer l'affichage médiatique comme si nous étions des «animaux», et que l'on dise par le biais d'experts ou de politiques, que l'intégration à la française ne marche pas; je préfère encore que les médias ne se mêlent pas de ce sujet. Il faut que les médias nous laissent travailler et qu'ils fassent en sorte de traiter des sujets porteurs et parler de la richesse de nos quartiers. Il faut aussi éviter d'enfermer les personnes qui réussissent derrière le mot quartier, banlieue, et diversité. Il faut arrêter de nous enfermer dans des cases convenues. - Nicolas Sarkozy s'apprête à s'exprimer sur l'immigration. Est-ce une pure manœuvre politique, une manière, pour lui, de reprendre du poil de la bête auprès de son électorat ? - Il est évident que Nicolas Sarkozy va essayer toutes les manœuvres politiciennes pour récupérer son électorat. Chaque fois qu'il veut le faire, il oppose les gens et il joue sur la peur. Alors je ne ferai pas tellement de commentaire sur la politique du Président. Les Français ont choisis le président de la République pour 5 ans, nous verrons sa politique, mais ce que l'on peut dire, c'est que son démarrage est assez catastrophique et nous ne sommes qu'au début de nos surprises. :: Consulter le blog de Kamel Chibli