Lorsque vous souhaitez créer votre entreprise au Maroc, la première étape est de passer par la case CRI qui va vous aider à récolter toutes les informations nécessaires et vous guider dans les démarches administratives. Cependant, le cabinet américain McKinsey a observé des failles dans le travail mené au sein de ces centres. Ces observations et recommandations ont été regroupées dans un rapport délivré au gouvernement. Voilà 10 ans que les CRI, les Centres régionaux d'investissement existent au Maroc. Objectif : venir en aide aux personnes qui veulent créer leur entreprise au royaume à travers la création de deux guichets, le guichet 1 étant dédié aux formalités administratives pour lancer sa société et le guichet 2 pour conseiller les investisseurs et les mettre en contact avec les autorités locales. Au total, il existe 16 CRI au royaume. Près de 10 ans après leur création, le gouvernement a voulu faire un bilan pour savoir si oui ou non les CRI sont efficaces. Il a donc décidé de commander une étude auprès du cabinet McKinsey pour passer au peigne fin ces centres. C'est le Ministère de l'intérieur qui recevra un rapport détaillé, en février dernier, sur les réformes à mener pour améliorer ces centres. Un rapport qui n'a jamais été publié. 10 mois plus tard, ce document est tombé entre les mains du journal la Vie Eco qui en fait sa une et un article dans l'édition de cette semaine. Le journal regrette que rien n'ait été fait par le gouvernement pour réformer les CRI depuis que le rapport lui a été délivré. Guichet 1 versus guichet 2 Premier constat positif souligné dans l'article est que «les CRI ont été un outil efficace pour la création d'entreprises», et ce grâce à la réactivité du personnel et à une bonne organisation du guichet 1, permettant de faciliter les formalités administratives aux nouveaux entrepreneurs. Cependant, lorsqu'il s'agit de passer à l'étape suivante, c'est-à-dire au guichet 2, c'est une autre histoire. «La plupart des services ne sont pas convenablement assurés comme l'appui et le conseil en RH et en financement ainsi que la mise en relation avec les prestataires et partenaires», explique la Vie Eco. Les autres dysfonctionnements relevés dans le rapport concernent le foncier mais également le retard des délivrances des autorisations de construire. Concernant ce dernier point, le rapport Doing Business 2012 avait néanmoins souligné que le Maroc avait fait des efforts pour accélérer ces délivrances par rapport à l'année dernière, mais qu'il reste néanmoins encore beaucoup de chemin à parcourir. Autre handicap : le manque de moyens matériels et humains créant un manque de communication entre les différentes administrations concernées. Enfin, dernier point noir, les CRI n'ont pas su s'adapter aux spécificités de chacune des régions et miser sur les secteurs clés afin de booster le développement local et encourager les projets dans ce sens. En revanche, deux régions semblent être les deux exceptions à mettre en pratique ce point : l'Oriental et le Souss-Massa. Solutions proposées En plus de relever les faiblesses qui empêchent les CRI de mieux faire leur travail, le cabinet McKinsey propose également des solutions. La première est de transformer les CRI en CRDE, c'est-à-dire des Centres régionaux de développement économique. Objectif : se recentrer sur les atouts et richesses des régions, et ce, précise l'article «dans une logique évolutive qui s'adapte au rythme de la régionalisation du royaume (…) avec des capacités institutionnelles et budgétaires propres et larges». Selon l'étude, un CRI devrait être dirigé par un conseil d'administration «composé de membres des délégations administratives régionales (wali, délégués régionaux ministériels, président du Conseil régional) ainsi que des représentants de la société civile et des associations professionnelles». Ensuite, le cabinet propose de s'attaquer aux lenteurs administratives en proposant de mettre en place un service spécialement dédié au foncier et à la délivrance des autorisations de permis de construire qui serait en contact direct avec l'administration concernée pour distribuer des dérogations aux CRI. Pour ce qui est du manque de matériel et d'efficacité du personnel, McKinsley propose de revoir les plates formes informatiques actuellement utilisées et de mettre en place un système d'évaluation pour mesurer la performance des employés. Autant de bonnes solutions qui ne pourront, hélas, pas être menées dès demain. Le cabinet estime qu'il faut 5 à 10 ans pour les mettre en pratique et changer le visage actuel des CRI. Le champion des CRI est celui du Gharb ! D'après le rapport McKinsey, le CRI le plus dynamique au Maroc est celui du Gharb-Chrarda. C'est celui qui facilite le mieux les démarches administratives des nouveaux entrepreneurs et investisseurs. Toutes ces prestations, de manière générale sont jugées bonnes et efficaces. Celui qui détient la médaille d'argent est le CRI du Grand Casablanca, de quoi faire sourire son directeur Hamid Benelafdil. Les clients sont bien orientés et les délais sont corrects. La Vie Eco souligne également que ce CRI est celui qui a su le mieux dynamiser sa région, au Maroc. Point faible néanmoins, comme les autres CRI d'ailleurs, le retard et les difficultés rencontrés dans la délivrance des autorisations de construire. Le dernier de la classe est le CRI de Marrakech qui accumule plus de mauvais que de bons points dans la plupart de ces prestations de service.