Le retard des précipitations inquiètent les agriculteurs. Si leurs craintes s'avéraient la production agricole pour 2012 serait compromise. Rien de vraiment rassurant, alors que certains émettent des doutes quant aux chiffres officiels sur l'état des stocks de blé. Que de menaces pour notre pain ! Les prévisions météorologiques annoncent le retour des pluies pour le début de la semaine prochaine. Un début d'année sous la pluie donc. Une bonne nouvelle pour les agriculteurs, inquiets pour leur production. «Il y a une baisse de la pluviométrie depuis une cinquantaine d'années. Les trois dernières années ont été exceptionnelles et les récoltes ont été nettement au dessus de la moyenne . Là on retourne à la normale» nous confie le Pr Yassine Jamali, agriculteur. Le quotidien les échos révèle de son côté, que la campagne en cours avait dû démarrer avec du retard, car les pluies avaient tardé. Cette fois, ce sont les récoltes qui semblent menacées. Principal indicateur d'une saison agricole réussie, le blé (70% des exploitations nationales) focalise les inquiétudes. «Les céréales ont besoin d'un minimum de 300 mm bien répartis , c'est à dire 15 à 30 mm tous les 15 jours d'octobre à avril inclus. En réalité ce cas idéal est rarement rencontré donc on fait avec ce qu'on a (...)» nous précise le Pr Yassine Jamali. Selon les chiffres publiés par le quotidien L'Economiste dans son édition de ce jour, le Maroc qui figure parmi les grands importateurs de cette denrée, en a importé près de 12 millions de tonnes en 2011. Si cette céréale représente 70% des surfaces agricoles du Royaume selon Les Echos, il semble toutefois que la production nationale ne parvienne pas à couvrir les besoins de la consommation locale. Quid de l'état des stocks ? Le spectre d'une récolte moins bonne n'augure donc rien de bon pour l'année à venir. Pourtant, les hautes instances du secteur céréalier se veulent rassurantes. L'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) annonce dans un récent communiqué, que «L'approvisionnement du pays en blé continue dans des conditions normales en raison des disponibilités importantes sur le marché intérieur en blé local et importé». Parlant d'une «situation confortable», l'ONICL annonce que «les stocks prévisionnels à fin décembre en blé tendre devront dépasser les 16 Mqx, soit l'équivalent de plus de quatre mois des besoins des minoteries industrielles. Or… Cette nouvelle est accueillie avec scepticisme par plusieurs professionnels du secteur. On s'interroge en effet sur le bienfondé des récentes dispositions visant à réduire les droits de douanes sur l'importation de blé dur. Ces-derniers ont ainsi été suspendus depuis le 1er octobre, alors que ceux sur le blé tendre ont été ramenés à 30 % (contre 135% auparavant). Ces mesures seront vraisemblablement reconduites pour l'année à venir. La question qui se pose est donc : pourquoi laisser la porte grande ouverte à l'importation alors que selon l'ONICL, l'actuel niveau des stocks «représente un record absolu comparativement à ceux de toutes les campagnes précédentes» ? Le quotidien Le Soir semble avoir la réponse : «la qualité de l'approvisionnement en a pris un coup sérieux», selon un professionnel interrogé par le périodique. A priori, il y aurait donc moins de bon grain pour le pain. Si en plus, les inquiétudes sur les précipitations étaient confirmées, la récolte serait effectivement moins bonne encore en 2012, et le pain plus cher à produire.