Le ciel reste invariablement bleu et la faible pluviométrie suscite l'inquiétude, en particulier chez les petits agriculteurs qui, pour l'instant ne perdent pas espoir. Certes, il n'y a pas de quoi paniquer. Mais la situation, loin d'être dramatique, demeure tout de même préoccupante. S'il ne pleut pas dans les jours qui viennent, les conséquences de manque d'eau se feront, sans doute, sentir, particulièrement pour les céréales d'automne. La décision prise par le gouvernement, en milieu de semaine, de suspendre les taxes frappant les importations de céréales (135 % pour le blé tendre et de 80 % pour le blé dur) répond au besoin d'assurer l'approvisionnement régulier du marché des céréales et la stabilité des prix. La campagne agricole 2011-2012 sera-t-elle moins bonne que la précédente ? Le pire n'est jamais sûr, dit l'adage. D'après les responsables de la COMADER, si la pluie arrive dans une semaine, la campagne agricole sera sauvée. Pour l'heure, l'état végétatif vit une situation difficile. Et si le froid se corse et génère du gel, l'espoir d'une campagne agricole normale risque de s'éroder. En principe, toutes les mesures ont été prises par les autorités de tutelle pour assurer un bon déroulement de l'actuelle campagne. Les officiels disent que tous les indicateurs (superficies semées, engrais et semences vendus, disponibilité de l'eau des barrages à usage agricole…) écartent tout sentiment de panique. Cela dit, le marché des céréales sera bien approvisionné, rassure l'ONICL (l'Office national des interprofessionnel des céréales et légumineuses). Le Maroc a déjà importé un peu plus de 9 millions de quintaux de blé tendre. En plus, le volume collecté de blé tendre de production nationale a dépassé les 20 millions de quintaux. Cette semaine, la presse a pourtant alerté sur le niveau bas de nos silos. L'état des stocks est à peine suffisant pour les trois prochains mois. Sans oublier que le bétail a besoin de céréales pour se nourrir. C'est dire l'urgence de se préparer à devoir en acheter suffisamment, si l'on veut éviter les ruptures de stocks. Selon l'ONICL, le volume collecté en blé tendre de production nationale a atteint (au 7 décembre) 21 millions de quintaux. De plus, ajoute l'Office, «des mesures prises par le gouvernement dès le mois de septembre pour permettre des importations à partir de la mi-novembre en vu du maintien d'un niveau de stock élevé à l'intérieur du pays et de faciliter l'écoulement de la production nationale par le coupage». Si l'en on croit l'ONICL, plus de 8 millions de quintaux de blé d'importation ont déjà été mis sur le marché intérieur. Les stocks prévisionnels à fin décembre en blé tendre devront dépasser les 16 Mqx, soit l'équivalent de plus de quatre mois des besoins des minoteries industrielles. Ce niveau de stock, en fin d'année, représente, selon les responsables de l'ONICL, un record absolu comparativement à ceux de toutes les campagnes précédentes. Par conséquent, les prix à l'intérieur du pays resteront maintenus à leurs niveaux ciblés. Il faut bien rappeler que la récolte céréalière marocaine connaît de fortes variations de production dues à l'irrégularité des pluies d'une année à l'autre. De toutes les façons, le Maroc a toujours eu recours à l'importation de blé pour couvrir ses besoins annuels. Il compte parmi les principaux importateurs dans la région MENA après l'Egypte et l'Algérie. Suspension des droits de douane L'ONICL dit poursuivre ses efforts pour assurer un approvisionnement normal et régulier du pays en céréales. D'après les statistiques fournies par l'Office, les importations de céréales ont atteint 9,5 Mqx, depuis le début de l'actuelle campagne, constituées à 77% de maïs. Elles ont régressé de 48% par rapport à la même date de la campagne précédente. A fin octobre 2011, 93% des importations ont été effectuées, respectivement, à partir du Brésil (38%), l'Argentine (34%) et la France (22%). Côté transformation industrielle des céréales, le niveau consommé a atteint, à fin octobre 2011, 29 Mqx, marquant une légère augmentation de 3% par rapport à la même période de la campagne précédente. A fin octobre 2011, la minoterie industrielle a écrasé 52% de blé tendre d'origine locale. Les farines libres et subventionnées représentent respectivement 55% et 14% des fabrications de la minoterie industrielle. S'agissant des stocks des céréales, détenus par les opérateurs déclarés à l'ONICL et au niveau des silos portuaires, leur niveau tourne aux alentours de 17 millions de quintaux, reconnait l'Office, un niveau en diminution tout de même d'un mois à l'autre. Certains observateurs s'inquiètent en effet du niveau réduit des stocks disponibles et s'interrogent sur les mesures d'urgence que doivent prendre les autorités pour assurer l'approvisionnement normales du marché et la stabilité des prix. Réagissant à cette situation, le gouvernement a décidé, lors de son dernier conseil sous la présidence d'Abbas El Fassi, de proroger la suspension de la perception des droits d'importation sur le blé dur et tendre, et ce jusqu'au 28 février. Une production mondiale mieux que prévu La production céréalière européenne s'avère de 10Mt supérieure aux prévisions alarmistes de juillet dernier ; avec près de 65Mt, la production de maïs atteint un niveau inédit, offrant aux filières animales des disponibilités fourragères plus que satisfaisantes. La tendance sur les prix des céréales s'est en conséquence inversée en Europe. Le blé tendre se négocie actuellement autour de 175?/t. De son côté, la Russie, a réalisé 10,9 millions de tonnes d'exportation de blé Sur les 4 premiers mois de la campagne céréalière 2011/12 -de juillet à octobre-. C'est bien plus que les 6,9 Mt de 2009/10, dernière campagne de fortes exportations russes. Outre son retour dominateur sur des destinations traditionnelles comme l'Egypte et la Turquie, le blé russe a gagné du terrain sur d'autres marchés durant ces 4 mois. Cette dynamique repose à la fois sur une bonne compétitivité-prix et sur des efforts qualitatifs indéniables.