L'affaire du directeur de l'Agence urbaine de Marrakech, pris en flagrant délit de corruption, serait symptomatique des failles de la gestion publique locale à plusieurs échelles. Depuis son arrestation, jeudi, de nouvelles interpellations ont été opérées et d'autres pourraient suivre. Alors qu'il a perçu une importante somme d'argent en liquide, jeudi, Khalid Ouaya a été arrêté et mis en examen pour délit de corruption, une somme de 500 000 dirhams ayant été trouvée en sa possession au moment de l'interpellation. Celle-ci s'est opérée sur la base d'un signalement pour corruption sur le numéro 600, mis à la disposition des citoyens pour dénoncer cet usage. Par ailleurs, une perquisition au domicile du responsable a permis de mettre la main sur un chèque de 2,5 millions de dirhams au nom d'une entreprise de conseil en immobilier appartenant à son épouse. Président de l'Association marocaine de protection de l'argent public, Mohamed El Ghelloussi explique à Yabiladi que l'entreprise aurait «servi de couverture aux activités du directeur dont nombre de promoteurs et investisseurs immobiliers à Marrakech ont subi chantage et extorsion». «Cette affaire ne fait que commencer et d'autres têtes risquent encore tomber», explique-t-il en nous confirmant le début de l'instruction visant aussi un architecte. En lien avec le dossier, celui-ci aurait en effet «signé l'ensemble des projets de l'agence urbaine sur lesquels Khalid Ouaya a donné son accord». Parce que les filets de cette affaire, apparentée au début à une corruption seulement, s'avèrent plus complexes et plus mêlés, le militant exige d'élargir l'enquête visant le directeur de l'Agence urbaine de Marrakech. «Ceci apportera de nouvelles révélations sur des malversations» où il serait impliqué, nous explique-t-il. En effet, «il ne s'agit ici que de la partie apparente de l'iceberg», puisque plusieurs marchés auraient été cédés au cercle des bénéficiaires de Khalid Ouaya, comme nous l'affirme le président de l'association qui a alerté, par le passé, sur les nombreux usages du concerné. Une affaire qui pourrait en dévoiler d'autres «Nous avons alerté à plusieurs reprises sur ces agissements au niveau de la région Marrakech-Safi et nous avons enregistré des plaintes au nom de l'association», souligne Mohamed El Ghelloussi. Par ailleurs, il dénonce «un lobby de l'immobilier qui s'accapare les marchés et cède des terrains à prix symbolique, avec l'accord du directeur en question». Pour lui, «une chaîne de fonctionnaires, d'architectes et de cadres se sont enrichis sur le dos de ces usages en toute impunité et ils doivent tous être identifiés et payer» Dans ce sens, l'Association marocaine de protection de l'argent public alerte également sur «des responsables gravitant autour du cercle des mis en cause pour le moment» et qui, selon elle, «ont le bras assez long dans toute la région», notamment «pour la falsification d'autorisations de construction». «L'affaire est en cours d'instruction et il est clair que la présomption d'innocence doit être respectée dans le cadre d'un procès équitable, mais nous sommes maintenant face à ce qui est de plus en plus une affaire d'opinion publique», explique celui qui est par ailleurs avocat. Dans l'idée que ce dossier illustre un débat sur la transparence de la gestion publique qui s'impose, Me El Ghalloussi estime que «la société civile doit rester en alerte sur les évolutions de cette affaire, reprendre son rôle et constituer un large réseau qui appelle à la levée de l'impunité sur les responsables locaux, tout en leur demandant de rendre des comptes».