Des médias espagnols affirment que l'exécutif de Pedro Sanchez a offert au Maroc 26 millions euros pour faire face à l'immigration clandestine. Cette somme provient de l'Union européenne et non des contribuables espagnols. L'exécutif Pedro Sanchez a-t-il accordé 26 millions d'euros au Maroc pour jouer le rôle du gendarme aux frontières ? Melillhoy a écrit que «l'Espagne paiera 26 millions au Maroc pour le contrôle des frontières». Même le quotidien El Pais a rejoint la troupe et a annoncé la nouvelle dans un article publié le vendredi 5 juillet sous le titre : «L'Espagne accorde 26 millions euros au Maroc pour contrôler la frontière». La publication en ligne Vozpopuli a même parlé d'un «profond malaise» dans les rangs des forces de sécurité à cause de présumé «don». Dans la lignée de la presse espagnole, une grande partie des médias marocains (dont Yabiladi) ont repris l'information. Mais qu'en est-il réellement de cette «générosité» espagnole ? La réponse se trouve dans le communiqué publié le vendredi 5 juillet au terme du conseil des ministres du gouvernement en fonction. Il n'est nullement fait mention d'une «aide» espagnole de ce montant au royaume. En revanche, le texte précise que l'exécutif de Pedro Sanchez «a approuvé un accord autorisant la Fondation internationale et ibéro-américaine pour l'administration et les politiques publiques (FIIAPP, un organisme public espagnol créé en 1998 et dont le siège est à Madrid) à sous-traiter une fourniture de véhicules pour le ministère de l'Intérieur du Maroc, pour un montant estimé à 26 millions euros». Les 26 millions proviennent de l'Union européenne Le communiqué rappelle l'origine de ce montant. «Le 18 octobre 2018, les chefs d'Etat et de gouvernement, réunis au Conseil européen, ont adopté des mesures immédiates pour lutter contre les flux migratoires irréguliers le long de l'axe méditerranéen occidental. Compte tenu de l'ampleur des défis à relever il a été décidé de soutenir les efforts à grande échelle du Maroc en renforçant ses capacités organisationnelles, techniques et opérationnelles, en améliorant la gestion de ses frontières terrestres et maritimes». Par ailleurs, la présidence du gouvernement apporte des précisions sur la relation de Madrid avec les 26 millions euros de l'UE. «L'Espagne assume la responsabilité de la gestion du projet "Soutien à la gestion intégrée des frontières et de la migration au Maroc" qui propose des actions de soutien au Maroc dans le cadre du Fonds d'urgence de l'Union européenne pour la stabilité et la lutte contre les causes fondamentales de la migration irrégulière et des déplacements en Afrique». Pour mémoire, Yabiladi avait déjà évoqué, le 17 janvier, la FIIAPP à l'occasion d'un article consacré aux réponses du Commissaire européen à l'Elargissement et à la Politique Européenne de Voisinage, Johannes Hahn, aux critiques exprimées quelques jours auparavant par la secrétaire d'Etat espagnol à la Migration, Consuelo Rumi. Cette dernière avait pointé la bureaucratie de Bruxelles coupable, selon elle, du retard dans l'envoi des 140 millions euros au Maroc. Hahn avait révélé que 40 millions euros supplémentaires pour un projet de gestion des frontières et d'immigration avaient été approuvés par Bruxelles, le 13 décembre 2018, et qui sera mis en œuvre par la Fondation internationale pour l'administration et les politiques publiques ibéro-américaines (FIIAPP). «L'accord, signé le 16 avril entre la FIIAPP et la Commission européenne, est doté d'un budget de 44 millions euros, destiné à l'acquisition d'équipements de surveillance d'un montant de 40 millions euros pour le compte du ministère de l'Intérieur du Royaume du Maroc», indiquait le communique du conseil des ministres. La première autorisation concerne l'achat de 7 lots de véhicules pour 26 millions euros.