Le 17 décembre, un membre du gouvernement espagnol pointait la bureaucratie européenne, coupable selon ses dires du retard dans la réception des aides promis au Maroc. Visiblement agacée par ces critiques, la Commission européenne a riposté le 4 janvier par une lettre officielle. Le Maroc est au cœur d'une polémique entre la Commission européenne et l'exécutif de Pedro Sánchez. Elle porte sur les aides accordées mi-décembre à Rabat par Bruxelles en échange de son engagement à lutter contre l'immigration clandestine. Ce vendredi 4 janvier a connu le dernier acte, qui ne sera probablement pas l'ultime entre les deux parties, avec l'entrée en lice du Commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage, Johannes Hahn, par une lettre adressée à la secrétaire d'Etat espagnole chargée des Migrations, Mme Consuelo Rumí. Dans sa lettre, le diplomate autrichien s'inscrit en faux contre les déclarations de la responsable espagnole pointant le retard dans l'envoi des 140 millions euros promis au Maroc. «Je regrette que vous ayez cette perception (…) Elle ne correspond pas à la réalité», a écrit Hahn, relayé par l'agence Europa Press. Et d'ajouter que «non seulement il n'y a pas eu de retard», mais que «les différentes actions liées aux aides au Maroc ont été préparées et mises en œuvre en un temps record, grâce à la flexibilité et aux efforts de l'UE». Une fondation espagnole bénéficiaire de la réalisation d'un projet de 40 millions d'euros Le Commissaire réplique ainsi aux flèches décochées par Mme Rumí en direction de la bureaucratie européenne qui «s'est exacerbée», a-t-elle dénoncé dans une interview publiée le 17 décembre par le quotidien El País. Johannes Hahn précise que la somme consacrée au Maroc comprend le financement d'un projet de 30 millions d'euros destinés au renforcement du contrôle des frontières, dont la réalisation a commencé en «octobre 2018» par le Centre international pour le développement des politiques migratoires. Et d'enchaîner par annoncer une enveloppe de 70 millions d'euros pour l'appui du gouvernement El Othmani à la gestion des frontières, dont «30 millions ont été versés directement au Maroc le 20 décembre», soit trois jours après la sortie de Consuelo Rumí. Les 40 millions d'euros, souligne Hahn, sont attribués à un projet de gestion des frontières piloté par la Fondation internationale et pour l'ibéro-Amérique de l'administration et des politiques publiques (FIIAPP) suite au feu vert du 13 décembre de la Commission européenne. L'Autrichien n'a pas raté l'occasion de rappeler à Mme Rumí que la FIIAPP est une institution espagnole, basée à Madrid. Pour mémoire, le 14 décembre, Bruxelles avait annoncé l'octroi de 140 millions euros au Maroc pour l'encourager à lutter efficacement contre l'immigration irrégulière. Hahn a conclu sa lettre en révélant qu'en 2018, l'aide européenne au royaume a atteint les 182 millions d'euros destinés à accompagner les réformes et le développement inclusif.