Après avoir obtenu son baccalauréat à Marrakech, Aabir Rhardane opte pour la France pour poursuivre ses études et réussir malgré certaines entraves. Aujourd'hui, en plus de sa quête pour la mise en place d'un cadre permettant l'épanouissement des jeunes dans leurs emplois, elle œuvre dans le domaine social, au chevet des enfants dans des situations difficiles. Aabir Rhardane est une Belgo-marocaine née à Safi le 25 mai 1991, au milieu d'une famille qui l'encourageait à suivre le chemin du savoir. Son père était responsable de la santé scolaire dans l'ancienne région Doukkala-Abda, accessoirement poète et artiste-peintre, tandis que sa mère ne ménageait aucun effort pour assister son mari professionnellement en étant son bras droit au bureau. Au cœur de la capitale de la poterie marocaine, Aabir complètera ses études primaires et secondaires avant de plier bagages vers Marrakech. Trois ans passés dans le lycée technique Mohammed VI lui permettent de décrocher son baccalauréat. En 2009, elle s'envole pour Strasbourg, en France, pour intégrer les classes préparatoires économiques avant de se diriger, une fois son diplôme dans la poche, vers la Belgique pour étudier la gestion d'entreprises et les langues et parallèlement préparer une certification dans le domaine financier au sein du groupe bancaire BNP Paribas. La bosse du management et du leadership Ayant fait ses preuves au sein de cette institution bancaire, celle-ci lui propose un contrat en 2014. La Marocaine fera ainsi ses premiers pas dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d'argent et le crime financier. Cela a coïncidé avec une amende de neuf milliards de dollars imposée par le gouvernement américain à BNP Paribas pour avoir violé l'embargo contre Cuba, l'Iran et le Soudan. Aabir Rhardane est alors désignée «au sein d'un comité créé par la banque pour rencontrer le procureur général des Etats-Unis» et suivre cette affaire pendant deux ans. «À l'âge de 23 ans, on m'a confié un certain nombre de responsabilités dont j'ai toujours été reconnaissante. Je reportais directement à un directeur exécutif qui m'a fait beaucoup grandir et je participais régulièrement à des réunions avec le comité exécutif. J'étais la seule fille à travailler au sein du comité, avec des hommes âgés d'une cinquantaine d'années et disposant de beaucoup d'expérience, chose qui m'a permis de développer mes compétences professionnelles.» Aabir Rhardane Polyglotte et talentueuse pianiste, elle remporte aussi, en 2015, un prix lors d'un concours d'innovation organisé par la banque pour avoir dirigé un projet de vidéo ayant pour objectif de vendre la place financière luxembourgeoise au-delà des frontières. Mais, en dépit de ses compétences et son engagement, la jeune Marocaine fera face à certains obstacles. Elle nous confie avoir été «mise dans une situation qui va contre [ses] convictions et valeurs par certains responsables et, face à peu de protection et très peu de reconnaissance vis-à-vis de [ses] efforts et de [son] engagement», elle s'est vue «forcée de démissionner». Mais elle intègre immédiatement la State Street Bank à Luxembourg. Aabir Rhardane s'inspirera ainsi des obstacles auxquels elle avait fait face pour tenter de comprendre le leadership et développer une recherche dans ce domaine. Elle met ainsi en place une Académie appelée «The Leadership Academy» en 2018 pour «apprendre des principes et comportements aux jeunes professionnels afin de les aider à développer leurs compétences en leadership, faire du lieu de travail un lieu où des professionnels talentueux et enthousiastes se sentent soutenus et épanouis». Un engagement pour les enfants malades L'établissement supervise ainsi des ateliers gratuits et organise des séminaires et des conférences en accueillant des personnalités éminentes. Cela a permis à la Marocaine, travaillant actuellement en tant que consultante pour le groupe Accenture, de rencontrer des personnalités chevronnées et élaborer des recherches universitaires, mises à la disposition des jeunes. Elle donne également des conférences sur le management pour des universités ou des institutions. «J'étais en train de préparer mon doctorat, mais maintenant, je vais m'arrêter un moment car je suis devenue maman. Je termine ma deuxième année de MBA et je poursuivrai mes études doctorales parce que j'aimerai créer un nouveau modèle de management qui permet d'éviter à de mauvais leaders d'arriver à des postes de haute direction et limiter ainsi les capacités et le potentiel des professionnels, le tout à partir de ce que j'ai vécu.» Aabir Rhardane Et son emploi du temps chargé ne l'a pas empêchée de s'intéresser à la philanthropie et à l'entreprenariat. Créatrice et responsable d'une marque de produits cosmétiques et bio, elle est aussi la fondatrice de l'association «Save a Smile», œuvrant pour les enfants malades en collectant des fonds pour les familles nécessiteuses au Maroc, ainsi que dans plusieurs pays d'Afrique du Nord et d'Amérique latine. «Je participerai bientôt dans un semi-marathon pour récolter 10 000 euros afin de payer le traitement d'une petite fille souffrant d'insuffisance rénale et la chirurgie d'un enfant atteint d'un cancer. Mon objectif n'est pas seulement de collecter des dons, mais surtout d'élaborer un projet de loi qui instaure un traitement gratuit aux enfants de familles en situation difficile.» Aabir Rhardane Quant à son lien avec son pays natal, elle nous confie que l'idée de revenir s'installer au Maroc n'est pas à l'ordre du jour pour l'instant. Mais elle n'écarte pas la possibilité de renforcer ses liens avec son pays d'origine et ce, à travers la politique.