Ils représentent une part croissante des grands décideurs marocains mais font également leur nom en France, en Suisse, au Canada, aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde. Armés de leurs compétences et élargissant sans cesse leurs réseaux des anciens élèves, ils gravitent dans les hautes sphères de la décision, que ce soit au niveau économique et financier, politique, mais également scientifique et culturel. Ces ambassadeurs marocains sont par là même des ponts que le Maroc a vu se consolider depuis plus d'un demi-siècle. Les étudiants et lauréats des grandes écoles, par cela s'entendent les écoles du Top 10 des écoles françaises mais également à l'international, ont des têtes bien faites mais également des têtes bien pleines. Issus des prestigieuses Polytechnique, Ponts et chaussées, des Hautes études commerciales (HEC), de l'Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), ou de l'Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP-EAP), de Sciences Po, de l'ENA ou de l'Ecole des Mines… ils représentent une élite certaine sur laquelle peut compter le Maroc, car ils n'ont jamais oublié qui ils étaient avant de briller à l'international. Portraits de ces Marocains prodiges. Mais avant de décrocher la lune, ces jeunes prodiges marocains des grandes écoles ont dû faire leurs preuves au cours d'une longue et fastidieuse épreuve de force. Dès le lycée, ils s'appliquent à avoir des dossiers sans faille pour décrocher leur inscription en prépa. La prépa, un long marathon A l'obtention de leurs baccalauréats, qu'ils se mettent à cœur d'obtenir avec mention, les heureux admis en classes préparatoires pour les grandes écoles quittent le plus souvent leur famille. Sauf pour ceux qui préfèrent rester au Maroc et intégrer des Prépa comme celles du Lycée Descartes ou de la Résidence, ils quittent le cocon familial pour s'envoler vers la ville qui les accueillera durant des années. Parmi les plus rudes de leur existence. Mais qui, finalement, les prépareront à tirer le meilleur d'eux-mêmes pour réussir. Elles dureront deux ans pour ceux qui auront décroché le sésame de l'école de leur choix du premier coup, ou une année de plus pour ceux qui préféreront dupliquer leur année, faire 5/2 selon l'expression consacrée par les ingénieurs, pour accéder à leur école favorite. Celle dont ils ont rêvé, le leitmotiv qui les a fait tenir durant les longues nuits de préparation. Leurs années de prépa ne sont pas une période facile. Ils se doivent de fournir énormément d'efforts et redoubler de travail pour remplir les exigences de la prépa. C'est une voie difficile, ils s'y étaient préparés, et la prépa est fidèle à sa réputation. La quantité de savoir à emmagasiner, mémoriser, analyser est impressionnante. Mais le jeu en vaut la chandelle. Cependant, les premiers mois, beaucoup d'étudiants en classes prépa passent par des phases de déprime. Tout est différent, le rythme, la méthode. Il faut alors combler le fossé qui sépare le lycée de la prépa et surtout garder le moral malgré les premiers DS (évaluations écrites), éprouvants, et dont les résultants sont rarement comparables aux résultats obtenus au lycée. C'est le premier coup de massue. Mais dans une classe de premiers, tout le monde ne peut pas majorer. C'est là que le moral joue. C'est là aussi que les futurs lauréats des grandes écoles se démarquent. Ils forgent alors leur caractère, apprennent à travailler intelligemment. Ils savent que pour réussir leur prépa, il y a une grande part de travail personnel à fournir. Ils se doivent d'être méthodiques, efficaces, rigoureux et la différence se fera par la persévérance. Beaucoup d'entre eux vont oublier leur vie pendant cette période, sacrifier leurs temps, tout en laissant juste assez de loisirs les sortir du rythme effréné de la prépa. Ils essayent en permanence de faire la part des choses, de se concentrer sur la construction de leur avenir et de compter sur le retour sur investissement, leurs portes d'entrées aux plus grandes entreprises et aux plus hautes responsabilités, pour leur faire oublier ces quelques moments de leur vie, consacrés à se perfectionner, encore et encore. Ils savent que les années qui précéderont leur diplomation en grandes écoles seront conditionnées, en grande partie, par la réputation de l'école qu'ils auront décrochée. Ils savent d'ores et déjà que leur avenir sera tout tracé, si et seulement si, ils se donnent à fond à la prépa, pour n'avoir aucun regret. Certes, l'enseignement prodigué en prépa est de grande qualité, mais ils comptent aussi sur leurs camarades pour avancer. Parallèlement, de la mini-compétition des classes de 30 à 40 élèves naît une complicité et un esprit de corps. Car pendant deux ou trois ans, leurs camarades sont quasiment les seules fréquentations des élèves prépa. Ils sont les seuls à avoir leur rythme, à connaître leurs difficultés. Ils s'entraident pour les exercices et se reboostent en cas de blues. Les anciens, un soutien indispensable Néanmoins, les étudiants en classe prépa savent que garder le moral, malgré la fatigue physique et intellectuelle, est la clef du succès. Ils cherchent alors du soutien moral auprès de leur famille, de leurs meilleurs amis et de leurs mentors, professeur ou anciens élèves prépa. Ces derniers jouent d'ailleurs un rôle très important dans la réussite des élèves de classes prépratoires. Ils organisent des sorties, des f'tour pendant le mois de ramadan, des événements culturels auxquels ils font participer les jeunes recrues. Ils les soutiennent, les guident, les conseillent sur tel ou tel exercice, «qui tombe à tous les coups», ou qu'il faut laisser tomber, parce que personne ne l'a jamais compris. Ils les aident à mieux gérer leur stress en leur donnant des astuces ou en leur rappelant que s'ils persévèrent, ils arriveront à devenir aussi bons qu'eux. C'est là que naît la confrérie, le partage entre les nouveaux et les anciens. Les grands frères, qui sont passés par là, leur conseillent de ne pas se laisser impressionner. Tout le monde peut y arriver, tout est question de motivation. Et surtout, ils leurs rappellent qu'il faut une vie en dehors de la prépa, un temps pour les loisirs, et un travail efficace qui permet de dormir ses heures pour avoir les neurones en marche les jours des examens et des concours. C'est d'ailleurs en constatant le manque de ce type d'entraide que Othmane Akherraz, qui a fait ses classes prépa à Louis-Le-Grand avant d'intégrer la préstigieuse école des Ponts et Chaussées, a décidé de co-fonder, avec un ancien camarade, Edukaty. «Le concept Edukaty s'est basé sur le manque flagrant de bon suivi des étudiants au Maroc. En France, à présent, on amène des professeurs de Polytechnique qui côtoient souvent les étudiants afin de mettre leur savoir et leur expérience à leur disposition. On joue sur le contact, sur le savoir-faire et sur la mise en confiance des étudiants. Bien qu'il soit récent, ce concept a donné ses fruits. Ce n'est que le début. On compte développer l'idée. Le suivi des polytechniciens est excellent», nous confie Othmane. La récente conférence Edukaty à Casablanca, a d'ailleurs fait la preuve de l'intérêt des futurs eleves prépa pour ce type de soutien. La salle était comble, les réservations bouclées longtemps à l'avance, malgré le peu de moyens médiatiques mis en œuvre pour promouvoir l'événement. Othmane, s'excusant de n'avoir pu revevoir tout le monde, a d'ailleurs promis de revenir très prochainement pour une nouvelle conférence, et de nouveaux conseils. Une fois toutes les astuces en main, et le moral gonflé au maximum, les étudiants de classes prépa doivent faire face à une série de concours pour les grandes écoles. Ils les classent par choix, relient leur profil aux cursus des écoles et à leurs opportunités d'épanouissement personnel et professionnel. Les jours des concours, ils sont seuls contre tous, dans des arènes ou des stades selon le classement et la réputation de l'école à laquelle ils prétendent. A ce moment-là, les conseils des anciens pour garder le cap et ne pas flancher reviennent en tête, ainsi que les anecdotes et les astuces. Le sésame qui ouvre toutes les portes et fait tomber toutes les frontières Les résultats sont là, l'attente a été insoutenable, mais la joie n'est est que plus grande. Une fois étudiants dans les écoles tant désirées, les Marocains, en force puisqu'ils représentent la plus forte population étrangère à user les bancs des prestigieuses écoles -plus de 10% des étudiants étrangers qui les fréquentent- bâtissent leur avenir. Ils sortent enfin des études théoriques pour toucher à la pratique. Ils changent complètement de structure et abandonnent enfin le modèle lycée. Ils en ont fini avec les conseils de classe, ils sont enfin dans le monde étudiant. Ils commencent alors un long travail sur leur personnalité, leurs projets professionnels. Loin de leur famille, et de leur Maroc, ils les gardent cependant toujours en tête et en font une force. Ils se réunissent en associations ou en fondent eux-mêmes. Ils partagent leur culture, organisent des événements pour faire connaître leur pays à leurs camarades et à ceux des autres écoles. C'est d'ailleurs par une activité associative florissante qu'ils se démarquent du reste des étudiants étrangers des grandes écoles, plus précisément les Chinois, deuxième plus forte population étrangère des grandes écoles, mais qui n'a pas les mêmes facilités d'échange et d'adaptation. Les Marocains se sentent chez eux en France, ils connaissent et vivent la culture française, et veulent partager la leur. L'activité de ce type la plus récente est celle de l'Association marocaine des grandes écoles Caravanes, qui organise, du 2 au 9 avril 2011, son premier printemps culturel. Une semaine pour proposer, selon les organisateurs, «à un public divers et varié toute la dynamique culturelle qui s'opère au Maroc autour d'événements organisés autant sur Paris que sur Lille, Nancy, Lyon et Toulouse.» Au programme de l'événement, parrainé par Abdellatif Laâbi, écrivain et poète de langue française (prix Goncourt de Poésie en 2009), Dina Bensaid, pianiste marocaine, inscrite au Conservatoire national de Paris ne manquera pas d'émouvoir par son interlude musical, un défilé de caftans, présenté par Dounia Taibi, jeune créatrice lauréate du Collège Lasalle de Casablanca, une table ronde sur «l'inter-culturel entre le Maroc et la France», l'exposition «Arabian Escape» de Amine Benboubker et Ali Berrada. Mais également une soirée impro-théâtre et un café littéraire avec des invités des écrivains marocains et une table ronde sur le thème: «N'y a-t-il de roman marocain que le roman national ?», animée par Abdeslam Cheddadi, fondateur de la première revue littéraire marocaine. Tout un programme et un réel engagement, de la part de cette association, comme de beaucoup d'autres, à faire partager l'amour de son pays, à échanger autour de son histoire, de ses problématiques et de sa culture. Elles organisent également des forums entreprises, de plus en plus prisés par les étudiants, mais aussi et surtout par les grands patrons et les grandes entreprises qui y dénichent la perle rare. Parmi les étudiants ou lauréats des grandes écoles contactés pour ce dossier, beaucoup ont une activité associative débordante, à l'instar de Mohamed Belmaâza, 21 ans, étudiant à l'ESSEC Business School Paris, président et Co-fondateur de l'AIESEC ESSEC, bureau local de l'association internationale AIESEC . Association qui a pour objectif de développer les capacités de leadership chez les jeunes dans le milieu du commerce. Interrogé à son sujet, Mohamed nous explique que «l'AIESEC, à travers des conférences locales, nationales et internationales, permet aux étudiants d'élargir leur réseau à travers le monde, notamment en échangeant directement avec des étudiants venant de 110 pays, de profiter d'une plateforme internationale de plus de 50.000 offres de stages dans tous les domaines, d'animer des ateliers portant sur les thématiques du management avec une approche socialement responsable, sans toutefois oublier l'échange avec les anciens de l'Association qui viennent nous faire part de leurs conseils, expérience et même parfois repérer des talents pour des offres de stage ou directement pour le développement de projets porteurs. Le réseau aujourd'hui s'avère un facteur très décisif dans la réussite professionnelle et il faut saisir toute occasion qui s'offre pour le développer». Mohamed précisera d'ailleurs que la vie associative lui permet de s'épanouir «de manière incroyable». L'administration de son école, consciente de l'enjeu de ce facteur a d'ailleurs décidé de faciliter l'ouverture d'associations en son sein. Elles atteignent aujourd'hui les 90 clubs et associations sur le campus. «Cela permet à chacun des étudiants de s'intégrer et de connaître ses camarades de promo. Mais cela n'est pas le seul objectif, derrière les soirées du BDE (Bureau des Etudiants), il y a l'aspect professionnel très formateur, même dans les associations aux thèmes très farfelus, qui est de chercher des partenaires, des sources de financement, d'organiser des évènements sur le campus pour accueillir parfois jusqu'à 7000 étudiants, des voyages, des sorties… Tout cela permet une assimilation très rapide des principes de management du fait de l'ambiance estudiantine qui l'entoure», nous explique le jeune étudiant. Mohamed est d'ailleurs engagé dans deux associations, l'une faisant partie d'un programme appelé «Grande école : Pourquoi pas moi», qui vise à accueillir des lycéens venant des quartiers défavorisés pour leur inculquer les codes nécessaires permettant d'intégrer les Grandes écoles post-prépas ou post-bac. «Les séances de tutorat sont animées par des étudiants, comme moi, à travers des ateliers de culture générale, communication, anglais, actualité, orientation professionnelle … Bref tout ce qu'il faut comprendre pour avoir cet esprit tant recherché par les Grandes écoles d'ingénieur ou de commerce». Super actifs, en général, les étudiants marocains des grandes écoles arrivent en école dans l'optique que le meilleur qu'ils puissent faire c'est l'associatif. Ils s'enrichissent à travers les expériences associatives, et se donnent ainsi un petit bonus sur leurs CV et des thématiques originales à aborder lors de leurs entretiens d'embauche. C'est bon pour leur carrière et peut-être cela leur a-t-il manqué auparavant. Ils se sont transformés en machines infernales durant leur prépa, le passage en école leur permet alors de connaitre l'expérience au niveau humain et de s'épanouir pleinement, en tournant la page des «années galère». Beaucoup se prennent au jeu de monter des associations… panarabes de manière générale, ou au niveau des bureaux des élèves, des associations sportives, les associations d'élèves... Ils profitent également «à fond» de la vie de leur campus, notamment à travers les soirées et évènements au cours desquels règne une ambiance d'appartenance très forte. Les réseaux, le petit plus, mais qui peut rapporter gros En ce qui concerne l'avenir professionnel de leurs étudiants, les écoles jouent un rôle très important. Notamment à travers les ateliers de rencontre avec les entreprises ou les Business Games animés par les dirigeants d'entreprises. Les écoles ont également leur réseau d'anciens, avec lesquels elles restent en contact permanent et «ad vitam eternam» pour assurer des places de stagiaires à leurs étudiants. Les écoles canalisent également les demandes de stages, transférées par les anciens, en poste en entreprise. Elles les répartissent alors selon les spécialités et font des envois groupés aux élèves intéressés. Elles font ainsi circuler l'information entre l'offre et la demande. Et même des années après leur sortie d'école, les lauréats sont toujours dans la boucle des offres d'emploi. Les opportunités restent ainsi toujours ouvertes et les lauréats sont toujours au fait des dernières actualités. Ceci dit, les marocains des grandes écoles semblent accorder une importance mesurée au réseautage. Ils ont conscience que c'est un plus et une force mais que ce n'est pas par le copinage que l'on réussit. Sinon ils auraient demandé à papa de faire passer leur cv à tonton … sans avoir à passer par une telle épreuve pour prouver ce dont ils sont capables. Ils ont conscience de leur valeur, au Maroc, comme à l'international. D'ailleurs les établissements marocains se les arrachent et les plus grandes entreprises les courtisent. C'est le cas notamment d'Attijariwafabank qui, dans le cadre de sa mission «visant à promouvoir et à valoriser le savoir en vue de l'épanouissement des jeunes», a créé sa fondation, qui mène des actions à destination des étudiants classes préparatoires et des grandes écoles. Notamment en organisant, chaque année, un séjour de concentration en faveur des élèves des classes prépa qui ont réussi l'écrit des concours des grandes écoles françaises, afin de les préparer aux épreuves orales et les assister tout au long de la période du concours. Des équipes d'encadrants et de coachs leur sont entièrement dédiées. Et pour les motiver davantage, des ordinateurs portables sont remis aux élèves les mieux classés aux concours des grandes écoles. Mohamed El Kettani, Président Directeur Général d'Attijariwafa bank, lui-même diplômé de l'Ecole nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA ParisTech), a d'ailleurs déjà fait le déplacement à Paris pour présider la cérémonie de remise des prix aux élèves les mieux classés aux concours des grandes écoles d'ingénieurs françaises et marocaines. Un premier contact avec les futurs cadres de la banque ? La Royal Air Maroc, présidée par Driss Benhima, qui n'est autre que le président de l'association X-Maroc, qui rassemble les lauréats marocains polytechniciens, participe pour sa part et à son niveau à la réussite des plus brillants de nos étudiants en classes préparatoires. En effet, le Collectif Classes Préparatoires pour les Grandes Ecoles (CPGE), constitué d'associations et d'amicales d'anciens des grandes écoles d'ingénieurs et des classes préparatoires (Groupe X Maroc, l'Amicale des Ingénieurs Ponts & Chaussées, l'Association Marocaine des Ingénieurs diplômés des Ecoles des Mines de Paris, Nancy et Saint Etienne, l'Amicale des Centraliens du Maroc, l'Association des Anciens des Classes Préparatoires) et de fondations d'entreprises, présidé par Driss Benhima, a initié une opération accompagnant les élèves de classes préparatoires aux grandes écoles, ayant passé l'écrit au Maroc et l'oral en France, en leur offrant des billets d'avion. Les tapis sont donc déroulés, alors même que les étudiants ne sont que des lauréats potentiels. C'est pour dire leur rareté et leur importance dans le déroulement futur de l'économie marocaine. Vas, vis et reviens Et ça, les Marocains des grandes écoles en sont conscients. Bien qu'employés de firmes internationales de grand prestige, la question du retour est omniprésente chez les Marocains des grandes écoles. Ceci dit, elle ne presse pas. Ils ont tous conscience d'avoir des choses à apporter à leur pays, ils sont mus par de grandes ambitions et veulent accomplir de grandes choses. Ils sont impliqués dans la représentation de leur pays à l'international et portent fièrement ses couleurs. Ils sont motivés par ce Maroc qui bouge et dans lequel ils pourront construire et faire vivre leurs projets. Mais avant de rentrer, les Marocains des grandes écoles veulent faire leurs armes dans les entreprises ou des cabinets de renom. Avides de connaissances, friands de nouvelles cultures et de découvertes, souvent, ils décident de faire une spécialisation voire recommencer un autre diplôme, dans un autre pays que celui où ils ont eu le leur. Rares sont cependant ceux qui rentrent juste après avoir terminé leurs études. Mais ceux qui trouvent en le Maroc un moyen de réaliser leur projet n'hésitent pas une seconde. Ce n'est alors plus une question de calculs entre les différences de salaires, puisqu'ils sont assurés d'avoir des salaires très honorables au Maroc, mais bien une question de projet de vie, professionnel mais également personnel. Jamal El Aoufi, directeur pédagogique du cycle ingénieur de l'Académie internationale Mohammed VI de l'aviation civile a également une thèse qui pourrait exliquer l'allongement de la durée de l'expérience des lauréats des grandes écoles à l'étranger. «A présent, tous les étudiants marocains des grandes écoles à l'étranger préfèrent acquérir une expérience professionnelle avant de rentrer au Maroc. À part le fait que l'expérience à l'étranger soit une valeur ajoutée pour la carrière professionnelle, ces étudiants comment à sentir la concurrence des grandes écoles marocaines. Les établissement marocains ont mis en place de nouveaux programmes d'études et ont modernisé le contenu des modules. En parallèle, ils organisent plusieurs événements dans le but d'établir une connexion entre les étudiants et les entreprises», analyse-t-il. Ceci dit, une fois rentrés, les Marocains s'enracinent de moins en moins. C'est pourquoi, d'ailleurs, la question du retour se pose beaucoup moins. Ils rentrent et suivent leur bout de chemin, tout en restant ouverts à l'opportunité de repartir, si une occasion de mieux s'épanouir professionnellement ou personnellement s'offrait à eux, ailleurs. Leurs diplômes, qui leur ont ouvert les portes des grandes entreprises et les cieux des plus hautes fonctions, ont également fait tomber les frontières, les rendant libres et leur offrant une très forte mobilité à l'international. Ceci dit, même loin, ils n'oublient jamais le devoir qu'ils ont envers leur mère patrie. Résider à l'étranger ne les empêche en rien de rester actifs, notamment à travers les associations d'anciens, pour perpétrer la tradition du cercle vertueux du parrainage et de la fraternité. Ibtissame Azzaoui Parcours EHTP, Mastère Spécialisé en Management des Systèmes d'Information à l'Ecole Centrale Paris (ECP). Employeur Actuel BNP Paribas. Ayant décroché mon bac Série Sciences Maths B au Lycée Moulay Youssef, j'ai fait les classes préparatoires aux grandes écoles. J'ai intégré par la suite l'EHTP pour obtenir mon diplôme d'ingénieur d'Etat en Génie Informatique et j'ai ensuite décidé de poursuivre mes études par un Mastère Spécialisé (Bac+6) en Management des Systèmes d'Information au sein de l'Ecole Centrale Paris afin d'agrandir ma palette de compétences et d'ouvrir mon horizon de débouchés sur un plan international. Le fait d'intégrer l'ECP, une si prestigieuse école, est pour moi un véritable tremplin pour ma carrière sur tous les niveaux. En effet, j'y ai reçu une formation complète avec en prime une vie associative active (plus de 150 associations sur le campus). A 24 ans, ma motivation actuelle est d'acquérir de l'expérience professionnelle, que ce soit en Europe ou dans un pays anglophone avant de rentrer au Maroc. Je ne me vois pas passer le restant de ma vie à l'étranger. Je souhaite faire profiter mon pays de mes compétences et m'investir activement dans la vie politique et sociale de mon pays. Je suis actuellement Ingénieur informatique à la BNP Paribas et responsable de la conduite d'un projet de refonte de l'offre globale de formation à la conduite des projets IT destinée à l'ensemble du groupe BNPP. En prenant du recul, si j'avais à refaire mon parcours je le referai à la lettre. Le fait d'être ingénieur centralienne m'a permis, dès mon premier emploi, d'accéder à un poste de responsabilité au sein d'une grande multinationale. J'ai beaucoup travaillé pour élaborer un projet professionnel à mon image, décrivant comment je me vois évoluer à court, moyen et long termes. D'un point de vue global, je suis satisfaite de mon parcours et optimiste pour mon avenir. Une des puissances des grandes écoles françaises c'est le fait qu'elles disposent des réseaux d'anciens très développés qui pratiquent l'entraide. L'association des Centraliens par exemple a été créée en 1862, et a donc 149 ans d'existence ! Cette association comporte plusieurs sous associations par pays, telles que l'association des centraliens marocains (ACM) qui veille au renforcement des liens entre ses membres et les nouvelles promotions. L'ACM organise régulièrement différents événements afin de promouvoir l'image du Maroc et pour accueillir et assister les nouveaux centraliens marocains en France. L'importance du réseautage me permet d'être en veille aux possibilités d'ouvertures éventuelles, de m'informer, d'agrandir mon réseau de contacts personnels et de pouvoir trouver les bonnes ressources dont j'ai besoin au bon moment. L'explosion de l'Internet et des réseaux sociaux professionnels ont fait qu'il est facile d'entrer en contact avec les membres de son réseau. D'où la nécessité de gérer son identité virtuelle pour véhiculer une image positive et se faire connaître professionnellement. Ghassan Rachid Parcours Prépa au lycée Moulay Youssef à Rabat, Ecole des Mines de Paris majeur en finance quantitative, Harvard Business School. Après un bac et des classes préparatoires au lycée Moulay Youssef à Rabat, j'ai intégré l'école des Mines de Paris, où j'ai décroché en 2008 un diplôme d'ingénieur généraliste avec une majeure (spécialisation) en finance quantitative. Après une première expérience en trading de matières premières à Morgan Stanley à Londres (18 mois), j'ai décidé de changer de carrière pour rentrer au pays, essayer d'apporter ma modeste contribution à ce Maroc en marche. Je suis donc rentré début novembre 2009 pour un poste de consultant chez McKinsey & Company, j'ai participé à plusieurs missions très enrichissantes au Maroc et ailleurs dans le Maghreb, et ce jusqu'à la semaine dernière quand j'ai quitté mon emploi pour prendre quelques mois et réfléchir à ma future carrière, essayer quelques idées professionnelles qui m'ont toujours tenté avant de revenir aux bancs de l'école pour acquérir d'autres compétences. Je n'ai jamais considéré l'option de faire ma vie en dehors du Maroc, je suis un pur produit du Maroc, et du système public marocain. Ce système est certes très loin de la perfection, mais il est de notre devoir de contribuer à son amélioration, et je pense sincèrement qu'on peut encore atteindre un niveau de développement très décent si chacun y met du sien. Cependant, quelques années d'études, et surtout d'expérience à l'étranger, apportent beaucoup de maturité professionnelle, et sont toujours très valorisées par les entreprises au pays. Je me prépare aujourd'hui à retourner aux bancs de l'école en rejoignant la Harvard Business School en août prochain pour un MBA. J'ai donc quitté mon emploi chez McKinsey fin mars pour profiter de quelques mois sabbatiques. Je suis très épanoui dans ma vie professionnelle et personnelle, dieu merci. La grande école m'a beaucoup appris, et m'a aussi permis d'explorer des horizons dont j'ignorais même l'existence. Elle m'a aussi permis de prendre des responsabilités très tôt dans ma carrière, et de travailler sur des projets d'une grande importance pour moi. Elle m'a aussi offert une très bonne qualité de vie puisque le niveau de rémunération post grande école est très convenable. Pour résumer, je dois tout à ma grande école, et le retour sur investissement est proche de l'infini. La question du réseautage est assez complexe, j'ai grandi dans un milieu qui méprise le recours au réseau, j'ai toujours considéré le réseautage comme un moyen bas pour accéder à des postes au dessus de son niveau de compétence, j'ai dû repenser ma vision une fois à l'école. Les réseaux d'écoles ne sont pas (ou sont rarement) utilisés pour brûler des étapes, ils sont surtout utiles pour se tenir au courant des opportunités existantes, pour explorer des domaines, ou des régions qu'on connaît mal. Sur ces plans là, les réseaux continuent à être d'une efficacité redoutable. Au Maroc, l'efficacité du réseau dépend largement de l'école. Chama Benabderrazik Parcours INSA Strasbourg, Master en Management de la Technologie et de l'Innovation. Après un bac scientifique à Victor Hugo, Marrakech, j'ai intégré l'INSA de Strasbourg pour y préparer mon diplôme d'ingénieur, un métier dont je rêvais depuis toute jeune. Arrivée en école d'ingénieur, c'était un peu la désillusion, un monde d'hommes, et des spécialités très techniques avec des débouchés essentiellement dans l'industrie (malgré le fait que j'ai choisi la spécialité la plus tournée vers le design, la conception et la création, «Plasturgie»). Après avoir obtenu mon diplôme d'ingénieur j'ai donc poursuivi par un Master en Management de la Technologie et de l'Innovation pour compléter mon cursus en y apportant toutes les notions managériales (dont marketing, ressources humaines, communication, finance,.. etc). Une bonne transition entre la vie étudiante et la vie professionnelle. Il m'a en effet permis de travailler sur des projets d'accompagnement à la création d'entreprises avec de jeunes start-up, ce qui m'a encouragé par la suite à penser à la création de ma propre entreprise. Je suis donc rentrée au Maroc directement après mon Master, il y a quelques mois, pour lancer une entreprise et introduire sur le marché une nouvelle technologie que j'ai eu l'occasion d'utiliser dans le cadre de projets en école d'ingénieur, ou en stage au sein de services de R&D: L'impression 3D. Cette technologie permet réellement de booster la R&D au sein des entreprises qui l'utilisent, et j'espère apporter ainsi ma pierre, aussi petite soit-elle, au développement du pays. Concernant le réseautage au Maroc, il semble assez aisé dans des domaines tels que l'évènementiel, la communication, etc. D'ailleurs ça parle souvent business en soirée entre jeunes, et ils sont nombreux à être motivés par de l'entrepreneuriat, l'introduction de nouveautés, l'innovation, etc Les jeunes ne manquent vraiment pas d'idées, c'est impressionnant. Mais dans l'industrie c'est un peu plus compliqué. Les personnes que je rencontre jusque là dans le cadre du travail sont des personnes assez âgées, ce ne sont pas le genre à utiliser des réseaux sociaux virtuels. L'un d'eux m'a parlé d'une méthode qu'il a nommée «yeddou f yedd khah», en d'autres termes, une méthode qui consiste à passer d'un prospect à un autre en demandant un nom au prospect précédent, et ainsi de suite. C'est plutôt efficace comme méthode de réseautage. Sarah Zouheir Parcours Science Po Paris et london school of economics spécialité politiques urbaines en Europe et dans les pays du sud. Employeur actuel Institut Montaigne. Je suis diplomée de Sciences Po Paris depuis septembre et je travaille à l'Institut Montaigne, un think tank français qui traite des question de société telles que la cohésion sociale, le monde de l'entreprise, l'Union Européenne… Au sein de cet Institut, je m'intéresse aux questions des banlieues et je participe à la rédaction d'un rapport au sein d'une équipe de recherche. Je suis très épanouie dans mon travail, qui correspond à mes études et à ma vocation de faire de la recherche sur des thèmes précis, mais également des actions sur la manière de réformer les thématiques où il existe des blocages. Lors de mon cursus, profitant de mes périodes de vacances , j'ai effectué de nombreux stages au Maroc. J'ai fait un stage d'un an auprès d'un corps diplomatique marocain. Mais à la sortie de l'école, je n'ai malheureusement pas trouvé d'emploi au Maroc qui réponde à mes attentes au moment de ma diplomation. Et la proposition de l'Institut m'a beaucoup interessée. Mais si une occasion se présente, je suis ouverte à rentrer au Maroc. Concernant le réseau des grandes écoles, concrètement, j'ai été recrutée parce qu'un ancien professeur de Sciences Po m'a sélectionnée. Le rapport aux enseignants fait qu'on est très proches et que ça peut ouvrir des opportunités professionnelles. Le réseau des anciens marche assez bien, je le vois dans mon travail car je fais un travail d'enquêtes de recherches d'emploi et d'entretien. Ça permet d'avoir un petit carnet d'adresses, même si on sort tout juste d'école. Lina Hadj Hamou Parcours PrépaLycée Descartes, HEC Paris promotion 2009, spécialisation en entrepreneuriat et en stratégie. Je suis rentrée au Maroc quelques jours après l'obtention de mon diplôme pour commencer à y chercher du travail. En 2009, la France était en pleine "déprime" sociale: la crise était au menu des discussions du matin au soir et les projets de toute une nation semblaient ralentis ou atténués. Le Maroc, par contraste, véhiculait un espoir très fort. J'ai eu envie d'adhérer à ce mouvement. C'est également le prolongement d'un engagement pris pendant 4 ans au sein de l'Association des Marocains aux Grandes Ecoles (AMGE-Caravane), qui m'a maintenue en contact permanent avec ceux qui faisaient des choses au Maroc et qui m'a appris beaucoup au sujet de mon pays. Ajoutons à cela que j'espère pouvoir dans quelques années créer ma propre entreprise et que pour cela, il faut bien connaître son pays. Je suis aujourd'hui cadre dans une grande entreprise marocaine qui a fortement rajeuni son staff et lui offre des possibilités d'évolution nombreuses et intéressantes. Je n'ai pas l'impression que ma vie professionnelle soit fondamentalement différente en termes de rythme de travail, d'apprentissage ou d'encadrement de ce que j'aurais pu connaître ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, je suis plutôt heureuse à Casablanca. Comme la plupart des gens autour de moi j'ai une vie professionnelle passionnante. J'ai des amis, des loisirs et des projets pleins les placards. Je voyage de temps en temps, au Maroc comme ailleurs dans le monde. Je ne me sens pas du tout enfermée ici. Au contraire ... Pour ce qui est du réseautage, c'est le premier réflexe de beaucoup de gens, surtout dans les premières années professionnelles. Je trouve que c'est un peu dommage : je préfère de loin la fédération par les idées, par les projets communs que le networking per se. Ceci dit, je comprends son utilité lors d'une recherche d'emploi par exemple. Il provient souvent d'un manque d'information ou de transparence sur les entreprises, les postes offerts, l'organisation, les perspectives d'évolution, la modernité de la gestion de carrière, etc. Dans ce sens, c'est une bonne chose de pouvoir satisfaire sa curiosité en faisant appel à ses pairs. Mais la frontière est mince avec le copinage et la tentation de certains est grande de "doubler la file d'attente". Badr Kettani Parcours Prépa La Résidence à Casablanca, EDHEC Lille. En 2008, j'ai eu mon bac options sciences math du groupe scolaire Atlas à Rabat (mention bien) et j'ai intégré ensuite les classes prépa au groupe La Résidence à Casablanca. Malheureusement, je n'ai pas pu décrocher HEC Paris, l'école que je visais. J'ai quand même réussi l'entretien de l'EDHEC. Maintenant je suis en 1re année d'école de commerce et président de l'AMGE de Lille. C'est évident que je rentre après au Maroc. Bien entendu, après trois ans ou quatre ans d'expérience. L'expérience professionnelle à l'étranger est très valorisée dans le secteur du travail au Maroc, surtout dans le secteur que je vise : la finance. Je vois que les salaires sont très bons pour des débutants : 20000 jusqu'à 25000 dirhams. Je compte faire un MBA, histoire de valoriser davantage mon diplôme. Mais cet été, je rentre faire un stage de trois mois au Maroc. Pour ce qui est du réseautage, je trouve que l'association EDHEC Alumni fonctionne très bien. C'est un atout majeur pour garder le contact avec des anciens lauréats. Il y a un annuaire de contacts, sortes de pages jaunes, avec les coordonnées de tous les anciens de l'EDHEC (numéros de téléphone, emplois actuels, promotion…). Ali Seddiki Parcours Classes préparatoires HEC, HEC Paris majeure Entrepreneurs. Employeur actuel Stratorg. J'ai commencé à travailler en tant que Consultant en octobre 2010 au sein de Stratorg, cabinet de conseil en stratégie installé en France, aux Etats-Unis et en Chine. Je suis actuellement basé au bureau de Paris. Ce qui a motivé mon choix a été principalement la capitalisation d'expérience internationale, alliée à la volonté de côtoyer des entreprises multinationales européennes et américaines. Je vois le retour au Maroc comme la fin d'un parcours initiatique et je ne me sentais pas suffisamment armé à la fin de mes études pour rentrer m'y installer. Pour ce qui est de mon épanouissement, mon métier me plait, les problématiques que j'ai à traiter quotidiennement sont passionnantes. Ceci dit, je n'ai qu'une année d'expérience professionnelle au sein de mon cabinet, et la question de la réalisation de soi est encore abstraite. Il est en revanche certain que j'éprouve le sentiment de "monter en compétence" et donc de réaliser une part de mes objectifs de carrière. Le retour sur investissement de l'enseignement en grande école est donc largement positif : mes études m'ont permises d'obtenir un emploi enrichissant, stimulant et nécessitant le besoin constant de se dépasser, que ce soit intellectuellement ou physiquement, au regard des horaires que notre métier impose. A mon échelle (jeune diplômé), le réseautage est une capacité à mobiliser des amis rencontrés dans le cadre de ses études, des anciens étudiants à HEC, camarades du lycée ou de classes préparatoires. Je n'ai jusqu'ici eu à faire appel à mon réseau que pour poser des questions concernant mon orientation professionnelle et je dois admettre qu'il a été d'une utilité certaine. Fadila Bennani Parcours Prépa à Sceaux, ESSEC Paris. Employeur actuel Valyans Consulting. J'ai 27 ans, je suis née et j'ai grandi à Casablanca. J'ai obtenu un bac S au lycée Lyautey. Je me suis orientée vers une classe préparatoire HEC voie scientifique plus par attrait pour les matières que l'on y étudiait (j'aimais particulièrement bien les maths, l'histoire-géo et les langues) que par réelle projection plus tard dans le monde de l'entreprise. J'ai fait mes 2 années de classe préparatoire à Sceaux. Ces 2 années ont été très enrichissantes, tant sur le plan humain que sur le plan académique. Le rythme de la prépa est intense et très "challenging". Il faut faire preuve d'une véritable résistance et ne jamais baisser les bras. C'est à l'issue de ces 2 années que j'ai passé le concours aux grandes écoles que j'ai réussi puisque j'ai intégré l'ESSEC. J'ai passé 4 merveilleuses années à l'ESSEC où j'ai pu, à travers mes 18 mois de stage en entreprise, choisir réellement vers quel métier je voulais me diriger; mon choix s'est finalement orienté vers le métier du conseil. Ce passage par l'ESSEC m'a également permis d'effectuer un échange académique de 6 mois dans une des écoles de commerce les plus prestigieuses du Brésil, à Sao Paulo. Faire une école de commerce permet finalement à la fois une ouverture sur le monde et sur le monde de l'entreprise, en mode "test". Après une expérience d'une année dans un cabinet de conseil en stratégie à Paris, j'ai décidé de rentrer au pays par égoisme, en vue d'une meilleure qualité de vie et pour retrouver ma famille, et par altruisme aussi, en vue de contribuer au développement de mon pays, en pleine dynamique de croissance. Je suis actuellement senior consultant chez Valyans Consulting, cabinet marocain leader du conseil où je m'épanouis pleinement du fait de pouvoir accompagner des clients souvent publics sur des stratégies sectorielles et des problématiques contribuant au développement de notre pays. Le fait d'être diplômée d'une école crée un sentiment d'appartenance à une communauté ad vitam aeternam. Le réseau est développé à travers le monde entier. Par exemple, en arrivant au Brésil, mon premier réflexe a été de contacter Essec Alumni Brésil, qui regroupe des Essec de plusieurs générations qui m'ont donné plusieurs conseils sur la vie sur place. De même, à mon retour au Maroc, je suis entrée en contact avec Essec Alumni Maroc, qui regroupe une centaine d'Essec et qui organise régulièrement des événements et avec qui on se retrouve souvent Hassan Belkhayat Parcours Prépa lycée Hoche de Versailles, Major de promo HEC Paris 2006. Employeur actuel McKinsey. Je suis rentré avant même de finir mes études. J'ai été contacté, via mon école, par le cabinet McKinsey que je connaissais de réputation. J'ai alors rencontré des membres marocains du cabinet et j'ai consenti à participer au projet de lancement du bureau Marocain. Je tenais à participer au développement de mon pays et travailler au sein d'un tel cabinet me permet aujourd'hui d'être impliqué au coeur de l'économie marocaine. Je pense du fait que le niveau du premier salaire n'est pas un réel élément déterminant dans la décision de rentrer au Maroc. C'est une question de perspective de sa vie future dans le cadre d'un projet de carrière et qui vous intéresse. Pour ce qui est du réseau HEC, nous avons une association des HEC Maroc, relativement active. On se voit très régulièrement, plus dans la cadre de réunions ou de débats entre amis qui ont vécu les mêmes expériences que pour des raisons transactionnelles. Othmane Akherraz Parcours Prépa au lycée Louis-le-Grand, école Polytechnique paris. En 2005, j'ai fait l'école Polytechnique après les classes prépa. Depuis deux ans, je bosse dans une banque à Londres. Si je compte rentrer au Maroc ? Ma décision est prise depuis longtemps. Un diplôme de l'école Polytechnique avec cinq ou six ans d'expérience professionnelle à l'étranger, ça devrait parfaitement marcher au Maroc. Tous les étudiants marocains des grandes écoles à l'étranger sont conscients du fait que le pays a besoin de sa jeunesse et de ses compétences pour avancer sur les pas des plus grandes nations développées. D'ailleurs, la plupart des étudiants et lauréats d'ici comptent tôt ou tard s'installer définitivement au Maroc. Après avoir acquis de l'expérience évidemment. Pour les débutants, je trouve que les salaires sont excellents au Maroc. C'est ce qui motive davantage les lauréats marocains qui ont un contact permanent avec les gens qui ont fait le choix de rentrer définitivement. Pour le réseautage, l'école Polytechnique a créé l'Association marocaine des anciens élèves de l'Ecole Polytechnique Française (Par abréviation Groupe X-Maroc), qui regroupe les anciens élèves de l'Ecole Polytechnique Française qui sont domiciliés au Maroc, qui y ont été domiciliés ou qui y sont nés. Présidée par Driss Benhima, elle a pour but de resserrer les liens de solidarité entre ses membres et apporter toute l'aide nécessaire aux futurs polytechniciens marocains en cours de scolarité. Mohamed BELMAAZA Parcours Lycée Mohamed V, Prépa La Résidence, ESSEC. Ce qui est marrant, c'est que je connaissais HEC mais je ne savais pas qu'on pouvait y accéder par le truchement de classes préparatoires. Au tout début de ma première année de Prépa à La Résidence, j'entends parler de trois filles (Le Mythe de ma Prépas), qui ont réussi à décrocher les Trois Parisiennes (HEC, ESSEC et ESCP : Le rêve de chaque taupin). J'essaie donc de me familiariser avec ces écoles-là mais j'apprends rapidement que c'était «le rêve inaccessible par excellence». Ma plus grande surprise fut le coût de ces écoles. Non seulement elles étaient inaccessibles intellectuellement, mais aussi et surtout très coûteuses. Je me sentais un peu perdu, mais mes parents m'ont rassuré en me disant qu'ils étaient prêts à me soutenir jusqu'à la dernière seconde pour que je puisse réussir. Entre le soutien psychologique de maman, l'aide financière et les conseils pratiques de papa, j'ai pu me concentrer sur l'essentiel de ma vie, à savoir mes études. Les 3 Mythes de ma prépa étaient mes muses. Si elles l'avaient fait je pourrai le faire aussi. Les années de prépas étaient très intenses et très dures. J'entendais souvent dire que c'étaient deux années durant lesquelles l'étudiant se devait d'oublier sa vie sociale. C'était presque vrai, mais le fait de rester en contact avec mes meilleurs amis et de garder les activités indispensables dans ma vie m'était d'une grande aide. Mes professeurs croyaient en moi aussi et me disaient souvent que je pourrais «L'avoir» , l'ECOLE HEC Paris. Je n'hésitais pas à aller sur les forums de prépas, Pages de Fan des 3 Parisiennes ou contacter des gens, marocains surtout, qui étaient déjà passés par cette étape pour pouvoir tirer le meilleur de leur parcours et profiter de leur expérience. Je suis actuellement en première année à l'ESSEC et j'ai décidé de saisir chaque brin d'à-propos qui se présentait à moi pour façonner ma carrière. J'ai commencé par créer une antenne locale d'une des associations les plus connues dans le monde, l'AIESEC (Association Internationale des Etudiants en Sciences Economiques et Commerciales), qui représente le premier Réseau d'étudiants dans le monde. Je crois parfaitement en la puissance et la nécessité du réseautage, surtout en France. J'essaie de rester au courant des évènements en dehors de l'ESSEC comme ceux organisés par l'AMGE. Je profite aussi du puissant réseau des Alumni de mon école pour constituer mon propre portefeuille de contacts. J'ai d'ailleurs trouvé mon premier stage chez Louis Vuitton grâce à un contact que j'ai connu à travers la base de données de l'ESSEC. Le fait d'être dans une école comme l'ESSEC où la plupart des gens viennent de milieux très aisés m'oblige à m'activer pour avoir accès aux mêmes opportunités. Je me dois de compter sur moi-même au lieu de l'ami de mon père qui transfèrera facilement mon CV. Pour l'instant je suis sûr de ne pas rentrer au Maroc, à part pour les vacances et Aïds religieux pour voir les amis et famille. Juste après l'obtention de mon diplôme, je n'ai pas non plus l'intention de rentrer directement au Maroc. Je veux profiter des opportunités qui se présenteraient à moi ailleurs qu'en France, découvrir d'autres pays, d'autres cultures, d'autres façons d'approcher le monde et m'abreuver de tout cela pour donner encore plus de solidité à mon expérience pédagogique que m'offre l'école. Pour l'instant, je n'ai aucune idée de ce que je veux faire après l'ESSEC : peut-être continuer mes études de commerce en Angleterre ou aux Etats-Unis ou changer de domaine en faisant un autre cursus en politique. Mais ce qui est sûr c'est qu'au Maroc, j'ai ce que je n'aurais jamais ailleurs, j'ai les gens qui comptent encore plus que tout pour moi, mes parents, ma famille, mes meilleurs amis et ma vraie culture. Comme j'ai un devoir envers mon pays : il m'a donné des ailes et ça sera à moi de le faire voler très haut. J'ai toujours envisagé de rentrer au bercail, quand ? Je ne sais pas.