Le chef du gouvernement marocain Saâdeddine El Othmani et le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, se trouvent tous les deux à Panama City pour prendre part à l'investiture du nouveau président panaméen. Ce pays d'Amérique centrale avait gelé sa reconnaissance de la «RASD» en 2013 avant de faire marche arrière, deux années plus tard. Tentant de stopper la vague de retrait de reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)» faisant suite à la tournée régionale du chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita en Afrique latine, le secrétaire général du Polisario s'est envolé samedi au Panama. Il prend part, selon l'agence de presse du Polisario, à la cérémonie d'investiture du nouveau président panaméen Laurentino Cortizo tenue aujourd'hui. A son arrivée, Brahim Ghali a été accueilli par des représentants des autorités panaméennes, rapporte l'agence, sans préciser leur rang. Ce n'est que dimanche que le secrétaire général du Polisario a été reçu par le président panaméen. L'occasion pour le chef du mouvement séparatiste d'assurer à son hôte son «désir de consolider les relations amicales et la coopération entre la République du Panama» et le Polisario. Le Panama a reconnu la «RASD» le 23 juillet 1978, devenant ainsi le premier Etat de la région à la reconnaître mais aussi à accueillir son «ambassade» dès 1980. En novembre 2013, le gouvernement panaméen a décidé de suspendre cette reconnaissance. Dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères, il a affirmé qu'«en vertu des principes du droit international et pour qu'un groupe forme un Etat souverain reconnu internationalement, il faut des éléments de base qui garantissent son existence, en l'occurrence une terre, un peuple et un gouvernement indépendant». Toutefois, la position du Panama restera instable jusqu'à ce que ce pays reprenne ses relations avec le Polisario, le 8 janvier 2015, tout en tendant la main au Maroc. Car, en août 2015, une ambassade du Panama à Rabat a été ouverte en présence de représentants des deux pays. Cinq mois plus tard, Salaheddine Mezouar, alors ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, présidait la cérémonie d'inauguration de l'ambassade du Maroc au Panama. Sahara : Après une année de rupture, le Panama renoue avec le Polisario Bien que ce dernier ait maintenu ses relations avec le Polisario, il a toujours veillé à ne pas froisser le Maroc. D'ailleurs, en juin 2017, les autorités panaméennes refusaient une demande du Polisario d'immobiliser un navire transportant du phosphate marocain, arguant de l'absence de preuve sur l'appartenance de cette cargaison au mouvement établi à Tindouf, en Algérie. Saâdeddine El Othmani et Brahim Ghali, un face-à-face au Panama Brahim Ghali n'est pas seul au Panama City. Le chef du gouvernement marocain, Saâdeddine El Othmani, est arrivé dimanche soir, pour représenter le roi Mohammed VI à la cérémonie d'investiture de Laurentino Cortizo. Contrairement au chef du Polisario, il a été reçu, dès son arrivée à l'aéroport international Tocumen, par le vice-ministre panaméen des Affaires étrangères, Luis Miguel Hincapié. Le chef du gouvernement, cité par l'agence MAP, a estimé que la participation du Maroc témoignait de la volonté du royaume de «conférer un nouvel élan aux relations bilatérales» incluant de nouvelles dimensions, économique, commerciale et culturelle, pour «enclencher un dialogue politique régulier tout en veillant à établir un partenariat stratégique au service des deux pays et de leurs grandes causes». Dans ce sens, El Othmani a souligné le «rôle important du Panama en Amérique centrale et dans le contient américain en général» ainsi que celui du Maroc «en tant que porte d'entrée du continent africain». Le roi Mohammed VI, lui, avait adressé un message de félicitations à Laurentino Cortizo à l'occasion de son élection à la tête du Panama. Il avait mis en avant les «relations d'amitié et de coopération fructueuse» entre les deux pays, soulignant sa détermination à «œuvrer de concert avec le nouveau président» pour consolider ces liens. Laurentino Cortizo, du Parti Révolutionnaire démocratique de centre-gauche, a été élu en mai dernier dès le premier tour, avec plus de 33% de voix.