Le Qatar a créé la surprise à l'Atelier de Manama en envoyant son ministre des Finances. En terme de niveau de représentation, il rejoint ainsi ses voisins-ennemis : l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. L'Atelier de Manama sur le volet économique du «Deal du siècle» a clos hier ses travaux. Des Etats arabes ont pris part à la réunion présidée par Jared Kushner, le conseiller spécial de Donald Trump, alors que d'autres comme le Liban, l'Irak, le Koweit ou l'Autorité palestinienne ont boycotté comme annoncé préalablement. Le Maroc y était représenté par un cadre du ministère des Finances, comme indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié le lundi 24 juin. Dans l'ensemble, le niveau de la représentativité des autres pays arabes dans la capitale du Bahreïn était bien supérieur à celui du royaume. Le samedi 22 juin, Le Caire annonçait que la délégation égyptienne à Manama sera conduite par son vice-ministre des Finances. Le même jour, la Jordanie désignait son secrétaire général au département des Finances pour la représenter à ce rendez-vous, officiellement le premier du genre qui réunit au tour de la même table des Arabes et des Israéliens pour aborder des questions économiques. Le Qatar signe la surprise L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, deux pays très engagés depuis plus d'une année dans la promotion du «Deal du siècle» et qui ne l'ont jamais caché, ont envoyé leurs ministres des Finances à la réunion. Néanmoins à Manama, c'est le Qatar qui a créé la surprise alors qu'il n'avait pas confirmé sa participation. L'émirat était bel et bien présent via son ministre des Finances, Ali Cherif al Ammadi, au même niveau donc que Riyad et Abou Dhabi. Cette volte-face a d'autant plus surpris que les organisations arabes proches de Doha, ainsi que son bras médiatique, la chaîne Al Jazeera ont fait campagne pour le boycott l' «Atelier sur la paix et la prospérité». Finalement, la chaîne satelittaire n'a traité la participation du Qatar qu'à travers un article sur son site Internet, parlant de la «consternation de Qatariotes de la participation de leur pays à la Conférence de Manama» ; une simple sélection de certains points de vue exprimés sur les réseaux sociaux. Bahreïn, encore plus loin que le Qatar, l'Arabie saoudite et l'EAU Même si nombre d'Etats arabes évitent de s'exprimer officiellement sur leurs relations diplomatiques, culturelles ou économiques avec Israël, à l'image de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, Bahreïn n'a pas manqué l'occasion pour annoncer son changement d'appréciation du conflit israélo-palestinien. Profitant ainsi de la présence de médias israéliens dans la capitale bahreïnie, le ministre des Affaires étrangères Khalid bin Ahmed a déclaré qu'«Israël est ici et nous souhaitons désormais la paix avec elle». «La conférence de Manama pourrait changer la donne, à l'instar des accord de Camp David entre Israël et l'Egypte», a-t-il rajouté. «Ils doivent savoir qu'il existe plusieurs pays de la région qui veulent la paix et encouragent les Palestiniens en ce sens», a-t-il plaidé, expliquant par ailleurs que «sans l'intervention iranienne, [les Israéliens et les Palestiniens] seraient parvenus à la paix depuis longtemps». Les grandes lignes du volet économique du «deal du siècle» Cette rencontre a permis de présenter les grandes lignes du «deal du siècle», qui prévoit de mettre en place des projets économiques en Cisjordanie et sur la Bande de Gaza, mais aussi dans les pays limitrophes à l'image du Liban, de l'Egypte et de la Jordanie. Selon cette proposition portée par le conseiller principal de Donald Trump, Jared Kushner, 15 projets seront lancés en Jordanie, d'une valeur de 7,4 milliards dollars. Pour cinq autres au Liban, 6,3 milliards de dollars seront alloués. Quant à l'Egypte, elle devra voir l'exécution de 12 projets pour une valeur totale de cinq milliards de dollars. En Palestine, 147 projets devront voir le jour, entre la Cisjordanie et Gaza, pour 27,5 milliards de dollars. Cinq milliards de dollars serviront à la construction d'une route directe liant les deux régions palestiniennes. Au total donc, ce sont 50 milliards de dollars qui seraient prévus sur les 10 prochaines années.