En phase avec les déclarations d'El Othmani de la semaine dernière, Moncef Marzouki parie beaucoup sur le Hirak en Algérie pour une réouverture des frontières avec le Maroc et une relance du projet maghrébin. L'ancien président tunisien, Moncef Marzouki (28 août 2012 - 2 janvier 2015), est persuadé que le mouvement populaire de contestation en Algérie bénéficiera à la normalisation des relations entre le Maroc et l'Algérie, notamment par une réouverture des frontières entre les deux pays. «Ce peuple de citoyens ne permettra pas que se poursuive la fermeture des frontières avec le Maroc frère et qu'agonise le rêve maghrébin. Il ressuscitera le projet de l'Union maghrébin», a écrit hier dans une intervention publiée sur sa page Facebook intitulée : «Pourquoi une grande partie de notre avenir dépend du succès de la révolution populaire et pacifique en Algérie ?» Tout en félicitant du Hirak au pays voisin, Marzouki a mis en garde contre l'influence néfaste des Emirats arabes unis qui, selon lui, «sont entrain de détruire la Libye et menace au même titre la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie». Marzouki s'est plaint également du régime de Bouteflika Concernant le premier vœu de l'ex-chef d'Etat, il est parfaitement en phase avec celui exprimé la semaine dernière par le chef du gouvernement marocain. A l'occasion d'un «Iftar» avec des directeurs de médias, il avait plaidé pour « la réouverture des frontières» terrestres fermées depuis août 1994. «La logique veut qu'elle soit la première décision» prise par «la nouvelle équipe dirigeante» en Algérie, a-t-il souhaité. Et ce n'est, d'ailleurs, pas le seul point commun entre les déclarations de Saad-Eddine El Othmani et l'article de Moncef Marzouki. L'ex-chef de l'Etat s'est également plaint du régime d'Abdelaziz Bouteflika. «Peu de Tunisiens savent à quel point le régime algérien déchu a contribué à la victoire de la contre-révolution en 2014» en Tunisie. Il fait allusion aux nouvelles ayant circulé il y a cinq années faisant état d'un éventuel soutien financier de Bouteflika à son adversaire, Béji Caïd Essebsi, lors des élections présidentielles de décembre 2014. Durant deux décennies, l'ancien locataire du palais Al Mouradia ne voyait guère d'un bon œil la proximité entre Moncef Marzouki et le roi Mohammed VI. En effet, le 8 février 2012, Moncef Marzouki avait réservé son premier voyage officiel au Maroc. Une semaine auparavant à Addis-Abeba, il plaidait pour un retour du Maroc à l'Union africaine. Alors secrétaire général du parti Nidaa Tounes, Essebssi avait quant à lui effectué, en septembre 2013, un déplacement à Alger. Une visite qui avait scellé l'"alliance" entre la Tunisie et l'Algérie. Si depuis le président tunisien a multiplié les voyages à Alger, il ne s'est jamais rendu à Rabat.