Ouverte dans une ancienne caserne, la grande salle de prière de Barbès devait apporter une solution aux prières de rue dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Cependant, les querelles entre les responsables des associations représentées, et une double équation financière et légale difficile à résoudre, font à nouveau planer le spectre des prières en plein air. Début septembre, une salle de prière de 1500 m² a été ouverte, sur l'Avenue de la porte des Poissonniers (Barbès, XVIIIe arrondissement de Paris). Le lieu de culte devait réunir les fidèles des mosquées des rues Myrha et Polonceau, dont les capacités, dont les fidèles trop nombreux, étaient obligés d'effectuer leur prière du vendredi dans la rue. Depuis son ouverture, la grande salle de l'Avenue de la porte des Poissonniers accueille en moyenne 6000 fidèles chaque vendredi, rapporte le quotidien Libération. Mais… Depuis son ouverture, la salle de prière a été confrontée à plusieurs incertitudes concernant son avenir. Libération rapporte qu'au début du mois, de vives querelles ont opposé les responsables de la mosquée de Myrha (beaucoup plus fréquentée par des Maghrébins), et de Polonceau (affluence majoritairement subsaharienne). Ces querelles portaient sur la composition de l'association devant gérer le lieu de culte. «Il y avait un problème dans le choix des hommes», a déclaré Hamza Salah, le recteur de la mosquée de Myrha. Les deux parties finissent néanmoins par trouver un terrain d'entente. L'association est effectivement constituée le 16 novembre. Elle est composée de 6 membres, dont 3 de chaque mosquée. La présidence est assurée par Hamza Salah, tandis que Moussa Diakité, son homologue de la mosquée de Polonceau assure la vice-présidence. «Maintenant, le problème est réglé. Nous allons tous dans la même direction», affirmait-il à Libération. Si le conflit de leadership semble réglé, un problème plus grave subsiste. Le lieu de culte en question La «nouvelle» salle de prière est en fait une ancienne caserne réaménagée, propriété du ministère de la Défense. Les locaux seront loués jusqu'en 2013, puis l'Etat revendra le terrain. A mois de pouvoir le racheter, les associations de musulmans de Barbès ne pourront pas retrouver un lieu suffisamment grand pour les accueillir tous. «On pourrait racheter le terrain à l'Etat, engager un architecte et construire une vraie mosquée, comme celle de Strasbourg. Mais pour cela, il faudrait une somme d'argent dont nous ne disposons pas», déplore Hamza Salah. En effet, l'association qui gère le culte peine déjà à réunir les 180 000 euros nécessaires à l'entretien et l'aménagement de l'ancienne caserne. Une collecte est organisée chaque semaine pour y parvenir, mais le chemin risque d'être long. Si la situation est aussi dramatique, c'est que les alternatives sont peu nombreuses. La mosquée Ada'wa, dans le XIXe arrondissement, est fermée depuis plusieurs années, à cause de sa vétusté. «C'est depuis la fermeture de cette mosquée, qui regroupait 4000 fidèles, qu'il y a des problèmes... Si les travaux reprenaient, il y en aurait beaucoup moins», reconnait un employé de la mairie du XVIIIe. Il se trouve justement que le financement soit un obstacle capital à l'avancement desdits travaux, bloqués depuis trois ans. Les mosquées de Myrha et de Polonceau ont été réouvertes entre temps, mais on craint qu'elles n'apportent pas de solution sur le long terme. «Si on construisait une grande mosquée, tout changerait. Il est temps que l'on construise de vraies mosquées à Paris. Beaucoup trop de musulmans continuent à prier dans des foyers ou dans de petites mosquées débordées … Nous ne voulons pas que ça déborde de nouveau», a déclaré Moussa Diakité. Une chose est sûre, en cas de débordements, les fidèles s'exposeraient aux foudres de l'Etat, car le ministère de l'Intérieur interdit les prières dans les rues depuis le 15 septembre. Un casse-tête juridique, qui complique d'avantage une situation déjà difficilement gérable.