Pour mettre fin aux prières dans la rue, un hangar de 1500 m² devrait prochainement être mis à la disposition des musulmans dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Seulement le financement des travaux d'aménagement reste encore une équation pour les autorités et pour les associations musulmanes qui vont louer ce local provisoirement, en attendant l'ouverture des nouveax batiments de l'Institut des Cultures d'Islam en 2012. S'achemine-t-on vers la fin des prières de rue dans le XVIIIème arrondissement de Paris ? En tout cas les autorités semblent décidées à ne plus voir les rues Myrha et Polonceau être «occupées» par les fidèles musulmans, le temps de la prière hebdomadaire du vendredi. Et pour ce faire, c'est un hangar situé près de la porte des Poissonniers, à la frontière nord du XVIII arrondissement de Paris qui devrait être mis à la disposition des associations musulmanes en charge des deux mosquées situées sur les rues Myrha et Polonceau. Ce hangar appartient au ministère de la défense. Une partie des locaux est actuellement occupée par une association qui y loge des sans-abri. C'est la partie non occupée, d'une superficie de 1500 m² qui a été ciblée par la Préfecture de police de Paris. Hamza Salah, le recteur de la mosquée de la rue Myrha, beaucoup plus fréquentée par des Maghrébins, ainsi que Moussa Diakité, de la mosquée Al fath, sur la rue Polonceau, plus fréquentée par des Subsahariens, ont tous les deux visité les lieux. L'équation financière Reste maintenant à résoudre l'équation financière pour l'aménagement et l'entretien du hangar. Le coût des aménagements (salles d'ablution, électricité, chauffages…) est estimé à près de 180 000 euros. Et la loi de 1905 sur la laïcité interdit le financement étatique des cultes. Mais face à l'urgence de la situation, c'est l'Etat qui va mettre la main à la poche pour lancer les travaux nécessaires. Une convention d'occupation précaire devrait être signée avec les associations musulmanes. Celles-ci, en plus de payer le loyer, devraient également retourner à l'Etat le coût des aménagements. Seulement, la facture risque d'être très salée pour ces associations, qui n'utiliseront le hangar que quelques heures par semaine ! A signaler aussi que ce hangar aménagé devrait être vendu une fois que les musulmans cesseront d'y prier. Nouvelles salles En effet, dès l'année prochaine, ils retourneront au cœur du XVIIIème arrondissement, où deux salles d'une capacité de mille fidèles chacune, seront aménagées dans les locaux de l'Institut des Cultures d'Islam, en construction dans le quartier de la Goutte d'Or. Là aussi, «il n'est pas question que la ville en fasse cadeau», prévient Daniel Vaillant, maire PS de l'arrondissement. Les deux salles seront vendues aux associations musulmanes à hauteur de «6 à 7 millions d'euros», prévient l'élu socialiste. Mais le recteur de la mosquée de la rue Myrha, craignant de perdre son indépendance, une fois dans cet institut dépendant de la mairie, refuse de s'y associer. Problème électoral C'est dire que la solution au problème de prières de la rue n'est pas encore à portée de main. Un phénomène qui s'est accentué dans cette partie de Paris depuis la fermeture de la mosquée Ada'wa il y a quelques années, en raison de sa vétusté. Située sur la rue de Tanger, dans le XIXème arrondissement, cette mosquée avait une capacité d'accueil de 3000 fidèles. Après sa fermeture, ils se sont redirigés vers les mosquées les plus proches, pourtant pas assez grandes. D'où les prières dans la rue. Elles ne constituaient pas pour autant «un problème» sur les rues Myrha et Polonceau : «J'habite dans ce quartier depuis 4 à 5 ans, et j'ai trouvé les gens faire leurs prières [du vendredi] sur la rue», constate Nicolas Laurent, habitant de la rue Myrha. «C'est vrai que pendant les heures de prières, les rues sont fermées et les voitures ne peuvent pas passer, mais cela ne gène pas tout le monde, comme moi», précise-t-il, avant d'ajouter qu'il est plutôt «impressionné par ces scènes de prières collectives». Le problème n'est donc pas nouveau. Mais les autorités n'ont réagi que tardivement. Des solutions concrètes, comme ce hangar, n'ont été proposées qu'une fois que le Front national de Marine Le Pen ait décidé d'en faire un sujet de campagne électoral, soutenant notamment l'apéro saucisson que le Bloc identitaire avait prévu d'organiser à la Goutte d'Or, en juin 2010.