Les employés de la société de fabrication textile Corrochano de Talavera de la Reina, à Tolède en Espagne, ont manifesté hier contre leur licenciement. En cause, la société Inditex délocalise sa production : Corrochano de Talavera de la Reina vient de perdre un marché. Au Maroc, au contraire, la sous-traitance textile des entreprises espagnoles, Zara en tête, ne fléchit pas. Manifestation, hier, mardi 16 novembre, dans la rue San Francisco, à Tolède, près de Madrid, rapporte Europapress. Les salariés de l'entreprise de fabrication textile Corrochano de Talavera de la Reina licencie : elle vient de perdre un important marché. Inditex, nommé «Distributeur international de l'année» dans le cadre de la plus grande conférence annuelle de la distribution, le World Retail Congress le 28 septembre à Berlin, a décidé de ne plus faire confectionner les vêtements de sa marque Pull and Bear par Corrochano de Talavera de la Reina. «C'est une attaque contre les travailleurs parce que le départ de cette société [Inditex, ndlr] ne se justifie que par les coûts, puisque la fabrication va continuer en dehors de l'Espagne. Ce n'est donc pas seulement un départ causé par la crise, mais parce qu'il est moins cher de produire au Maroc ou en Tunisie qu'ici», estime Fernando Durán, du syndicat UGT. La décision d'Inditex porte un nouveau coup au secteur textile espagnol qui souffre déjà d'une crise violente. Le nombre d'entreprises textiles ont chuté de 29,3% entre 2005 et 2010, selon le Centre espagnol pour le textile et l'habillement. Sur la même période, la production a baissé de 35,8%. A force de restructurations, de licenciements et de délocalisations, le secteur textile espagnol a réduit de près de 23% les coûts salariaux. «La crise économique qui a lourdement impacté l'économie espagnole a aggravé la situation économique dans l'industrie textile et de l'habillement et a accéléré le processus de changement stratégique des entreprises pour faire face à ce nouvel environnement du secteur caractérisé par la mondialisation croissante de leurs activités», indique Centre espagnol pour le textile et l'habillement Dans ce contexte, le Maroc «n'a pas constaté une arrivée plus importante d'enseignes espagnoles ou de donneurs d'ordre dans le secteur textile, atteste Mohamed Tazi, directeur général de l'Association Marocaine de l'Habillement et du Textile (AMITH), mais il n'a pas vu fléchir ses exportations vers l'Espagne en dépit de la crise. Au Maroc, beaucoup d'entreprises espagnoles gravitent autour de l'entreprise star d'Intidex, Zara et leur demande n'a pas baissé «parce que ce sont des enseignes internationales qui ne sont pas dépendantes, exclusivement du marché espagnol», explique le directeur général de l'AMITH. Entre le premier semestre 2010 et la même période en 2011, les importations en habillement de l'Espagne depuis le Maroc ont même augmenté de 25% selon une étude de l'Institut français de la mode. La confection des vêtements de Zara représente 15% des exportations du Maroc dans ce secteur vers l'Espagne, selon Mohamed Tazi. Avec un taux de chômage, de 22,6%, selon Eurostat, supérieur à celui de la Grèce, alors que l'alliance Renault Nissan investit à Tanger plutôt qu'en Espagne, alors que le port de Tanger Med impose une forte concurrence à celui d'Algeciras, les marques espagnoles continuent voir augmente leur sous traitance au Maroc. Bientôt une immigration de travail des chômeurs espagnols vers le Maroc ?