Le 26 mars 2015, l'Arabie saoudite déclarait la guerre aux Houthies chiites qui venaient de s'emparer du pouvoir au Yémen et chasser le président Hadi de Sanaa. Dès le premier jour, le Maroc était engagé aux côtés des Saoudiens. Le 23 janvier 2019, Nasser Bourita annonce officiellement que Rabat a pris ses distances avec le projet de Riyad. «Le Maroc a changé sa participation» au sein de la coalition arabo-islamique, sous commandement de l'Arabie saoudite, qui mène depuis mars 2015 la guerre au Yémen. Les propos portent la signature du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, dans une interview accordée à la chaîne Al Jazeera et diffusée mercredi soir. Le chef de la diplomatie a justifié cette modification de la nature de l'engagement marocain par «une évaluation du terrain sur tous les niveaux, notamment les développements humanitaires». C'est en effet la première fois qu'un officiel marocain, ministre de souveraineté, confirme à demi-mot les informations qui circulent depuis plusieurs mois et faisant état de la décision du royaume de «retirer» ses avions de chasse F-16 des opérations de bombardements des positions contrôlées par les forces des Houthies. Le Maroc a pris ses distances avec la guerre au Yémen Le ministre a reconnu également que le Maroc «n'a pas participé à des réunions ministérielles» des membres de la coalition. Pour rappel, le royaume avait boycotté une réunion du 23 juin des ministres de la Communication de la coalition arabe tenue à Djeddah, consacrée à l'examen des moyens visant à soutenir la «légitimité au Yémen». Le gouvernement El Othmani avait invoqué un «problème d'agenda» de Mohamed Laarej pour justifier cette absence. Nasser Bourita a, par ailleurs, confirmé l'absence des éléments des forces armées royales aux récentes manœuvres militaires organisées par le bloc qui combat les Houthies chiites au Yémen. La Marine royale a en effet boudé l'exercice naval «Vague rouge-1», tenu du 30 décembre 2018 au 4 janvier 2019 en Mer rouge. Les déclarations du ministre des Affaires étrangères à la chaîne qatarie attestent, si besoin est, de la nette détérioration des relations du Maroc avec l'Arabie saoudite, fortement engagé dans la guerre au Yémen. Pourtant, Rabat était l'une des premières capitales arabes à s'empresser à soutenir militairement Ryad dans son opération, placée initialement sous le slogan de la «restauration de la légitimité du pouvoir du président Abdrabbo Mansour Hadi» avant de dévier de cet objectif. Les annonces faites, hier soir, par Nasser Bourita feront certainement des grincements de dents du côté des tenants des commandes au Riyad, d'autant que le ministre marocain a choisi un média qatari pour les rendre publiques.