En Mauritanie, le président Mohamed Ould Abdel Aziz prépare son successeur. S'agit-il d'une nouvelle stratégie pour continuer à tirer les ficelles ? Le président mauritanien a annoncé que son «départ» ne signifie pas qu'il renonce à la politique. Mohamed Ould Abdel Aziz renonce à briguer un troisième mandat. Le projet de son parti, l'Union pour la République (UPR), qui détient la majorité absolue au Parlement monocaméral, de modifier la Constitution en vue de lui baliser la voie à l'élection présidentielle de 2020, est désormais suspendu. L'annonce a surpris la classe politique en Mauritanie et dans la région maghrébine. Une fois son effet passé, des listes de candidats à la succession de l'homme fort du voisin du sud ont commencé à apparaitre. Sans doute, le mieux placé dans la Bourse des pronostics pour diriger le pays de 2020 à 2024 n'est autre que Mohamed Ould Ghazouani. Il est le plus proche collaborateur de l'actuel président. Tous les deux ont mené, en août 2008, le coup d'Etat ayant porté Ould Abdel Aziz au pouvoir. Quelles conséquences pour le Maroc ? Depuis, la carrière du général Ghazouani a connu une ascension fulgurante. Avant sa nomination, en octobre, ministre de la Défense dans le gouvernement de Mohamed Salem Ould Bechir, il occupait le prestigieux et sensible poste de chef d'Etat-major de l'armée mauritanienne. En troquant le treillis pour un costume cravate, l'ancien général se prépare à assumer de nouvelles responsabilités dans le parti présidentiel et la tête de l'Etat. La cérémonie de l'officialisation de la candidature d'Ould Ghazouani serait prévue au début de mars. Ce «départ» annoncé et préparé par Mohamed Ould Abdel Aziz aura-t-il des conséquences sur le Maroc alors que les deux pays semblent décidés à tourner la page des années de tensions ? «De par ses anciennes fonctions, Ould Ghazouani évitait de s'immiscer en politique. Il est improbable que ce changement puisse affecter négativement les relations maroco-mauritaniennes. Le véritable pouvoir ne devrait pas échapper à l'actuel président», nous confie une source proche du dossier. Une lecture à prendre avec des pincettes. En témoigne l'exemple angolais. La stratégie mise en place par José Eduardo dos Santos ayant décidé de quitter le pouvoir tout en plaçant un fidèle à la tête du pays sont tombés à l'eau par la personne qu'il a lui-même choisie pour lui succéder en 2017, Joao Lourenço. Ould Ghazouani est issu de la tribu «Idboussat», installée au pays depuis des siècles. Un atout capital dans un pays où les structures traditionnelles jouent encore un rôle déterminant.