Dans un documentaire diffusé hier soir sur Canal+, Olivier Dacourt et Marc Sauvourel pointent du doigt les actes racistes dans le milieu du ballon rond, et surtout le manque de solutions pour faire cesser ces comportements. Le football marocain n'est pas en reste. Un racisme endémique mais bien peu de solutions pour l'endiguer. C'est le constat de l'ancien international Olivier Dacourt, coréalisateur, avec le journaliste Marc Sauvourel, du documentaire «Je ne suis pas un singe» sur le racisme dans le monde du football, diffusé hier soir sur Canal+. «Rien n'a changé : il y a trente ans, Joseph-Antoine Bell recevait des bananes et l'an dernier, Dani Alves en a reçu. On se demande ce qui s'est passé et surtout ce qu'on n'a pas fait pour en arriver là. Notre documentaire n'est pas un travail militant, nous souhaitions seulement poser un constat», explique Olivier Dacourt dans une interview au Point. Si la Fédération internationale de football association (FIFA) avait notamment mis en place des mesures anti-racistes pour la Coupe des confédérations en Russie, les actes discriminatoires dans le milieu du ballon rond demeurent nombreux, particulièrement en Italie, indique Le Monde dans un article consacré au documentaire d'Olivier Dacourt et Marc Sauvourel. Dernière victime en date : Kalidou Koulibaly, joueur de Naples, a essuyé des cris de singes et d'insultes racistes de supporteurs de l'équipe adverse, le 26 décembre 2018 face à l'Inter Milan. Il avait déjà fait l'objet de cris similaires à Rome en février 2016, rappelle Libération. «La solution ? Que tous les joueurs de couleur quittent le terrain ! Cela ferait perdre beaucoup d'argent à beaucoup de monde, dont les télés, et cela ferait sans doute réagir enfin les autorités !», suggère le joueur du Barça, Samuel Eto'o dans le documentaire. Au Maroc, superviser les matchs pour lutter contre le racisme Cet épineux fléau n'est pas sans rappeler le fichage ethnique au sein du Paris-Saint-Germain, révélé en novembre dernier par Mediapart et «Envoyé spécial». Entre 2013 et 2018, des recruteurs du club parisien ont fiché ethniquement de jeunes joueurs dont les profils avaient retenu leur attention. A l'époque, en 2014, la nouvelle s'était répandue comme un bruit de couloir mais la direction était temporairement parvenue à étouffer l'affaire. Plus encore, elle était allée jusqu'à couvrir les responsables de ce fichage, «en dépit de ce que le PSG affirme aujourd'hui». Jusqu'au printemps 2018, les dirigeants du club avaient ainsi continué à demander à des recruteurs de renseigner «l'origine» des joueurs détectés selon quatre catégories : «Français», «Maghrébin», «Antillais», «Afrique noire». Le football marocain n'est pas en reste, mais des propositions pour faire cesser ces comportements sont toutefois proposées. En mai 2017, le Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM) avait amorcé, avec un réseau d'associations africaines, un programme dans le but de «superviser les matchs de football et faire des rapports après chaque rencontre sur les comportements discriminant», nous avait expliqué Hicham Rachidi, membre du GADEM. C'est dans ce cadre que l'association avait pu relayer l'affaire Ousseynou Thioune, du nom d'un joueur de l'Ittihad Riadhi de Tanger qui avait été victime de racisme lors d'un match.