N'en pouvant plus de subir des pertes considérables (100 millions d'euros) en raison de pratiques mafieuses dont ils sont victimes au Maroc, des investisseurs espagnols ont mis sur pied l'«Association des Affectés par l´Extorsion au Maroc». Une structure qui attire petit à petit les différents investisseurs étrangers du royaume. Son président, Francisco de Arratia, annonce des actions spectaculaires si rien n'est fait pour mettre fin à leurs mésaventures. Il répond aux questions de Yabiladi.com. Yabiladi : Pourquoi avez-vous nommé votre structure «Association des Affectés par l´Extorsion au Maroc» (A.A.E.M) et qui la compose ? Francisco de Arratia : Nous avons décidé de l'appeler «Association des Affectés par l´Extorsion au Maroc» tout simplement pour coordonner tous les dossiers d'hommes d'affaires qui sont victimes d'extorsion au Maroc. Notre objectif est de créer un cadre de rencontres entre ces entrepreneurs qui ont vécu ces expériences-là. L'A.A.E.M est essentiellement constituée d'investisseurs espagnols et compte une vingtaine d'entreprises. De nouveaux membres nous rejoignent quotidiennement depuis que l'initiative a été lancée et relayée par les médias. Ce sont essentiellement des entreprises espagnoles, mais des entrepreneurs français tapent également à notre porte. L'Administration marocaine s'intéresse-t-elle à votre cause ? L´Administration marocaine est au courant de nos préoccupations, ainsi que celle espagnole d'ailleurs. Mais pour le moment, les actions concrètes se font encore attendre sur ces pratiques que nous dénonçons et qui sont illégales et non conformes aux normes qui régissent le monde des affaires. Quelles institutions avez-vous saisi au Maroc? Est-ce que vous bénéficiez du soutien de vos collègues marocaines ? Nous avons également saisi Transparency Maroc sur certains cas. Mais là aussi, rien n'a bougé. L'ONG nous a répondu qu'elle était incapable de faire quoi que ce soit. Pour ce qui est des autorités, nous avons saisi le ministère de la Justice, les Tribunaux, les Wilayas des différentes régions où des cas d'extorsion ont été signalés, ainsi que l'ambassade du Maroc à Madrid et celle de l'Espagne à Rabat. Les autorités disent qu'elles ne peuvent rien faire et que c'est à la justice de résoudre le problème. Seulement cette justice n'est pas à la hauteur. Notamment sur certaines affaires dans lesquelles des groupes comme Addoha sont mis en cause. Quant aux entrepreneurs marocains, il y en a parmi eux qui nous soutiennent. Car ils se rendent compte que la situation que nous vivons n'est pas du tout légale. Quelles mesures comptez-vous prendre si rien ne change ? De nouvelles mesures spectaculaires seront bientôt communiquées dans les médias. En dehors des manifestations que l'Association va organiser les 6 et 25 novembre dans les ports de Tarifa et d'Algésiras ainsi que le sit-in devant l'ambassade du Maroc à Madrid, nous allons entrer en contact avec les institutions européennes pour que tous les pays membres de l'Union européenne soit au courant de ce qui se passe au Maroc. Pensez-vous à quitter le Maroc pour un autre pays ? Non, absolument pas. Le Maroc est un grand pays, avec une merveilleuse population. Mais nous devons faire attention, car il y a des individus qui nuisent terriblement à l'image du Maroc ainsi que son avenir et celui de ses jeunes. Ces individus agissent en toute impunité. Et je vous assure que cela constitue de graves risques pour l'économie marocaine. Lire article sur le même sujet.