Les entreprises espagnoles s'apprêtent à reprendre leur activité de prospection sous nos latitudes. Le service économique de l'ambassade du Maroc en Espagne s'active énergétiquement pour capter ces nouveaux arrivants qui devraient être nombreux. Les chambres de commerce et organismes espagnols en charge de la promotion du commerce extérieur s'activent pour rattraper le retard causé par la crise sanitaire et le confinement. Après un semestre de paralysie, les programmations d'une nouvelle saison se profilent. La décision du ministère des Affaires étrangères et de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger d'autoriser le déplacement, sous nos cieux, des entrepreneurs étrangers à l'invitation d'une foire marocaine donnerait un coup d'accélérateur à ces arrivées. «C'est une bonne décision. Durant tout l'état d'urgence et post-confinement, cette préoccupation revenait sans cesse dans les doléances des opérateurs espagnols qui ont fait appel à l'ambassade marocaine. 90% des consultations prodiguées par nos soins étaient en relation avec la date d'accès au Maroc. Les investisseurs avaient besoin de se rendre sur place pour effectuer des opérations auprès des banques, signer des actes notariaux, etc.», souligne cette source autorisée au sein de la chancellerie marocaine à Madrid, en charge de l'attrait des capitaux ibériques. Bien avant que cette mesure soit annoncée, des organismes espagnols ont commencé à mettre en place un agenda incluant un déplacement in situ, tout en offrant aux intéressés la possibilité de suivre la rencontre par voie télématique. C'est le cas par exemple de la chambre de commerce de Cantabria. Celle-ci a prévu de mener une mission de prospection sous nos cieux, au profit des opérateurs économiques de cette région espagnole. La délégation a prévu de se rendre à Casablanca les 22 et 23 octobre. Au menu, des rencontres B to B et des réunions sectorielles dans le but d'établir ou consolider des relations commerciales, déjà existantes. L'action entre dans le cadre d'un programme visant à épauler les entreprises de cette région du nord à explorer de nouveaux marchés. A cet effet, le Maroc constitue pour cette région une aubaine à saisir. «Le pays a connu une forte croissance durant les dix dernières années (...) les opportunités pour les entreprises espagnoles sont en général diversifiées, avec une attention particulière au secteur des composants automobiles et du textile», précise le dossier de présentation de cette mission. Justement, c'est là où le Maroc devrait mobiliser ses efforts de captation des investisseurs européens. D'après notre interlocuteur, le royaume a gagné en notoriété durant cette crise sanitaire et il est primordial d'utiliser ce capital de sympathie à bon escient. «Nous recevons au sein de notre département des appréciations positives des hommes d'affaires espagnols qui souhaitent consolider davantage leur implantation sous nos latitudes. Ils sont tous unanimes à vouloir se délester du poids de l'Asie dans leur carnet de commandes quitte à être appelés à engager un coût supplémentaire en faisant appel au Maroc. À leurs yeux, l'Asie est devenue un marché à risque et ils préfèrent miser sur la stabilité et la proximité géographique», souligne ce connaisseur du dossier des investissements ibériques au Maroc. De fait, la réputation de la Chine, s'est écornée durant la crise sanitaire, ce qui devrait profiter amplement au royaume, ajoute cet expert. «A présent la concurrence se centre sur deux compétiteurs de taille, la Turquie et le Portugal. Ce sont eux nos véritables challengers dans le nouveau contexte économique», étaye notre interlocuteur. Dans cette nouvelle donne, l'offre marocaine devrait avoir dans sa ligne de mire l'évolution de ces deux marchés concurrents. Outre le textile, l'agroalimentaire est l'un des secteurs qui séduit l'investisseur espagnol à la recherche de nouveaux débouchés sous nos cieux. «Nous jouissons d'une grande estime de la part des entrepreneurs espagnols et cette tendance devrait se consolider durant les prochains mois. L'entrepreneur espagnol est à la recherche d'une opportunité d'affaires solide et fiable. Et le Maroc se positionne comme la première option sur sa liste», confie notre spécialiste. De surcroît, le Maroc a le vent en sa faveur. Le climat d'incertitude politique qui règne en Espagne en ce moment et les tergiversations du gouvernement de coalition au niveau des décisions économiques et sociales ont fini par affecter le moral des opérateurs économiques ibériques. Ces points seront des atouts pour le Maroc en termes d'attraits des capitaux espagnols. Enfin, la crise économique qui se profile en Espagne serait également une occasion à saisir pour le royaume, pour séduire le capital espagnol. Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Eco