L'Association des portés disparus du Polisario vient de saisir le ministre espagnol de la Justice au sujet des crimes des séparatistes. Un dossier complet a été remis aux autorités espagnoles. L'Association des portés disparus du Polisario (ADAP) a franchi le pas en saisissant le ministère espagnol de la Justice au sujet de crimes et violations des droits de l'Homme perpétrés par le Polisario depuis plusieurs décennies et dont les auteurs, connus, n'ont jamais été inquiétés. Dahi Aguay, président de l'ADAP et victime des pratiques inhumaines des séparatistes, a ainsi pu remettre, mardi 19 décembre lors d'une audience, une lettre et un dossier complet sur le sujet à Juan Fernando Lopez Aguilar, ministre espagnol de la Justice. Selon l'ADAP, ce dossier dresse un listing non exhaustif des crimes commis par les séparatistes depuis 1974 sur les territoires du Sahara ou dans les camps et geôles de Tindouf : assassinats, disparitions, tortures et autres pratiques inhumaines et dégradantes. Ce dossier ne se limite toutefois pas aux seuls Marocains ayant eu à subir les exactions du Polisario, mais aussi des citoyens espagnols tombés entre les mains des séparatistes. La justice espagnole est ainsi appelée à se saisir de ce dossier pour décider des dispositions à prendre surtout que des responsables des exactions en question n'ont jamais été inquiétés et que certains d'entre eux ont même été affectés à des postes de responsabilité comme c'est le cas pour Brahim Ghali, représentant du Polisario à Madrid, mais aussi Ahmed Boukhari, représentant des séparatistes à l'ONU. Selon une source à l'ADAP, la lettre et le dossier adressés à la justice espagnole ne font pas office de plainte. Une telle procédure est plutôt du ressort de l'Audience nationale espagnole qui fait fonction de Cour suprême. Toutefois, ajoute la même source, des plaintes en bonne et due forme ne sont pas à exclure. L'ADAP n'est pas la seule ONG regroupant les victimes ou proches des victimes du Polisario qui compte initier des poursuites contre les tortionnaires de Tindouf. Parmi elles figure une association canarienne des victimes du terrorisme dirigée par la fille de l'une des victimes du Polisario. La famille de Francisco Jimenez sera d'ailleurs indemnisée (96.000 euros) pour les préjudices subis par ce dernier, mort récemment, et qui travaillait à "Phosboucraâ". Début octobre 2006, un rapport indépendant a été remis à la quatrième commission de l'ONU sur les crimes du Polisario. Ce rapport, basé sur un travail de terrain effectué en Espagne et au Maroc, s'intéresse notamment aux arrestations arbitraires et parfois motivées par des prétextes fallacieux. En effet, plusieurs témoins cités dans ce rapport d'une trentaine de pages affirment avoir été incarcérés et torturés pendant des années après avoir été accusés d'être des "agents marocains", voire des "agents français ou espagnols". Pour étayer ses conclusions, ce rapport cite les quatre plus grandes vagues de répression de 1974, 1978 et 1982 avec, toutefois, un focus sur les derniers événements survenus dans les camps après l'arrestation d'un membre de la tribu des Ayaycha. Cette commission d'enquête serait sur le point de finir l'élaboration d'une liste de 35 tortionnaires cités par les témoins et qui occupent aujourd'hui des postes de responsabilité aussi bien en Europe (Espagne, Portugal et Italie) qu'en Amérique Latine (Argentine notamment).