Le Maroc demande à l'Espagne un appui dans différents domaines en échange de son aide dans la lutte contre l'immigration clandestine. Sur le front migratoire, le Maroc joue la carte du donnant-donnant. Le royaume a en effet transmis aux autorités espagnoles une liste de réclamations en échange d'un renforcement du contrôle aux frontières, indique El País. En plus d'une enveloppe budgétaire de 140 millions d'euros promise par l'Union européenne (UE) au Maroc et à l'Espagne pour freiner les flux migratoires, le pays réclame auprès de son voisin espagnol un appui pour former des travailleurs dans des secteurs clés comme le tourisme et la santé. Le Maroc demande également un programme permettant à ses étudiants de poursuivre leur cursus universitaire en Espagne, et l'élaboration d'un plan d'action pour neutraliser les messages invitant de potentiels candidats à l'immigration clandestine à traverser la Méditerranée. Sur le volet universitaire, la demande formulée par Rabat avait déjà été abordée lors de la première visite officielle de Pedro Sánchez au Maroc, lundi 19 novembre. A son homologue marocain Saâdeddine El Othmani, le chef du gouvernement espagnol avait annoncé que son gouvernement étudierait une possible augmentation des bourses accordées aux étudiants marocains en Espagne. Des demandes qui devraient être défendues par l'Espagne L'une des initiatives que l'Espagne entend financer au travers de l'UE – «mais à laquelle elle s'engage à participer activement», précise El País – est la formation du personnel dans des secteurs tels que l'hôtellerie et le tourisme, éléments clés de l'économie marocaine. Le gouvernement espagnol propose ainsi que l'UE verse les fonds et que l'Espagne soit chargée d'envoyer au Maroc un personnel espagnol dédié à la formation de professionnels marocains. Le Maroc sollicite également les compétences espagnoles dans le domaine de la santé, notamment en soins infirmiers. L'objectif, expliquent des sources internes aux négociations, est que ces programmes de formation aient un impact sur le développement économique et social du pays. Parmi les initiatives convenues figure également une sorte de programme Erasmus. L'idée est que les étudiants marocains qui terminent l'université puissent se rendre en Espagne pour y suivre des études de troisième cycle, puis rentrer dans leur pays avec l'expérience d'un séjour académique à l'étranger. Des demandes qui devraient être défendues par les autorités espagnoles, conscientes que la collaboration du Maroc est essentielle pour atténuer la pression migratoire. «Le Maroc n'a aucune excuse pour ne pas collaborer», a déclaré Consuelo Rumí, secrétaire d'Etat aux Migrations, en décembre dernier. Pour rappel, la route migratoire méditerranéenne vers l'Espagne a été la plus active cette année, représentant plus de la moitié de toutes les entrées irrégulières à travers les frontières en Europe, d'après l'agence Frontex. Le Maroc est la nationalité la plus représentée, devant la Guinée et le Mali. Au 23 décembre 2018, 21% des entrées clandestines ont été effectuées par des Marocains, contre 20,8% pour les Guinéens et 16,1% pour les Maliens.