L'association espagnole Alianza por la Solidaridad (APS) a présenté ce samedi à Marrakech son rapport sur les discours des femmes migrantes au Maroc. L'occasion aussi pour la Plateforme nationale de protection des migrants (PNPM) de se pencher sur l'identification des migrants décédés en Méditerranée pour qu'ils ne soient plus enterrés de façon anonyme. La Plateforme nationale de protection des migrants (PNPM) et l'ONG internationale Act!onaid et l'association espagnole Alianza por la Solidaridad (APS) ont organisé samedi à Marrakech un événement parallèle dans le cadre de la semaine marocaine des migrations. Un événement à la veille de la signature, à Marrakech, du Pacte mondiale pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Intitulé «L'accès des migrants aux droits dans les pays d'origine, de transit et de destination», la table ronde a couvert trois régions, à savoir l'Afrique de l'Ouest, le Maghreb et Europe. Ses organisateurs ont présenté et débattu des questions liées à la migration dans les pays d'origine (Gambie), de transit (Maroc) et de destination (Italie). La chercheuse et activiste espagnole Helena Maleno, intervenant dans une vidéo, a évoqué le rapport de l'APS, axé sur les femmes migrantes au Maroc. L'ONG a, en effet, interviewé 100 femmes migrantes dans 10 villes du Maroc sur leurs voyages. «Elles ont affirmé avoir immigré en réaction à des violences dans leurs pays. Dans leurs pays d'origine, ces femmes rapportent l'image selon laquelle elles doivent se sacrifier pour la famille et l'avenir plus que les hommes», a-t-elle raconté. L'enfer des femmes migrantes au Maroc Selon le rapport de Alianza por la Solidaridad, ces femmes immigrent afin de «trouver des conditions de vie meilleures, être indépendantes ou encore construire un futur pour leurs enfants». Elles ont également mis l'accent sur les différences de traitement entre migrants réguliers et migrants clandestins. «Celles qui viennent par la voie irrégulières sont soumises à des violations graves des droits, des séquestrations, un féminicide, des viols, des agressions sexuelles, du racisme et de différents types d'exploitation», a rapporté Helena Maleno. Les participants à la table ronde sur «L'accès des migrants aux droits dans les pays d'origine, de transit et de destination». / Ph. Yabiladi «Une fois au Maroc, ces migrantes sont confrontées à la réalité différente, et font état de frustration et de déception», a poursuivi la militante pour les droits des migrants. Elle a aussi évoqué les droits les plus importants, cités par les femmes migrantes au Maroc, comme le droit au travail, leur droit de vivre en famille et leur droit à la Santé. «Certaines font la mendicité, d'autres la prostitution ou des travaux domestiques mais leurs conditions ne sont pas bonnes. Elles font état de discrimination et de racisme, les mêmes qu'elles avaient subis dans leurs pays d'origine.» Helena Maleno Les défis d'identification des migrants décédés Pour sa part, le responsable de plaidoyer et coordinateur du PNPM, Younous Arbaoui a évoqué l'identification des migrants décédés en Méditerranée pour permettre à ces personnes un enterrement digne. Il a mis en exergue la «volonté des autorités pour identifier», estimant nécessaire de «réfléchir comment on peut améliorer le taux d'identification». Il a passé en revue les différentes méthodes d'identification de ces migrants et leurs insuffisances, comme «l'identification facile non suffisante», «le défi pour trouver des empreintes ante mortem» ou encore «les analyses ADN». Il a recommandé à cet égard de favoriser un accès à la santé sans pour autant être un migrant régulier. «De plus, il faut aussi élargir les recherches pour inclure aussi les bases de données des centres hospitaliers marocains». Younouss Arbaoui a rappelé la capacité limitée des morgues au nord du Maroc, rappelant que la pratique des autopsies, qui «se font toujours selon les témoignages», n'aide pas non plus à augmenter le taux d'identification des migrants décédés. Enfin, il a recommandé l'introduction d'une Commission médico-légale au sein de l'Observatoire africain de la migration et la création d'une base de données des morts aux frontières maritimes marocaines. La table ronde a été marquée par l'intervention du conseiller de plaidoyer de Act!onaid pour l'Afrique, Buba Khan qui a rappelé les facteurs de migrants en général et le cas de la Gambie. Pour sa part, Roberto Sensi, de Act!onAid Italie, a exposé la situation des migrants à Lampedusa en Italie, dénonçant au passage les mesures prises par les autorités italiennes et les violations des droits de migrants dans certains pays d'accueil. Droits des migrants et Pacte mondiale Cet événement parallèle s'est inspiré des quatre objectifs du Pacte mondiale pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Ainsi, l'objectif 2 du Pacte, évoquant la «minimisation des conducteurs indésirables» dans les pays d'origine, rappelle le cas de la Gambie. Celui portant le numéro 8 et évoquant les «efforts concernant les migrants disparus» rappelle l'identification les migrants morts le long des frontières maritimes marocaines. Les organisateur ont profité de l'objectif 16 du Pacte, appelant à «autonomiser les migrants et les sociétés» pour analyser la situation des femmes migrantes au Maroc. Enfin, l'objectif 17, visant à «éliminer toutes les formes de discrimination» a été également abordé, en mettant l'accent sur la situation dans le sud de l'Italie.